Cela fait des mois que le collectif combat hébergement 93 lutte avec détermination pour faire loger des dizaines de mères isolées avec leurs enfants.
Comme nous l’avons rapporté dans un précédent article retraçant le développement de différentes luttes à Saint-Denis, ce collectif à dans un premier temps occupé le hall de l’hôpital de la Fontaine avant d’en être expulsé.
Les mères isolées se sont ensuite tournées vers la bourse du travail puis un gymnase de la ville et enfin un squat à Porte de Paris pour subir encore des expulsions violentes.
Ces occupations ont été accompagnés de trahisons constantes de la mairie et des « pouvoirs publics » promettant des solutions d’hébergements et d’aides sociale qui se sont révélées n’être qu’arnaque sur arnaque.
En l’absence de solution viable, les mamans du comité se sont tournées vers l’Université Paris 8 en lançant une occupation d’une partie d’un bâtiment.
La réaction de la présidence de l’Université ne s’est pas faite attendre : la fac a été immédiatement fermée administrativement et cela en pleine période de partiels.
Dans un mail teinté d’escroquerie, le tout nouveau président de la fac Arnaud Laimé explique que cette fermeture a lieu pour pouvoir « venir en aide à ces familles en détresse » et que la fac s’engage à tout faire pour pouvoir accompagner les mères isolées…
Cette tactique avait pour objectif de couper les familles de leurs soutiens qui n’ont pas pu avoir accès à la fac pour apporter des vivres. En fait ce grand humaniste qui est à la tête de Paris 8 a organisé un véritable siège en enfermant les familles dans la fac et en les coupant de l’extérieur.
Un rassemblement a été organisé devant la fac le vendredi 9 Mai à 12h où de nombreuses prises de paroles des différentes organisations et collectifs de l’université ont eu lieu.
Quel fût la surprise des étudiants lorsque le lendemain la police expulsa à 7h du matin les mères et leurs enfants de l’université ! La présidence avait appelé la police et expliqué aux familles que l’université « était un endroit dangereux où il y avait des trafics de drogue »
Le double voire triple discours est une habitude ancestrale chez ces grands bourgeois de « gauche ». Arnaud Laimé a pris la présidence de l’université quatre jours avant l’expulsion des mamans de Paris 8 et il est (quelle surprise !) très proche du maire PS de Saint-Denis Mathieu Hanotin dont les méfaits sont régulièrement rapportés dans notre journal.
Son cabinet est également bien connu pour être composé de parasites notoires dont Kamel Aoudjedane élu PS à la mairie, responsable de la Maison des Etudiants de la fac et qui occupe des responsabilités de bureaucrate depuis 30 ans.
Une militante de la CGT-FERC a également rapporté à la Cause du Peuple que Laimé avait touché une prime de 40 000 euros pour sa promotion à la tête de la fac et qu’il touchait 5 000 euros net par mois, alors que la direction explique quotidiennement que la fac n’a pas de moyens et qu’il faut faire des coupes budgétaires.
Les étudiants ayant appris la nouvelle des expulsions ont exprimé leurs juste colère ce lundi 12 Mai se rassemblant à 12h30 à plus d’une centaine dans la fac, et cela malgré la fin de la plupart des partiels, en rassemblant des syndicalistes, des militants révolutionnaires, autonomes et de simples étudiants.
Les représentants du comité combat hébergement 93 prennent la parole expliquant la situation, rappelant que les familles expulsées ont eu le droit à trois nuits d’hôtel social et que désormais elles étaient livrées à elles-mêmes avec des enfants en bas-âge alors que la nuit précédente avait été marqué par un important orage.
Une activiste de la Fédération Syndicale Etudiante a ensuite appelé à se rendre à la présidence de la fac pour obtenir des comptes.
Cette masse s’est donc élancée vers la présidence au rythme de slogans combattifs lancés par la FSE, le collectif combat hébergement mais aussi des militants de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire.
Arnaud Laimé est désormais surnommé Malaimé et les slogans sont sans appel : « Malaimé casse toi Paris 8 n’est pas à toi ! ». Arrivés en masse dans la présidence, la colère explose, Diane Brossard membre du cabinet de la présidence qui a été envoyée pour discuter avec les étudiants est accueillie par ces derniers qui crient en cœur « collabo ! collabo ! collabo ! ».
La « négociatrice » est accueillie par des jets de boulettes de papier, les slogans continuent et c’est la débandade chez les membres de la présidence. Certains fondent en larmes, d’autres pétris de peur face au fait d’assumer leurs responsabilités s’enferment dans les bureaux.
Ils réclament une délégation d’étudiants pour négocier, quelle blague ! Les étudiants ne sont pas venus ici pour négocier, mais pour rendre coup pour coup à cette infâme présidence.
Alors que la colère des étudiants atteint son paroxysme, plusieurs personnes s’emparent d’extincteurs et enfoncent la porte du cabinet de la présidence : s’ensuit un saccage en règle de la présidence, Arnaud Laimé s’enferme in extrémis dans son bureau protégé par une vitre renforcée où il a vécu sans doute les minutes les plus longues de sa vie par peur de devoir assumer les conséquences de ses actes.
Les organisations trotskistes qui organisent tout au long de l’année des formations sur le grand Lénine, qui parlent de Révolution Socialiste, et qui prétendent même être le Parti du Prolétariat sont restés sidérés, inactifs, sur le côté. Ils tremblent face à l’expression la plus minime de ce qu’est la révolution, l’expression du changement et de la lutte des classes : la violence révolutionnaire.
Les étudiants satisfaits de leurs actions se sont repliés en bon ordre en scandant des slogans : « mère isolées, enfants expulsés : On à raison de se révolter ! ». Tout le monde s’est ensuite mis à la tâche produisant des affiches dénonçant les agissements de la présidence, réalisant des graffitis etc.
Le lendemain mardi 13 Mai, les étudiants se sont à nouveau rassemblés pour aller porter deux revendications : 1) la mise en place de solutions d’hébergement pour les familles du comité hébergement 93. 2) la démission d’Arnaud l’Aimé et de son cabinet.
Alors que les étudiants se sont regroupés pour intervenir lors d’une réunion dans les conseils centraux de la fac de nouveaux affrontements ont éclatés, la sécurité qui s’était massée près de la présidence a appelé la police et pas moins de sept voitures sont arrivées et sont rentrées dans la fac (une première depuis 2018).
Les flics armés de LBD et de lanceurs cougars ont tazé et arrêté des étudiants, appuyés par des équipes de la BAC. Ils ont commencé à traquer les militants tentant d’arrêter les dirigeants et étudiants ayant participé à ce qui finalement constitue un soulèvement de l’université.
Des élus du Poing Levé, avatar de l’organisation trotsksiste Révolution Permanente sont restés les bras croisés côte à côte avec l’administration durant les opérations de police dévoilant une nouvelle fois leur opportunisme. Les étudiants de Paris 8 ont frappé un grand coup en se liant avec les mères isolées à la rue de Saint-Denis, cette jeunesse s’est mise au service du peuple et a transformé son indignation en une action combattive, organisée et déterminée.!