Le meurtre barbare du jeune Malien Aboubakar dans une mosquée, alors qu’il priait, est venu rappeler, s’il le fallait encore, que toute la politique islamophobe, déversée par les politiques et les médias depuis des années, est éminemment criminelle.
Nous devons bien entendu dénoncer tout cela mais plus encore, nous devons aller au fond des choses pour comprendre quel chemin nous devons emprunter pour régler à jamais ce problème.
La politique, les idées politiques, les idées en général, les médias, sont le reflet de la structure économique du pays et de la classe sociale qui le dirige. Le comprendre est nécessaire pour saisir le fond de l’affaire. L’acharnement contre les Français (ou immigrés) musulmans vise un but politique qui trouve ses racines dans la situation même de la structure économique de la France, qui est l’impérialisme. Cela signifie que toute la société, l’État, les médias, la culture (donc notre façon de penser), absolument tout est dominé et contrôlé par les monopolistes, c’est-à-dire la grande bourgeoisie possédant les grandes entreprises nationales, appelées à tort multinationales. Toute la politique du pays se décide au sein de la bourgeoisie du CAC 40. L’État n’est pas neutre dans ce jeu : il est au service, comme tout État, de la classe dominant la société. L’État donc est au service de ces monopoles, qui imposent une véritable dictature qui peut aller jusqu’au terrorisme (le fascisme) quand ils se sentent menacés. De même, Macron est au service de cette couche oligarchique, parasitaire, peu nombreuse mais extrêmement puissante par son pouvoir : l’argent.
Ces monopoles tirent leurs richesses de l’exportation de capitaux et de l’exploitation des peuples opprimés et des matières premières se trouvant principalement dans le tiers-monde. Cela signifie que la politique de cette bourgeoisie oligarchique n’influence pas seulement la France, mais tous les pays où elle a des intérêts. C’est le sens de la fameuse Françafrique. Le résultat de ce pillage, organisé à une échelle sans commune mesure dans l’Histoire, est le déplacement forcé (car non voulu) des populations des pays soumis à l’impérialisme français et aux autres puissances impérialistes. L’impérialisme empêche les pays du tiers-monde de se développer et pousse les masses populaires, plongées dans l’extrême misère (ou dans l’impossibilité de se développer), à émigrer. C’est une des bases (les premières vagues étant le besoin de main d’œuvre) des différentes vagues d’immigrations consécutives qu’a connu la France, et notamment de l’apparition de l’islam comme religion d’une partie des classes populaires de France.
Comme tout le monde le sait, la France est en crise ; en fait, ce sont les monopoles français qui sont en crise, et en général l’impérialisme dans le monde. Cette crise, d’une profondeur jamais vue dans l’Histoire de l’Humanité, pousse chaque puissance impérialiste à tenter de gagner des nouvelles parts de marché sur les autres. Cela crée une tendance à la guerre entre puissances concurrentes, et principalement des conflits partout dans le monde où ces puissances ont des intérêts concurrents. Toutes les guerres en Afrique, au Moyen-Orient, et même la situation particulière de la Palestine, ont comme base l’oppression des pays du tiers-monde par les impérialistes, ainsi que les batailles des impérialistes entre eux. La toute puissance des USA des années 90, avec ses « alliés-laquais » (OTAN, Japon, etc.), est menacée par le développement impérialiste de la Chine aujourd’hui.
Faut-il voir une coïncidence entre la première affaire dite du « foulard » à Creil, qui a marqué le début de l’offensive contre les musulmans, en octobre 1989 et la première guerre du Golf en août 1990, qui a vu la France attaquer un de ses « amis », l’Irak ? Assurément non !
