500 personnes se sont réunies et ont défilé à l’appel du Comité Vérité et Justice pour Bilal et du Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité du Mirail le samedi 05 avril 2025 à Toulouse. Bilal Thibault Weninger était un habitant du Mirail de 34 ans, père d’une petite fille. Il est mort le 24 janvier 2025 lors d’une intervention de police sur le marché, comme nous l’avions rapporté dans la Cause du Peuple. La version mensongère de la police nationale et municipale ainsi que des grands médias locaux a vite pris l’eau face aux premiers témoignages. Ce week-end, Bilal aurait fêté ses 35 ans.
L’exigence de vérité et de justice a resplendi dans toute la manifestation. Le cortège s’est élancé à 14h30 de Bagatelle, dans le quartier du Mirail, jusqu’à la place Abbal située à Reynerie. C’est un parcours symbolique, qui relie une grande partie du Mirail. Il tenait donc à cœur à la famille de Bilal et à leurs soutiens de rappeler que ce qui est arrivé à ce père de famille de 34 ans n’est pas isolé à Bagatelle, mais généralisé à l’ensemble du quartier, et des quartiers populaires en France. Ainsi, des slogans « Mirail united! », « Mirail réuni! » ou « Justice pour nos quartiers! » ont été entonnés à plusieurs reprises.

Les manifestants ont donné de la voix sur l’ensemble du parcours, avec notamment un passage remarqué sur le pont routier qui relie Bagatelle au reste du Mirail, où les banderoles ont été déployées pour les voitures du dessous. Beaucoup d’automobilistes ont répondu par des klaxons. L’ambiance déterminée a continué tout du long de la manifestation. La famille, les habitants du quartier et tous les soutiens associatifs et politiques ont crié haut et fort leurs slogans. La revendication immédiate de la famille est simple : que les avocats obtiennent la vidéosurveillance et le rapport d’autopsie pour lever le voile sur ce qu’il s’est passé au marché de la Faourette, le 24 janvier dernier. Des fumigènes et pétards ont été enflammés à plusieurs reprises au milieu du brouhaha des slogans qui se répercutaient du début à la fin de la manifestation, sous fort encadrement policier avec plus d’une dizaines de fourgons.
L’appel à manifester avait fait du bruit, que ça soit auprès des habitants du Mirail qui ont pu recevoir des milliers de tracts et voir dans leurs bâtiments des centaines d’affiches, ou bien de l’autre côté, celui de la mairie de Toulouse. En effet, la police municipale est mise en cause directement dans cette affaire, et celui qui est responsable pour cette police c’est le maire, Jean-Luc Moudenc. Dans un tweet, celui-ci est sorti du bois et a révélé la position de son administration sur l’affaire Bilal qui est en train d’éclater : il n’y a pas d’affaire et ceux qui manifestent pour ça sont des agitateurs et des manipulateurs ! Il a d’ailleurs annoncé porter plainte contre le CPES du Mirail.
Bien mal lui en a pris : les manifestants n’ont pas hésité à copieusement huer le maire, en chantant même « Moudenc Démission! ». La femme de Bilal a quant à elle écrit une lettre au maire il y a plusieurs semaines, restée sans réponse. C’est donc l’absence totale de dignité et de respect de la mairie qui a été révélée au grand jour ce 05 avril, alors même que Moudenc vient de lancer sa campagne pour les futures élections municipales.
L’arrivée du cortège à Reynerie, sur la place Abbal, a été l’occasion pour de nombreux commerçants et clients du marché informel de la place de fraterniser avec la manifestation et de recevoir « L’Echo des Coursives« , un journal écrit par les habitants du Mirail sur les luttes récentes. Les membres du cortège sont entrés sur la place le poing levé, à l’appel d’un des organisateurs du CPES qui a rappelé que le poing levé était un symbole universel de lutte contre l’oppression.

Enfin, le cortège s’est arrêté sur les marches de la Dalle Abbal, promise à la démolition par le plan de « rénovation urbaine » (c’est à dire de destruction) de la mairie. C’est là qu’il y a 15 jours les habitants ont lancé l’occupation de l’Atelier B, un bâtiment de la Dalle. La police avait attaqué les occupants, ce qui a causé 9 gardes à vue. Comme un symbole, les prises de parole de la famille, du CPES, de la CGT, d’organisations politiques et acteurs de la vie politique locale ont eu lieu sur ces marches.
Sous les applaudissements, les discours ont appelé unanimement à continuer la lutte, à obtenir gain de cause pour le rapport d’autopsie et les images de vidéosurveillance, et à ne rien lâcher. Ce n’est que le début de la mobilisation.
Un reportage photo et vidéo reprenant les discours du Comité Vérité et Justice et du CPES sera publié prochainement.

