Toulouse : après la mort de Bilal, le quartier se rassemble devant le commissariat

Dans le quartier de la Faourette, qui fait partie du Grand Mirail à Toulouse, un homme de 34 ans est mort le 24 janvier 2025, tué par la police. Il s’appelait Thibault Bilal Weninger (appelé Thibault ou Bilal), était père d’une petite fille et travaillait ce jour-là à ramasser des gravats près du quartier.

Thibault roulait en scooter quand la police municipale a tenté de lui faire signe pour qu’il s’arrête. On ne sait pas s’il a vu ou entendu le signal. En quelques secondes, c’est une voiture de la police nationale, stationnée à quelques mètres, qui a pris l’initiative de le percuter. La police lui a fait perdre la maîtrise de son deux-roues, ce qui a entraîné sa mort. Thibault est alors expulsé du véhicule, son casque explosant dans la violence de l’impact. Il a été évacué à l’hôpital et, alors que son pronostic vital n’était initialement pas engagé, il est mort de ses blessures.

C’est une douleur vive pour la famille et les habitants du quartier qui connaissent, personnellement ou indirectement, le harcèlement permanent de la police. Thibault n’était pas seulement respecté dans le quartier, il était aimé des habitants. Il soutenait les familles en difficulté, aidait les jeunes dans leurs projets. De l’avis de tous, c’était un père, un mari, un ami et un citoyen hors norme par son exemplarité. Mécano, il mettait aussi ses connaissances au service de toute la communauté, gratuitement au besoin. Le jour même, la police n’a pas cru utile de prévenir la famille. C’est dans la cour d’école que sa fille a appris la nouvelle. Puis c’est le directeur de l’école qui a dû appeler sa conjointe. Dans tout le quartier, c’est un vrai déchirement. Ce matin, des jeunes pleuraient encore en apprenant par hasard la nouvelle.

Au Mirail, les fourgons tournent jour et nuit, contrôlent une, deux, trois fois la même personne dans la même journée et menacent d’arrestation, de coups et de mort y compris des enfants et des ados. Leur crime ? Être des jeunes prolétaires dans la rue, dans leur quartier ; ça suffit pour être suspect. Ce n’est pas un accident tragique, ce n’est pas un ‘refus d’obtempérer qui inverse la culpabilité : Thibault est mort car la police écrase, harcèle et tue dans les quartiers populaires. Une seule idée en tête pour n’importe qui dans cette situation : il faut que ça cesse. Assez du harcèlement, des contrôles abusifs et de la militarisation des quartiers.

Le Mirail n’est pas une exception, il est la règle des quartiers populaires français. 55 personnes sont mortes en 2024 des interventions de la police en France, le bilan le plus meurtrier depuis 50 ans. Avec un chef déchaîné comme le réactionnaire Retailleau, la police tue avec ses fusils et ses pistolets, avec ses matraques mais aussi avec ses véhicules et la fameuse technique du « parechocage », où ils rentrent volontairement dans une personne pour la renverser sans réfléchir aux risques pour sa vie.

Le rassemblement qui a eu lieu samedi 25 janvier devant le commissariat de Bagatelle a réuni 200 personnes. Des prises de paroles ont eu lieu et l’état d’esprit général était au recueillement et à la colère contre des meurtres et violences maquillés en accidents par les agents de la répression d’État. Se déroulant calmement, la police a néanmoins envoyé une patrouille pour provoquer et filmer les habitants en colère. Un cortège s’est alors dirigé vers le rond-point où l’impact a eu lieu, rond-point sur lequel traînaient encore là des morceaux de la carcasse du scooter. Entre deux prises de paroles, les mères du quartier échangeaient sur les expériences de violences policières vécues par elles et leur famille ces dernières années.

Notre journal transmet son soutien à la famille pour leur deuil, aux amis et collègues de Thibault et appuiera jusqu’au bout la juste lutte contre le harcèlement policier et les violences policières.

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