Alsace : mobilisation pour Christian Tein, et les prisonniers kanak

Près d’un an après le soulèvement kanak contre la réforme coloniale du corps électoral, sept militants indépendantistes sont toujours détenus à plus de 17 000 kilomètres de leur terre, exilés en métropole. Fidèle à la logique de la justice française, l’État les accuse de participation à une prétendue « criminalité organisée ».

Parmi ces déportés politiques, Christian Tein, président du FLNKS, est incarcéré à la prison de Lutterbach près de Mulhouse. Son dossier a été rejeté ce mardi 8 avril par la Cour de cassation. Maintenu à l’isolement depuis bientôt un an, l’Etat l’accuse de sept chefs d’accusation arbitraires.

À l’appel du Collectif de Solidarité Kanak, un rassemblement a eu lieu devant le centre pénitencier pour soutenir le militant. La Cause du Peuple a pu y rencontrer des militants kanak, dans un moment de solidarité plein de revendications.

Dès la « coutume de bonjour » pour accueillir le CCAT, le ton est donné : « Avec ce que l’État nous a fait, il pensait nous affaiblir mais, il nous a renforcés. » Car la répression n’a fait que cimenter la détermination du peuple kanak à lutter contre l’impérialisme français.

Le Collectif 13 Mai, né dans la foulée des révoltes pour soutenir les réprimés, témoigne de cette dynamique de solidarité. Il développe une aide juridique et un appui concret avec les militant·es, ainsi qu’un lien entre la métropole et le pays.

Face à une mobilisation sur place à laquelle plus de 80 000 personnes ont participé, l’État a répondu par la violence et la criminalisation, espérant briser l’élan indépendantiste. Les militants sont aujourd’hui dispersés dans différentes prisons de l’Hexagone pour certains, d’autres sont libres mais assignés a ne pas quitter le territoire métropolitain, l’État craignant une nouvelle insurrection.

Mais cette stratégie se retourne contre lui. Une délégation kanake sillonne les prisons de métropole pour organiser le soutien, créer des liens de solidarité et renforcer la lutte. Cette déportation forcée, censée briser les résistances, a au contraire amplifié la mobilisation en faveur de l’indépendance.

Une militante du Collectif 13 Mai dénonce les outils du contrôle colonial : le système psychiatrique, l’usage massif de l’alcool et des drogues comme armes de désorganisation sociale. Mais le peuple kanak continue de déjouer ces manœuvres. Le dégel du corps électoral en fut l’étincelle — l’ultime provocation qui a rallumé le feu de la révolte.

Dans cette lutte, les appels à la convergence se multiplient. À l’image des syndicats kanaks solidaires de la Palestine, une militante de Solidarité Kanaky Alsace souligne le travail unitaire mené dans les mobilisations de la région. Lors de la Journée internationale des droits des femmes ou lors des Marches des solidarités du mois dernier, les cortèges kanaks ont pris toute leur place dans les mobilisations strasbourgeoises.

Cette solidarité s’étend aux quartiers populaires. Les mêmes armes répressives y sont à l’œuvre nous dit-elle, la même bourgeoisie y sème la mort et l’humiliation. Au rassemblement, la mère de William, jeune Kanak tué en 2016, fait le lien entre l’assassinat de son fils et celui de Nahel. Dans les deux cas, la justice bourgeoise reste muette, complice.

Les militants kanak en présence en sont convaincus : la construction d’un front anti-impérialiste passe par l’unité des luttes, par l’alliance avec les quartiers populaires. Le frère de Christian Tein indique que c’est aux masses de France de se lever elles aussi, et de se tenir aux côtés du peuple kanak.

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