Rennes : Commémoration antifasciste du 8 mai 2025

Ce jeudi 8 mai, à Rennes, une centaine de personnes ont marché en direction de la Butte de la Maltière, où ont été fusillés 76 résistants pendant l’occupation nazie, dont 25 communistes. A l’appel des organisations révolutionnaires de jeunesse, le cortège a célébré la victoire du socialisme sur le fascisme : les 80 ans de la capitulation de l’Allemagne nazie. Un hommage particulier a également été rendu aux femmes résistantes, près de 500 femmes ayant été déportées depuis la Bretagne.

A l’avant du cortège, les manifestants portaient 25 drapeaux rouges, arborant chacun le nom de l’un des communistes fusillés le 30 décembre 1942. La marche a marqué un temps d’arrêt avant l’entrée sur le site, pour faire un rappel historique des faits de résistance à Rennes et dans la région, menée par l’Organisation Spéciale (OS) du PCF clandestin, puis par les Francs-tireurs et Partisans (FTP). Une fois sur le site, les noms et l’âge des 76 fusillés ont été énoncés, suivis d’un « présent! » entonné par la foule. Une déclaration commune des organisations a été lue, ainsi qu’une prise de parole de l’association Solidarité Congo-Bretagne, sur la résistance anti-impérialiste qui se joue aujourd’hui dans la guerre de pillage à l’est du pays.

Date de la Victoire sur l’Allemagne, le 8 mai 1945 marque également le début de la grande répression des revendications nationales algériennes, avec les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. Cet événement était donc aussi l’occasion d’un salut particulier à la force combattante des peuples colonisés, d’hier et d’aujourd’hui. Ont donc été saluées la grande résistance du peuple Palestinien et la lutte du peuple Kanak. A la fin de l’hommage, les participants ont pris une photo de soutien à Urgence Palestine et à la Jeune Garde, organisations aujourd’hui menacées de dissolution.

Les organisations à l’initiative de la journée étaient la Fédération syndicale étudiante (FSE), les Jeunes Révolutionnaires (JR), les Jeunes pour la Renaissance Communiste en France (JRCF), Young Struggle (YS) et ZORA. Ont également rejoint le cortège l’UD CGT-FO, les Jeunes Insoumis de Rennes, War-Sav – Gauche indépendantiste bretonne, le MRJC (Mouvement rural de jeunesse chrétienne) et des militants de la CGT. La journée s’est achevée avec une formation / discussion sur l’antifascisme en Turquie, avec un intervenant de l’ACTIT (association culturelle des travailleurs immigres de turquie), ainsi qu’un repas de camaraderie, partagé par 70 convives.

Nous partageons ici la déclaration commune des organisateurs de l’événement :

Nous nous rendons à la butte des fusillés de la Maltière pour rendre hommage à la Résistance, particulièrement à la résistance communiste des FTP et FTP-MOI. 76 résistants furent fusillés ici par les bourreaux nazis et leurs collaborateurs.

Le 30 décembre 1942 fut le jour le plus meurtrier, sanglant de ses 25 résistants communistes fusillés.

Si les femmes résistantes sont absentes de cette butte, nous voulons aujourd’hui saluer particulièrement leur mémoire. Commandantes, combattantes, agentes de liaison, ravitailleuses, agentes de renseignement ou encore soignantes, celle-ci ont été très largement oubliées alors que près de 500 d’entre elles ont été déportées depuis la Bretagne, des dizaines assassinées comme c’est le cas de Thérèse Pierre, femme communiste, lesbienne, enseignante et syndicaliste CGT, féministe, elle dirigea un réseau des FTPF, les Francs-Tireurs et Partisans Français, dans la région de Fougères. Elle eut jusqu’à 100 personnes sous son commandement, qui réalisèrent des actions armées et de renseignement qui ont contribué à affaiblir l’occupation fasciste dans le 35. Arrêtée par la Gestapo, elle a été emmenée en détention à la prison Jacques Cartier de Rennes où elle fut torturée par les policiers du Service de la police anticommuniste venus de Paris mais ne parla pas. Son assassinat, le 26 octobre 1943 fut maquillé en suicide. Nous promettons d’honorer sa mémoire et de continuer son combat, et avec elle celui de toutes les résistantes françaises et immigrées, juives pour beaucoup, qui ont milité dans les organisations antifascistes mixtes mais aussi au sein d’un bataillon autonome, la brigade Rodina et des organisations civiles comme l’Union des femmes françaises, et sans qui la victoire n’aurait jamais été possible.

La Résistance de nos camarades alliait la lutte pour l’indépendance nationale, la lutte antifasciste et la lutte de classe pour l’émancipation des travailleuses et des travailleurs. Quant à la bourgeoisie française, elle a massivement collaboré et livré le pays à l’impérialisme allemand, préférant Hitler au Front Populaire. Le PCF avait déjà été interdit en 1939, sous le gouvernement fascisant Daladier. Les organisations restantes, y compris la fausse gauche SFIO, ancêtre historique du PS, ont massivement voté les pleins pouvoirs au collaborateur fasciste Pétain.