Le développement de l’islamophobie vise trois choses, très claires, et intimement liées :
1. Rendre « barbares » des populations que l’impérialisme français soumet et massacre (si nécessaire) pour continuer à générer un surprofit en Afrique et au Moyen-Orient. En effet, il est plus simple de légitimer l’extermination de populations qui sont rabaissées au rang de « non civilisées », voire de sous-hommes, que des populations que nous considérons comme nos égaux. À titre d’exemple, toute la propagande de « barbarisation » des Russes vise aussi à en faire des sous-hommes (tout comme font les Russes avec les Ukrainiens, car les impérialistes Russes sont quant à eux les réels barbares). La propagande abjecte en France depuis le 7 octobre vise uniquement à « barbariser » les Palestiniens pour légitimer la politique génocidaire sioniste. Les impérialistes sont et seront toujours les seuls vrais barbares qu’il faut balayer de la surface de la terre.
2. Diviser le prolétariat et les classes populaires pour tenter de conjurer la révolution socialiste en France, qui est l’unique sens de l’Histoire. La crise de l’impérialisme se répercute directement chez nous, le pays est dans une crise historique profonde qui ouvre la possibilité révolutionnaire de renversement de la dictature des monopoles à laquelle nous sommes tous soumis. Tout le chaos dans le pays, à tous les niveaux, est le fait directement de l’action de cette couche de parasites ; leur fin signifie notre liberté, et au fond tout le monde le sait. La grande bourgeoisie aussi le sait mieux que quiconque : elle connaît la situation française et elle connaît les tendances révolutionnaires du peuple. Depuis 1917, tout le monde sait qu’une révolution prolétarienne est possible. Sa politique vise donc à conjurer cette possibilité en divisant les classes populaires, pour rendre toute politique révolutionnaire inopérante. Tout le monde a en tête décembre 2018, où « le peuple » attendait le triangle magique : Gilets jaunes, CGT, quartiers populaires… Nous pouvons imaginer réciproquement que tous les parasites de France (bourgeois monopolistes, banquiers, boursicoteurs, politicards achetés, Généraux, juges et flics pourris, mafieux) devaient trembler dans leurs redingotes face à cette possibilité. La classe ouvrière n’ayant pas développé son Parti révolutionnaire, cette possibilité ne pouvait arriver.
3. La division entraîne l’impuissance des masses, et sert à la mobilisation réactionnaire masses contre masses pour les entraîner dans une politique chauvine de guerre de pillage. Elle tente de détourner les masses et principalement le prolétariat des vrais problèmes (à savoir : comment en finir avec les parasites, la grande bourgeoisie et ses laquais) pour les amener vers un chemin qui va contre leurs intérêts. Dans ce jeu sordide, l’islamophobie a remplacé l’antisémitisme. Elle sert de mobilisateur pour aveugler. Maintenant, avec l’accélération de la tendance à la guerre impérialiste, le chauvinisme guerrier va inonder tout le pays. L’islamophobie sert les politiciens opportunistes pour arriver à la gestion de l’État. Il y a quelque chose d’extrêmement cynique, de manipulateur chez la grande bourgeoisie, car, en vérité, ils ne veulent pas que cesse l’immigration. Elle fournit une main d’œuvre pas chère en créant une situation de trop plein de bras, et donc entraîne les salaires en tension vers le bas. De plus, la nécessité de pouvoir mener la guerre impérialiste fait qu’ils auront besoin de chair à canon.
La réponse à tout cela doit nous faire prémunir des pièges que nous tend la bourgeoisie. Toute la politique réactionnaire vise à la corporatisation de la société, dont le communautarisme est un aspect. Les politiques les plus réactionnaires visent à une « communautarisation » des masses populaires blanches – ouvriers, employés, petite-bourgeoisie – contre la « communauté » musulmane mais plus largement contre tout ce qui est d’origine extra-européen. Le corporatisme, c’est faire penser aux prolétaires blancs qu’ils ont un intérêt commun avec leur exploiteur, la bourgeoisie impérialiste. Face à cela le piège est donc que la communauté musulmane se communautarise, se replie sur elle-même et se retrouve isolée, de même que la corporatisation des classes populaires « blanches » bloque toute possibilité d’émancipation. Le RN vise ouvertement cela par exemple, « les Français » – sous entendu les blancs – auraient comme principal problème l’immigration ancienne ou nouvelle. Mais globalement c’est tous les partis du Parlement qui marchent dans le même chemin, de manière plus ou moins consciente. La France Insoumise, en disant qu’il faudrait abandonner les « prolos blancs » (car apparemment irrattrapables) et se concentrer sur les quartiers populaires (sous entendu les musulmans) crée la même situation.
