Ces derniers temps ont été durs pour Moudenc et son satrape du Mirail, Cognard. Le projet de démolition rencontre une opposition qu’ils n’avaient pas vu venir. La promesse de « changer les têtes » à la Reynerie et les grands plans de destructions ont pu avoir un certain succès entre deux petits fours, mais une ligne rouge a été franchie et la situation a évolué.
Tout d’abord le meurtre de Bilal en janvier par la police, aussitôt étouffé pour que personne ne le sache et que rien ne bouge. Les « pacificateurs » et autres médiateurs ont réussi à garder le calme au quartier oui, mais au prix d’une rage souterraine décuplée. Car le harcèlement policier est continu, les mères de familles ont peur pour leurs enfants qui subissent insultes menaces, voire attouchements de policiers au pretexte de fouilles humiliantes. Les anciens ne sont pas plus tranquilles, la sauvagerie policière et son arriération mentale, c’est à dire ses conceptions racistes qui ne sont absolument pas dissimulées, posent un vrai problème pour les habitants, pour leur sécurité et pour leur tranquillité.
Au deuxième jour de Ramadan la police a gazé le marché sauvage sur la place Abbal et s’est livré au pillage des étals, les réduisants à de vulgaires bandits. Vous avez entendu parler de cette fameuse police républicaine qu’on ne doit pas critiquer parce qu’elle mène un travail difficile ? Et le besoin de se procurer des marchandises, la sacro sainte libre entreprise, les besoins du marché dont on nous rebat les oreilles, tout cela s’arrête aux portes des quartiers populaires et permet de comprendre la vérité sur les lois du marché: ce n’est pas pour les pauvres. Les commerçants installés sur la dalle Abbal menacée par la destruction l’ont bien compris, ils sont chassés pour permettre à de nouveaux commerces venus de l’extérieur du quartier d’ouvrir, la mairie est allée jusqu’à les insulter en leur proposant un euro symbolique pour la ruine de leur commerce. Et quel symbole !
Quant aux associations de la dalle Abbal, elles ont été si bien « managées » qu’elles sont laissées dans la confusion la plus totale avec pour seule certitude de perdre leur local. Avec leur départ c’est la Reynerie qui perd un tissu associatif riche et vivant qui mène un travail d’utilité publique, un refuge pour les solidarités, les artistes et bricoleurs qui disparait. À telle association la mairie promet subvention, local pas cher, pourvu qu’elle devienne un territoire mandataire du maire, à telle autre un local à 100 euros le mètre carré… La solution est pourtant simple, sans destruction toutes les associations ont déjà un local au coeur du quartier et le problème est réglé. Telle association reçoit l’instruction de partir pour le 22 mai, telle autre pour le 10 juin, et ainsi de suite. Tout ce manège n’a qu’un but: désorganiser et dissoudre les liens entres les associations pour faciliter leur expulsion, dans le cadre plus large de destruction du Mirail. Un projet de destruction déjà avancé qui n’est pas seulement un crève coeur absurde mais qui est strictement inacceptable pour les habitants, commerçants et associations inclus.
C’est ce qui a conduit à l’occupation de l’Atelier B, une partie des locaux de la dalle Abbal, contre sa destruction, et moins de deux jours plus tard à une explusion brutale. Alors qu’un contre-projet a été monté par les habitants organisés dans le CPES, Moudenc et son valet Cognard, maire de quartier que personne n’a élu, s’obstinent à faire la sourde oreille. La terreur qui commence à les gagner face à cette montée en force de la contestation a entraîné la mobilisation d’équipes de police et de la BAC de plusieurs villes, le déploiement d’une douzaine de cars de CRS, et le placement en garde à vue de 9 personnes. Tout cela pour tenter de mettre fin à cette situation très gênante pour leurs projets. Bien loin d’avoir réglé leur problème, cela l’a attisé d’autant plus, car les placés en garde à vue sont ressortis avec plus de détermination encore.
Moudenc sioniste notoire, s’est invité de lui même à la mosquée de Basso Cambo, entrant avec ses chaussures sans aucun respect. Une manière originale de chercher l’adhésion pour sa campagne électorale. Ce génie politique ne s’est pas arrêté là, il s’est invité de nouveau à la dalle Abbal pour l’iftar, une bérézina. Il a envoyé son satrape Cognard qui a été reçu par les habitants mobilisés pour dénoncer le projet de destruction et sa visite, lui même s’est bien gardé de faire le déplacement et a envoyé son valet au casse pipe. L’association contrainte de le recevoir a été désertée par ses membres, c’est à moins d’une dizaine et enfermés à clés, rideaux baissés qu’ils ont « fêté » l’iftar avec Cognard, une fête marquée par le départ d’un des rares membres de l’association qui a refusé la présence du maire de quartier. Avant qu’il ne se réfugie à l’intérieur du bâtiment Cognard a été interpellé par les habitants mobilisés, il a connu ce que connaissent les habitants du quartier sous occupation policière: la peur. À ce sujet une vidéo a été publiée par le CPES et montre l’état d’esprit qui règne au Mirail, personne ne va se laisser faire. Il n’y a plus un seul événement organisé par la mairie dans le quartier sans que Cognard ne se fasse interpeller par des habitants.
Désormais la situation au Mirail est claire, limpide, et est un exemple du grand retour de la lutte déterminée des masses qui s’organisent. Dans tout le pays les quartiers sont en première ligne face aux attaques anti-peuple, et en conséquence c’est là que la résistance s’organise, c’est là que se trouve le pivot entre deux époques. L’ancienne, celle de la désorganisation, du défaitisme, des promesses sans lendemains, des coups d’éclats sans suite. Et la nouvelle qui voit la rancoeur se cristalliser en volonté d’action combative unitaire et structurée. Au travers des CPES le poing qui se dresse porte en lui les décennies de ravages des quartiers, de meurtres policiers, d’acharnement raciste et d’injures. Les CPES montrent que l’heure est venue de mettre fin à la dispersion et de franchir les lignes.