Rennes : des habitants de Villejean se mobilisent contre leur bailleur

Cet hivers a été rude dans le quartier de Villejean-Kennedy. Depuis plusieurs années, le parc de logement social n’est pas entretenu et les bailleurs font la sourde oreille, ou accusent les locataires d’être responsables de la vétusté de leur appartement. Archipel, Espacil, Aiguillon et Néotoa sont les quatre bailleurs sociaux présents – responsables du délabrement du quartier.

Dès le mois de novembre, beaucoup de locataires se rendent comptent que la note de chauffage grimpe, alors qu’il ne fonctionne pas chez eux. Les canalisations sont en mauvais état et les radiateurs ne sont pas purgés. Un groupe d’habitants prend alors l’initiative d’une pétition dans leur tour, au 30 rue du Bourbonnais. La pétition est signée par la totalité des locataires présents, soit une soixantaine. Dès le lendemain, la pétition est remise au bailleur, demandant de régler le problème du chauffage. Elle restera lettre morte.

Dans la même tour, la famille Abdallah est en détresse depuis mai 2023. L’eau avait été coupée quelques jours à cette époque et le voisin du dessus avait oublié de fermer son robinet. Partis en vacances, la famille est rentrée en découvrant leur appartement complètement inondé et saccagé, la porté défoncée : les pompiers étaient intervenu chez eux. Ni les pompiers ni les bailleurs ne les ont prévenu et la porte de l’appartement est ainsi restée éventrée toute la durée de leurs vacances. Depuis, le bailleur n’a rien entamé pour rendre leur appartement viable. Le couple s’endette et s’épuise dans des recours juridiques, tout en luttant contre des problèmes de santé. Citée par Ouest-France, madame Abdallah enfonce le clou : « nous avions de l’eau jusqu’aux chevilles. Tout est moisi depuis, ça n’a jamais été réparé. »

Le collectif des « voisins en colère »

Au mois de janvier, le froid se fait sentir, ainsi que l’humidité, visible dans beaucoup d’appartements par de grandes plaques de moisissures noires, et le papier peint qui ne tient plus. Après plusieurs jours de porte à porte et d’affichage dans le voisinage, des réunions sont organisées, réunissant une trentaine d’habitants, avec le lancement du collectif « voisins en colère ». Un recensement des problèmes est alors effectué et le constat est sans appel : le délabrement est général et concerne tous les bailleurs. Manque de chauffages, coupures d’eau de plusieurs jours, moisissure, cafards, etc. les mêmes problèmes se retrouvent dans chaque barre d’immeuble.

La santé de beaucoup de riverains est aussi touchée, notamment les soucis respiratoires chez plusieurs enfants. Un habitant, trouvant que l’air circulait mal dans sa salle d’eau, a voulu vérifier son aération. Quand il a retiré la grille, il a constatée qu’elle avait simplement été collée au mûr, il n’y avait aucun trou derrière !

Occupation des locaux d’Espacil habitat

Bien que les problèmes concernent tout le monde, la majorité des voisins en colère sont locataires chez Espacil habitat. L’initiative a donc été prise de rendre une visite surprise au bailleur ce vendredi 4 avril. Une trentaine de personnes sont donc entrées dans les locaux, une heure avant le départ en vacances du directeur, avec des casseroles, des seaux, des plaids, etc. Le principe est simple : personne ne sortira sans que des engagements ne soit pris. Beaucoup d’habitantes ont pu prendre la parole et dénoncer les conditions de vie qu’elles subissent avec leur famille.

Le directeur, monsieur Xavier Bance, est un ancien militaire parachutiste. Baissant les yeux, il écoute poliment l’ensembles des témoignages. Après plusieurs relances individuelles sans réponses, ainsi que des sollicitations par mail du collectif, Bance s’engage sur deux choses : des rénovations sous quatre mois chez la famille Abdallah, et un rendez-vous de négociation collectif pour l’ensemble des autres habitants pour le vendredi 2 mai.

Citée par Ouest-France et Le Télégramme, une habitante fait le bilan de l’action : « Nous n’avons pas obtenu de réponse sur pourquoi. On parle de dignité humaine, on veut un engagement sur la durée » ; « On a obtenu ce qu’on voulait, puisque des travaux seront réalisés d’ici juillet pour une des locataires qui a eu un dégât des eaux et on aura notre rendez-vous avec Espacil, pointe Lise, membre de l’association Voisins en colère. Mais on n’a pas eu de réponse sur les raisons de leur silence avant. On est en train de créer un comité populaire d’entraide et de solidarité sur le quartier. On ne va pas les lâcher ».

Voir aussi

Dernières actualités de la lutte