Le retour de Trump à la maison blanche fait l’objet de tous les commentaires des médias bourgeois, et chaque jour amène avec lui sa nouvelle déclaration du chef de l’impérialisme US ou de ses complices qui ont pris la présidence avec lui.
En France, les médias bourgeois tentent de démarquer d’un côté les précédents gouvernements ‘démocrates’, qui seraient respectables et réellement démocratiques, et de l’autre ce nouveau gouvernement de Trump qui mènerait au fascisme ou à une ‘politique impériale’ (Le Monde).
C’est un véritable travestissement de la réalité ! Trump n’est pas un accident historique, il n’est pas le président d’une autre classe que Biden. Ainsi, le commentaire de celui-ci sur le danger d’une « nouvelle oligarchie » n’est que de l’hypocrisie. Qui étaient les maîtres de Biden, sinon les grands monopoles de la finance américaine ? Si ce n’était pas le cas, son administration n’aurait pas lâché des milliers de milliards aux plus grandes entreprises américaines.
La différence entre Trump et Biden n’est pas une différence de classe, c’est une différence entre factions de la bourgeoisie qui cherchent à influencer indirectement la marche de l’État bourgeois à leur service. Après tout, les USA sont officiellement une ‘démocratie’, ainsi les nouveaux magnats de la technologie comme Musk ou Zuckerberg, tout comme les monopolistes enracinés du pétrole par exemple, ne peuvent pas prendre l’État directement, ils ont besoin d’un représentant.
Et qui de mieux que Trump pour avancer les intérêts de cette faction ultra-réactionnaire ? La bourgeoisie monopoliste des US est toute entière une classe génocidaire, unie dans l’oppression générale des peuples du Tiers-Monde, ainsi la partie qui soutient Trump va pousser les intérêts d’un impérialisme US à la tête d’un système en décomposition, avec toute l’agressivité que cela implique.
Biden, et Obama avant lui, ont aussi été les présidents des interventions militaires, des déportations de migrants (Obama en détient le record), Trump sera comme eux le porte-parole de la bourgeoisie monopoliste US, c’est-à-dire un des plus grands ennemis des peuples du monde. Pour continuer à restructurer l’État US, il utilise les « ordres exécutifs », forme US des décrets. Il développe ainsi l’absolutisme présidentiel, en prenant des mesures politiquement complexes (tarifs douaniers, suppression d’agences fédérales, politiques militaires) seulement au niveau de l’exécutif, en niant le Congrès. Ses ordres exécutifs se retrouvent en opposition avec les juges, et ainsi il développe la contradiction où sa proéminence ne peut être renforcée qu’en affaiblissant les soi-disant ‘autres pouvoirs’ de l’État. L’exécutif s’émancipe pour assurer le rôle directeur de la politique bourgeoise, une réactionnarisation encore plus rapide que lors de son premier mandat de 2016. Il avait utilisé alors 220 ordres exécutifs en 4 ans, moins que Bush ou Clinton. En quelques semaines, il en est déjà à 46. Il ne faut jamais oublier que l’utilisation massive d’ordres exécutifs est liée à la crise et la guerre : ainsi Wilson (1913-1921) pendant la 1ere Guerre Mondiale et F.D.Roosevelt (1933-1945) en sont les recordman de loin. Trump veut une restructuration express, un choc puissant qui sanctifie le pouvoir des monopoles financiers sur l’ensemble de l’appareil d’État au profit des intérêts de l’impérialisme US. Par exemple, le démantèlement de l’aide internationale (USAID) doit être compris dans le sens d’une transformation de ces dizaines de milliards d’aides vers des dépenses qui permettront une oppression plus directe des pays opprimés qui recevaient avant cette ‘aide’ via des agences locales corrompues ou des ONG qui agissent pour l’impérialisme.
Vis à vis de la politique extérieure, son agressivité ‘honnête’ est celle du loup qui prévient sa proie qu’il va la dévorer avant de le faire. Il n’utilise plus les artifices de la ‘diplomatie multi-latérale’, du respect du ‘droit international’ et les autres fictions que l’impérialisme US a développé auprès de la ‘communauté internationale’ (c’est-à-dire les puissances impérialistes d’Europe et alliées) pour autoriser et cimenter sa position de seule superpuissance à la sortie de la Guerre Froide. En 35 ans, le vernis s’est écaillé et Trump décide de dire tout haut ce que l’impérialisme US a toujours fait tout bas. Ainsi son agressivité vis à vis de territoires militairement stratégiques (Groenland, Panama) est totalement assumée. Ses plans tous récents pour Gaza et la Palestine sont ceux du génocidaire plan Abraham, qu’il avait dirigé en 2020. Par rapport au Canada et à l’UE, il souhaite soumettre les partenaires de son alliance à reconnaître la domination US sur le plan économique et militaire pour s’en servir de monnaie d’échange. Par rapport au Mexique, il continue d’exécuter le sombre plan de l’impérialisme US en place depuis des décennies pour semer le chaos afin de justifier l’occupation directe ou indirecte du pays.
La réaction de l’impérialisme français à cette nouvelle politique US ne devrait surprendre personne. Ainsi, la diplomatie française s’est prononcée pour l’envoi de soldats français au Groenland, pour la dénonciation des tarifs douaniers, pour la production en Europe d’armes pour ne pas dépendre des US dans l’armement, entre autres. Il y a un double jeu à cette politique. D’un côté, l’impérialisme français ne peut pas jouer à la grenouille qui veut être aussi grosse que le bœuf : il ne peut pas tenir face aux US, qui sont d’ailleurs un allié. Alors montrer les muscles ne sert pas directement à s’opposer aux US, mais surtout à montrer une position de leader face aux puissances d’Europe, en collusion et en concurrence avec l’impérialisme allemand qui domine au niveau de l’UE mais est entré dans une crise politique et économique. De l’autre côté, la situation de l’impérialisme français, dont la crise et la chute est bien plus précipitée que ses voisins, le conduit à une politique de va-tout, où ses représentants doivent surenchérir sur la moindre crise internationale pour grappiller la moindre miette qui servirait à conjurer sa crise intérieure et la perte relative de sa domination militaire en Afrique, avec notamment le Sahel.
De Washington à Paris, les occupants des palais présidentiels n’ont pas de plan différents : chacun veut poursuivre, jusqu’à l’explosion de la contradiction, la domination des intérêts de son propre impérialisme. Mais les plans des réactionnaires sont toujours bâtis sur des sables mouvants : leur domination n’est pas longue et le cheminement historique des masses populaires conduit à leur inévitable renversement.