Au niveau mondial, la résistance au fascisme a été organisée très tôt. En 1935, l’Internationale Communiste adopte la ligne des « Fronts populaires antifascistes » en Europe, et des « Fronts populaires anti-impérialistes » dans les colonies. C’est le début d’une stratégie de Front unique mondial, alliant les mouvements anti-colonialistes avec les larges forces démocratiques et socialistes. Dans un premier temps, l’Union Soviétique a tenté de nouer une alliance avec la Grande-Bretagne et la France pour se préparer à la guerre. Les négociations ont finalement échouées, la diplomatie franco-anglaise refusant de s’engager dans une alliance militaire avec les soviétiques, alors qu’ils pensaient encore pouvoir éviter le conflit. Une fois les combats engagés, la force de ce Front unique a été de pouvoir allier d’un seul mouvement la lutte des peuples d’Asie contre l’expansion du Japon, la résistance intérieure dans les pays d’Europe occupée, et le concours des démocraties occidentales, avec les peuples colonisés en armes. L’unique appui initial de la France Libre était d’ailleurs les peuples colonisés d’Afrique équatoriale. Sa capitale était Brazzaville.

En France, nos camarades ont constitué le noyau dur de la résistance intérieure, son élément le plus ferme, et ont marqué de leur empreinte le programme du Conseil National de la Résistance. Droit de vote des femmes, Sécurité sociale, conventions collectives, comités d’entreprise, salaire minimum, congés payés, nationalisations. Ce ne sont pas des cadeaux ou des initiatives du général De Gaulle, même si l’histoire est ainsi racontée dans les manuels scolaires. Les grandes conquêtes sociales et démocratiques de la libération ont été arrachées grâce à la guerre de partisans et par l’action des ministres ouvriers de 1945. Il est donc important pour les organisations du mouvement populaire de faire vivre notre propre mémoire de la Résistance et d’organiser nos propres cérémonies d’hommage, au lieu d’aller quémander pathétiquement l’approbation de l’État bourgeois et de ses gradés dans des cérémonies officielles où notre drapeau rouge est interdit.

Cela est d’autant plus important si l’on considère l’état actuel de la France, de l’Europe et du monde. La mémoire vaut plus pour le devenir que pour le souvenir. Les bandes fascistes sont de plus en plus décomplexées. Ainsi en témoignent les nombreux actes de violences commis par ces nervis ici à Rennes et partout en France. Saccage de la Mosquée de Maurepas ciblée à deux reprises en deux jours, les dons des fidèles destinées à la Mosquée ayant été volés, agression contre l’élu breton Anton Burel lorsqu’il s’est opposé à des fascistes qui faisaient le salut nazi en entonnant des chants racistes dans la commune de Cintré, agression à l’arme blanche à Paris contre des militants antifascistes de Young Struggle qui organisaient une projection. Ce n’est là que quelques exemples. Les lois xénophobes et racistes du type loi asile immigration s’empilent. L’extrême droite est aux portes du pouvoir, son programme est dans une large mesure appliqué par une macronie complice en décomposition, avec notamment le fascisant Darmanin et le dinosaure d’ancien régime Retailleau occupant les postes clés de la justice et de l’intérieur au gouvernement. 

La menace de guerre impérialiste gronde. Les dirigeants européens, l’UE et l’OTAN préparent la guerre contre la Russie et la Chine. Ils veulent convaincre les travailleuses et les travailleurs de l’Europe de sacrifier leurs salaires et leurs besoins sociaux sur l’autel d’un surarmement suicidaire. Budgets de casse sociale qui se succèdent les uns aux autres. Austérité pour l’école, l’université, l’hôpital et le logement mais banquet pour le commerce d’armes et les dividendes des grands groupes capitalistes. Le génocide se poursuit en Palestine, avec la collaboration de l’alliance impérialiste occidentale à commencer par les EEUU. Face à eux se dresse la résistance héroïque du peuple Palestinien et de ses organisations de lutte, que nous soutenons dans sa lutte de Libération Nationale. C’est une lutte juste, comme elle l’était la lutte des résistant.tes en France pour se libérer du joug nazi. Le prolétariat mondial et les peuples opprimés doivent se battre pour leurs propres intérêts et construire des liens de solidarité internationaliste afin de mettre en échec l’oligarchie capitaliste et ses plans de guerre et de prédation.

Le 8 mai nous commémorons la capitulation de l’Allemagne nazi et rendons hommage à la Résistance antifasciste du mouvement ouvrier. Le 8 mai c’est aussi malheureusement la date du massacre de Sétif, perpétré en Algérie par l’armée coloniale française. A travers ce 8 mai nous voyons le meilleur et le pire de notre nation. Le pire, la bourgeoisie impérialiste et les gradés aux ordres, qui ont refusé de défendre la souveraineté française face à l’occupant nazi mais qui entendaient que la France avait un droit de souveraineté en Algérie et ailleurs en Afrique et dans le monde. Le meilleur, la classe ouvrière et le peuple travailleur, lorsqu’ils se dressent non pas contre les migrants, non pas contre les opprimé.e.s d’autres pays, non pas contre les peuples rebelles d’Afrique, non pas pour être engrenage des guerres coloniales et des agressions impérialistes, mais lorsqu’ils se dressent en défense de leurs intérêts dans un combat face à l’ennemi de classe, c’est-à-dire l’oligarchie capitaliste, véritable parasite de la nation.

Honneur à la Résistance communiste des FTPF et FTP-MOI, honneur à tous les combattants anti-capitalistes, anti-fascistes et anti-impérialistes. Un peuple qui opprime un autre ne saurait être libre. Paix entre les peuples et guerre entre les classes. Vive la Résistance !

Le 8 mai 2025

  • La Fédération syndicale étudiante (FSE Rennes)
  • Les Jeunes Révolutionnaires (JR Rennes)
  • Les Jeunes pour la Renaissance Communiste en France (JRCF Rennes)
  • Young Struggle (YS Rennes)
  • ZORA Rennes

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