La clé de ce piège tendu par la grande bourgeoisie pour continuer à dominer le pays (et à piller le reste du monde) est l’unique question de la lutte des classes. Toute politique, qui se veut émancipatrice, doit partir de ce postulat :
Le seul problème qui existe en France est entre la grande bourgeoisie monopoliste principalement, mais aussi des strates moins importantes de la bourgeoisie et toutes leurs petites mains ; et le prolétariat et les classes populaires. Si nous supprimons cette grille de lecture, ou si nous la mettons en second, alors nous ne pouvons pas comprendre le fond de l’affaire. La façon marxiste de comprendre et concevoir le monde et l’histoire permet de ne pas tomber dans tous les pièges tendus par la bourgeoisie. Comme marxistes, nous regardons en premier, et nous en faisons la clé de voûte de toute politique, à quelle classe appartient telles idées, telles positions, tels groupes de personnes. En un mot, nous nous posons la question si nous avons affaire à une conception de la classe dominante – « des riches », des possesseurs des moyens de production (usines), des banques – ou du prolétariat, classe productrice de toute la richesse sociale. Cela signifie que cette question fait fi de la couleur de peau, de la religion, de la culture, etc. Bien entendu, le marxisme ne nie pas des questions centrales comme le patriarcat, le racisme (l’islamophobie), ou toute autre idée réactionnaire, mais il permet d’analyser tout cela avec le prisme de la lutte des classes.
Nous disons bien « lutte des classes » et non juste « classe », car s’il y a lutte cela signifie qu’il y a forcément une résolution à celle-ci.
Engels a très bien exprimé ce problème en disant que la politique, c’est la friction provoquée entre les deux classes antagoniques de la société ; basiquement bourgeoisie-prolétariat. Si nous voulons faire de la politique, alors nous devons nous projeter assez loin pour porter une résolution à ce conflit dont tout découle. La résolution de cet antagonisme s’incarne dans la question du pouvoir. Qui détient le pouvoir, pour qui ? Aujourd’hui c’est la bourgeoisie ; donc si nous parlons de pouvoir, nous devons proposer comme unique solution le pouvoir pour le prolétariat, car s’est lui qui produit toute la richesse, tandis que la bourgeoisie exproprie la majorité du fruit du travail de la majorité de la société. De là découlent d’autres problèmes, et notamment comment conquérir le pouvoir. Le pouvoir n’est pas une vue de l’esprit mais un moyen d’exproprier les grandes entreprises, les banques, de fermer la Bourse, de nationaliser le commerce extérieur, de lutter contre toute les formes d’arriérations en développant une éducation, une science, une nouvelle culture au service du peuple. Il y a un fait qui est central : c’est que l’immense puissance de l’argent empêche tout changement par les élections, le système électoral étant un dispositif visant à maintenir la domination des parasites. Les élections successives ne peuvent que le prouver, le taux d’abstention aussi. Il ne reste donc que l’option révolutionnaire, l’option de la révolution socialiste comme but politique immédiat, à construire bien entendu. Qu’on le veuille ou non, l’histoire nous a montré que tout ce que nous avons conquis, de notre « démocratie libérale » à la sécurité sociale, a été le fait de la lutte et principalement de la violence organisée. Sans la Bastille, pas de 1789, sans la résistance armée (1940-1945) pas de « sécurité sociale », pas de retraites, etc. Nous avons l’immense chance en France d’avoir eu le premier gouvernement ouvrier, la première démocratie prolétarienne de l’histoire, durant la glorieuse Commune de Paris (1871). Il est urgent de penser le futur, d’organiser la lutte afin de la rééditer. Pour cela, il faut nous organiser politiquement dans un Parti portant cette politique, afin d’unir le triangle magique (CGT – quartiers populaires – Gilets jaunes, en un mot la classe ouvrière et les classes populaires) et de renverser à jamais le vieil ordre pour établir la république socialiste au service du plus grand nombre.