Le 29 avril, l’ultra-réactionnaire Bruno Retailleau a annoncé le lancement de « procédures contradictoires » devant ammener à la dissolution de deux organisations, Urgence Palestine et la Jeune Garde. Bien que ces deux organisations ne se placent pas sur le même plan et ne sont pas attaquées pour les mêmes raisons, si nous analysons la situation à fond, nous remarquons que cela procède de la même tendance : celle de la réactionnarisation. Face à cela, l’arme de notre classe, c’est l’unité.
D’un côté, la Jeune Garde est attaquée comme « groupuscule ultra-violent ». Le crime des militants de la Jeune Garde ? Revendiquer l’opposition physique aux groupes fascistes et aux militants d’extrême droite, c’est-à-dire à ceux qui commettent de multiples exactions sans jamais être inquiétés. Rappelons que l’attaque de la Maison des passages à Lyon en novembre 2023 par 60 miliciens fascistes reste, à ce jour, toujours impunie. De nombreux autres crimes, en particulier le tabassage de nombreuses personnes musulmanes, l’incendie de mosquées, restent également impunies. Ce n’est pas sans raison que l’attaché parlementaire Ritchy Thibault, pourtant proche de LFI, a également appelé lors d’un rassemblement à « l’autodéfense populaire », ce qui a beaucoup résonné dans une fraction significative des masses des quartiers populaires.
De l’autre côté, c’est le groupe Urgence Palestine, dont le discours est celui du soutien à la lutte armée du peuple palestinien, qui est attaqué. Comme à son habitude, le ministre de l’Intérieur et la réaction attaquent le soi-disant antisémitisme des groupes pro-palestiniens. Ce faisant, ils relayent eux-mêmes une idée essentialisant les masses juives, c’est-à-dire une idée antisémite : les Juifs seraient par essence partisans de la colonisation, de l’impérialisme et du fascisme. Retailleau l’antisémite, Retailleau l’ultra réactionnaire, Retailleau l’ancien des groupes d’extrême droite : oui, c’est bien lui qui ose accuser un groupe d’antisémitisme au prétexte que celui-ci défend la lutte d’un peuple contre l’occupation de ses terres et le génocide. Difficile pour M. Retailleau de comprendre le soutien d’Urgence Palestine à la Kanaky ou encore aux luttes du peuple congolais…
La pseudo-dissolution du groupe fasciste Lyon Populaire n’est qu’un leurre. Il ne sert qu’à tenter d’entretenir un mythe. L’État serait « au-dessus des classes », réprimant « tous les extrêmes » pour maintenir la paix sociale. C’est évidemment faux, et cela ne sert qu’à donner le change ; quoique l’illusion soit de plus en plus dissipée.
La Jeune Garde elle-même est pourtant une organisation impliquée dans les institutions bourgeoises. Raphaël Arnault, un de ses dirigeants et fondateur, est député de la France Insoumise, une organisation qui se revendique « républicaine » et qui n’appelle donc pas à la violence ou à la Révolution. Les militants de la Jeune Garde servent d’ailleurs souvent de service d’ordre à la France Insoumise. Mais la Jeune Garde a une aura ; son discours d’opposition physique au fascisme, son esthétique, plaisent à la petite bourgeoisie et au milieu militant. C’est un groupe actif, qui cherche et pratique la voie de l’autodéfense face aux forces réactionnaires, ce qui est une très bonne chose. L’État est en pleine période de restructuration et ne peut plus le tolérer, même venant de groupes impliqués dans l’arc républicain, et donc le système. C’est donc une leçon importante, une annonce que la bourgeosie la plus réactionnaire, elle-même qui est aux rênes de l’État, mettra à bas toute forme d’opposition, allant de l’opposition parlementaire à celle des quartiers et des syndicats. Le chemin des révolutionnaires est donc plus que jamais d’aller au cœur des masses, loin du système parlementaire.
Cette double attaque de l’État peut être interprétée de plusieurs façons ; mais il s’agit avant tout d’un pas en plus dans la réactionnarisation, c’est-à-dire le renforcement de l’État, l’État de la dictature des monopoles, l’offensive idéologico-politique de la bourgeoisie contre les masses, afin de briser les embryons d’organisations qui donnent aux masse l’expérience de la lutte et de l’organisation collective. C’est le sens de l’ensemble des attaques : contre Alex, de la LJR ; contre Mahdieh Esfandiari, professeure à l’Université Lyon 2 ; contre Shahin Hazamy, journaliste de terrain, soutien de la Palestine et impliqué dans la lutte des quartiers populaires contre les violences policières et tous les problèmes quotidiens ; contre les 650 personnes poursuivies par la justice pour avoir soutenu la Palestine ; et de nombreux intellectuels, universitaires ou militants de terrain.
En revenant aux théories de Clausewitz, nous pouvons comprendre le processus d’attaques coordonnées contre les militants progressistes et révolutionnaires depuis le début 2025. Les théories de Clausewitz, développées extraordinairement par le président Mao, s’appliquent à toutes les phases de la lutte des classes. L’ennemi tente sans cesse de briser la lutte des masses de deux façons : en décapitant les directions, c’est-à-dire, à notre époque, en réprimant les visages publics et en isolant les organisations des masses, et dans un double mouvement, en encerclant les bases de la contestation pour les isoler du reste de la société. C’est ainsi que l’État a encerclé les facs, brisé les syndicats étudiants, isolé, en utilisant le corporatisme, ceux-ci de la masse des étudiants pourtant combatifs ; tout en envoyant les CRS dans les facs, en plaçant des vigiles surarmés et agressifs sur la décision de doyens, etc. Et la réaction et son État, à nouveau, tentent de faire de même avec le mouvement de défense de la Palestine.
En France, sur la dernière année, nous devons nous inspirer des campagnes pour Timothée Esprit et pour Alex, ainsi que celle débutant pour Mahdieh Esfandiari. Les progressistes, démocrates et révolutionnaires montrent le chemin : les campagnes de contre-encerclement. L’objectif n’est pas quantitatif mais principalement qualitatif, bien que la quantité est en soit une qualité. Le rôle historique des révolutionnaires, dans la classe, en France, est d’unir « l’usine et le quartier ». La lutte politique au quartier et sur le lieu de travail, le Syndicat et le Comité Populaire. Les campagnes contre la répression doivent donc unir ces deux facettes de la classe, et unir, autour de celle-ci, les intellectuels, la petite bourgeoisie, c’est-à-dire notamment le « milieu militant » et les étudiants. Par ces campagnes, c’est l’État qui se retrouve « encerclé ». C’est-à-dire que non seulement la répression faillit à son objectif – isoler un militant de son organisation, son organisation des masses, briser la volonté de lutte – mais renforce le camp des révolutionnaires. En affirmant « mental d’acier, on garde le sourire, peu importe ce qu’ils nous feront », c’est ce que montre Alex. En luttant pour être réintégré dans son usine où les conditions de travail sont dures, c’est ce que montre Timothée Esprit. Les campagnes contre la répression permettent d’incorporer les masses au travail politique, sur une ligne de classe, combattive et anti-opportuniste, car c’est ce qu’est la classe. Voilà le chemin. Aux militants sincères de le suivre pour briser l’offensive de la réaction contre nos organisations, nos portes-paroles et nos militants, de manière unie et combattive, loin des guerres d’égos et de chapelles qui ne servent que l’État. La solidarité est notre arme, alors développons-la !