Grenoble : Gaza, répression et impérialisme ; quand l’université choisit son camp

La récente répression visant l’équipe masculine de football de Sciences Po Grenoble, sanctionnée pour avoir affiché son soutien au peuple palestinien, illustre une dynamique bien plus large : celle de la criminalisation systématique des mouvements anti-impérialistes par des institutions académiques alignées sur les intérêts des impérialistes.


Le 22 mars, à l’issue d’un match, l’équipe de football a posé avec un drapeau palestinien devant une banderole dénonçant le silence de l’école face au génocide en cours à Gaza. Ce simple geste de solidarité a été sévèrement sanctionné : exclusion d’un étudiant pour un mois et interdiction pour l’équipe de participer aux Jeux inter-Sciences Po. La direction a justifié sa décision en évoquant une prétendue incitation à la haine, démontrant une fois de plus comment l’antisionisme est criminalisé en étant sciemment confondu avec l’antisémitisme, pour mieux étouffer toute critique d’Israël.

Face aux sanctions injustement infligées aux membres de l’équipe de football, les étudiants de Sciences Po Grenoble se sont rapidement organisés pour riposter collectivement. Dès le mardi suivant, un blocage de l’établissement a été mis en place. Ce blocage, voté démocratiquement en Assemblée générale, visait à dénoncer la répression politique exercée par la direction et à soutenir le droit des étudiants à exprimer leur solidarité avec la Palestine et dénoncer plus généralement la volonté manifeste de l’institution d’étouffer toute politisation en son sein. Banderoles, affiches et drapeaux palestiniens ont investi les murs de l’IEP, transformant l’espace académique en lieu d’expression politique visible. Dans le même temps, plusieurs motions ont été débattues et adoptées en AG, affirmant notamment l’attachement des étudiants à l’indépendance politique des associations et leur volonté de poursuivre la mobilisation jusqu’à obtenir des engagements concrets de la direction.

Cet épisode ne relève pas d’un simple excès bureaucratique ou d’une maladresse institutionnelle. Il est au contraire l’expression directe d’un mécanisme idéologique propre aux États impérialistes et à leurs relais culturels. Les institutions d’enseignement supérieur jouent en réalité un rôle clé dans la reproduction de l’ordre établi, en réprimant toute expression solidaire avec les luttes de libération nationale, surtout lorsqu’elles s’opposent aux alliés stratégiques de l’impérialisme français.

L’affaire de Sciences Po Grenoble s’inscrit dans un contexte international marqué par une offensive
généralisée contre le mouvement de soutien à la Palestine : dissolutions d’associations, poursuites judiciaires contre des militants. Cette stratégie vise à dépolitiser la jeunesse, à désarmer idéologiquement les classes populaires, et à isoler les luttes de libération de toute base sociale dans les métropoles impérialistes.

Le soutien à la cause palestinienne constitue, dans cette optique, une menace idéologique majeure pour les classes dominantes : il rappelle que l’impérialisme n’est pas un simple phénomène géopolitique lointain, mais une réalité matérielle ancrée dans nos universités, nos médias, nos institutions. La Palestine devient ainsi un révélateur : défendre Gaza, c’est remettre en cause l’impérialisme, ses alliances, et l’hypocrisie humanitaire de ses institutions.

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