En cette après-midi du dimanche 2 mars, vers 15h sous un beau ciel bleu, des habitants du Mirail à Toulouse installent leurs étals pour le marché. C’est le deuxième jour du ramadan, et de nombreux marchands proposent des spécialités maghrébines, de quoi rompre le jeûne comme il faut. La scène pourrait en rester là, des gens exerçant librement et simplement leur culture et leur religion, dans un esprit de communauté, loin de l’isolement généralisé qui a court dans les pays impérialistes.
Ce serait oublier que le Mirail est un des quartiers populaires de France dans les lesquels règnent une occupation policière et un état d’exception permanent. Ce serait oublier que l’islam est la religion majoritaire des masses issues de l’immigration Maghrébine et d’Afrique subsaharienne, qui composent en grande partie le prolétariat de ces quartiers et de notre pays. Cette classe, c’est celle qui a bâti de ses mains le Mirail et ses tripodes comme tant d’autres quartiers populaires, et aujourd’hui c’est elle qui l’habite et qui y lutte pour des conditions de vies dignes, c’est elle qui porte le nouveau monde. Face aux luttes du prolétariat, la bourgeoisie ne se contente pas simplement de l’attaquer dans son entièreté, elle nous divise en propageant le racisme, en écrasant culturellement nos frères et sœurs de classe issus des pays opprimés.
Ce qu’il s’est passé le 2 mars, c’est exactement cela. Alors que les commerçants s’installaient, la police, est arrivée sur la place Abbal et a attaqué gratuitement le marché en gazant la foule, en volant de la nourriture dans leur camion et en jetant une partie. Nous ne pouvons qu’applaudir les personnes présentes qui, solidaires, se sont massées et les ont fait reculer. Comme le dit le communiqué du CPES (Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité) du Mirail « Le message est clair: aucune intimidation policière ne fait peur aux habitants du Mirail. Nous opposerons la résistance à chaque agression. Notre quartier, notre classe n’oublie rien, aucun crimes, aucune violence, aucune injustice. ». Le jour même les habitants organisés dans le CPES ont répondu présents. Ils se sont mêlés aux commerçants du marché et ont diffusé le communiqué.
Il est difficile de s’imaginer la police attaquer et piller gratuitement un marché du centre-ville. On pourrait s’attendre à ce genre de scène dans les campagnes et favelas du Brésil, dans lesquels la police agit comme une véritable bande de bandits. Quand nous parlons d’état d’exception il s’agit exactement de ça: dans les quartiers populaires de France, la police peut tuer impunément, comme ici même le mois dernier avec Bilal, elle peut piller, harceler, intimider, attaquer gratuitement, en prétextant (ou non) la guerre à la drogue. Dans nos quartiers, on retrouve des scènes qu’on ne verrait nulle part ailleurs dans le pays. Ce qu’il s’est passé le 2 mars, ce n’est que la répétition du harcèlement policier qui a lieu chaque année au Mirail au moment du ramadan.
Il est certain que la classe n’oublie rien. Pas un seul crime policier, pas un seul gazage, pas une seule humiliation ne sera pardonnée. L’histoire nous apprend que la classe rend coup pour coup, c’est une certitude. La Cause du Peuple se tiendra aux côtés des masses du Mirail et du CPES dans la lutte contre le harcèlement policier tant qu’il le faudra.