Dans la santé aussi, l’Etat français prépare la guerre

Les 22 et 23 mai 2025 se tenaient les journées Veille et Sécurité Sanitaire (VSS), à Paris. C’est au cours de celles-ci que la Direction Générale de la Santé (DGS), branche du ministère de la santé, a dévoilé les grands axes de la feuille de route VSS 2026-2028, cadre stratégique pour l’organisation du système de santé auquel sont sommées de contribuer les Agences Régionales de Santé (ARS).
Parmi ces axes, on retrouve HEM, ou « hypothèse d’un engagement majeur ». En clair : se préparer à un conflit mondial. Cela encadre les mouvements de troupes sur le sol français, la prise en charge par les hôpitaux civils des militaires blessés alors que les hôpitaux militaires sont déplacés au front, etc.

C’est là l’aboutissement d’un impérialisme en crise, tiraillé par les tensions entre les pays impérialistes, la réactionnarisation et la nécessité de renforcer son occupation coloniale. Alors que cette préparation ne semblait jusque là toucher que l’armée et son ministère de la défense, voilà qu’elle infecte désormais aussi la santé. Car il est impossible de mener une guerre contemporaine à haute intensité sans la mobilisation totale de l’appareil productif. Dans les pays impérialistes, une branche de l’économie civile qui est relativement développée et qui pourrait être militarisée et mise au service de l’effort de guerre, c’est la santé. Précisément en France, où rien que les infirmiers et les médecins sont atteignent presque le million de personnes (actives, sans compter les retraités), il y a un déséquilibre monumental quand tout le service de santé des armées n’a « que » 14 700 membres. Pendant la seconde guerre mondiale, au cours de la désastreuse opération de 1940, puis ensuite en exil à Londres, l’armée française comptait tout de même jusqu’à 20 000 médecins, 4 000 pharmaciens et 100 000 infirmiers, avec une population bien moins nombreuse. Il est donc clair que dans ces professions, comme expérimenté au moment du COVID, les réquisitions et mobilisations sont attendues. Et elles ne s’accompagneront pas toujours comme en 2020 de, pour les plus chanceux des primes, et pour les autres des casseroles aux fenêtres le soir à 20h. Cette fois-ci, ça sera les coups de canon et les ordres de la hiérarchie militaire.

Et qui essuiera les pots cassés d’une santé tournée vers l’effort de guerre ? Comme toujours : les prolétaires, les précaires, les handicapés. Tandis que de moins en moins de moyens sont attribués à la santé du peuple, que les lits d’hospitalisation ferment, que les zones rurales sont désertées, que chacun peine à trouver un médecin traitant, le cap est clairement annoncé : le peuple passera après l’armée, le peuple passera après la défense des intérêts de la bourgeoisie. Tout ça se développe alors que les possibilités d’épidémie touchant massivement les masses sont démultipliées en période de guerre, comme la grippe espagnole l’avait prouvé. Et les problèmes de santé publique existant déjà aujourd’hui ne seront pas réglés, c’est ainsi que rien que sur la recherche sur le cancer, le gouvernement avait essayé en janvier de raboter plusieurs millions d’euros sur les cancers pédiatriques, avant de se rétracter devant l’infâmie de faire des économies sur des enfants malades.

La santé, l’éducation, le transport, tout ce qui a été appelé « service public » depuis 1945, est en phase de connaître le même processus où la bourgeoisie restructure son appareil, se débarrasse de ce qui est inutile à sa vision étriquée et agit pour corporatiser l’ensemble de la société (la médecine vers le militaire, l’éducation vers la police…) de haut en bas afin d’être certain de pouvoir aligner des divisions sur le futur champ de bataille sans que la société ne se délite. C’est leur défi pour les prochaines années, il doit nous convaincre de tout organiser pour conjurer leur plan sanglant.

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