Caen : 1 an de grève, une lutte exemplaire à Webhelp/Concentrix !

En 1 an, ils ont coûté plus de 50 000 heures de grève à leur entreprise de téléconseil : à Caen, les employés de l’ex-Webhelp ont mené d’avril 2024 à mars 2025 une grève suivie et essentielle dans un secteur où les cadences et l’exploitation sont le lot de tous les travailleurs. Retour sur cette année de mobilisation.

Webhelp, appelée Concentrix depuis son rachat par le géant américain pour 4 milliards d’euros, c’est le genre de boîte où on peut se faire virer pour des absurdités. En septembre 2024, Loan est ainsi licencié pour avoir partagé dans un groupe de travail une image (un gif) d’Homer Simpson après un retard de paiement de son salaire. Depuis, Concentrix Compiègne, où travaille Loan, a rejoint la mobilisation. Celle-ci a démarré quelques mois auparavant, en avril. Car alors que l’entreprise réalise de bons profits, les employés n’ont connu aucune augmentation de salaires en 15 ans, à part les augmentations obligatoires du SMIC communes à toutes les entreprises en France. Comme dans beaucoup d’endroits, avec l’inflation survenue sur les dernières années, les 850 à 950 salariés en fonction des périodes ne s’en sortent plus. Leur pouvoir d’achat réel diminue et diminue, alors que le travail, lui, ne change pas. La première augmentation depuis 2010 est mise en place par l’entreprise au cours de l’année dernière, et c’est le montant jugé insuffisant de cette augmentation qui déclenche une grève le 2 avril. Les grévistes mènent piquet sur piquet malgré les difficultés liées au télétravail ou aux départs anticipés.

La direction de l’entreprise, pour essayer de casser le mouvement, remplace son directeur par un despote, un chien de garde embauché pour briser la confiance des grévistes en refusant toute négociation. En réalité, cela n’entame pas leur détermination, et malgré les conditions difficiles comme l’absence de caisse de grève, la CGT FAPT[1] locale, les syndicats de l’entreprise en général et les employés continuent de mener la lutte à bout de bras, en comptant sur leurs propres forces.

Le 1er mai 2024, ils prennent la tête de la manifestation de Caen, et les actions se multiplient. Dans l’entreprise, la base d’adhérents au syndicat et de grévistes se rajeunit et monte en combativité. Dans une entreprise qui n’avait pas connu de lutte active depuis une décennie, ce renouveau est une grande victoire en soi ! Avec pugnacité et abnégation, ils tiennent ce mouvement pendant 1 an, malgré les difficultés.

Lors des négociations annuelles obligatoires de 2025, les syndicats obtiennent de la direction de l’entreprise une augmentation des salaires dans un accord qui met fin à la grève. C’est donc la première augmentation après 15 ans sans mouvement, ce qui est une victoire en soi ! Une tradition de lutte ne se décrète pas, elle se construit avec la mobilisation continue des collègues afin de gagner des augmentations et autres gains concrets.

La lutte ne s’arrête pas, car l’augmentation négociée n’est pas au niveau demandé par les syndicats. Même si le travail reprend, même si cette grève-là a touché à sa fin, elle marque durablement une entreprise et un secteur en besoin ardent d’une force syndicale combative et prolétarienne, qui organise et mène à la victoire les luttes des plus de 300 000 téléconseillers qui travaillent en France !


[1] Fédération des salariés du secteur des activités postales et de télécommunications.

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