Nous partageons ici le dernier communiqué de la Fédération syndicale étudiante (FSE), daté du 16 mars 2025.
En parallèle de l’annonce d’une énième coupe budgétaire, faisant monter la totalité des pertes à la somme astronomique de 1.5 milliards d’euros pour l’Enseignement Supérieur et la recherche, le gouvernement a annoncé une troisième loi de programmation militaire et prévoit une augmentation de 3,3 milliards d’euros pour l’armée.
Il n’y a plus aucun doute : de l’argent il y en a, et nous savons exactement où il va.
Il faut noter que si le budget de nos universités stagnent parfois, diminue drastiquement souvent avec des coupes budgétaires à répétition et aucun fond supplémentaire alloué pour les rénovations de bâtiments depuis 10 ans, le budget de l’armée française, lui, a augmenté de 56% depuis 2017. En juin 2022, Macron annonçait déjà la nécessité de restructurer l’économie pour « soutenir l’effort de guerre ». Récemment, les médias nous inondent toujours plus explicitement de cette rhétorique du conflit et de la guerre à laquelle il faudrait se préparer dans toutes les sphères de la société, en commençant par l’économie. Alors que Trump est prêt à vendre l’Ukraine, Macron saute sur l’occasion pour redorer son blason à l’international. Sa dernière allocution sur la situation en Ukraine ne fait que le confirmer : la bourgeoisie se prépare à la guerre dans un contexte où l’extrême droite est de plus en plus décomplexée, et où le gouvernement se réactionnarise de façon ostentatoire.
Ne soyons pas alarmistes pour autant : on ne nous enverra pas au front demain, ni dans les prochains mois. Restons mesurés et mobilisons nous là où nous le pouvons. Les coupes budgétaires de nos universités ne sont en effet pas isolées de cette question de l’économie de guerre, le gouvernement sait ce qu’il fait lorsqu’il dégrade l’éducation et la recherche au profit de l’armée. Pendant la guerre du Vietnam aux États Unis, on voyait des recruteurs de l’armée aux portes des facs promettant un avenir plus stable et affranchis des dettes causées par leurs frais d’inscription. En supprimant les financements des universités et en augmentant la sélection, le gouvernement nous pousse vers la précarité et cherche à présenter l’engagement dans l’armée comme une perspective fiable et attractive pour la jeunesse. On le voit déjà dans l’invitation récurrente de la police et de l’armée dans les salons et forums présentant les formations possibles pour les lycéens et sur les campus, notamment de science, pour le recrutement dans la cyber sécurité ou les technologies d’armement. Récemment, le ministre des affaires étrangères a été en personne à Nantes pour convaincre les lycéens de l’effort de guerre. La bourgeoisie se prépare à la guerre, et si ce n’est pas demain la veille que l’on nous enverra au front nous devons dès maintenant nous mobiliser contre cet « effort de guerre ».
La libéralisation de nos universités a également comme conséquence l’entrée de plus en plus fréquente d’entreprises privées dans nos instances démocratiques. Ces entreprises ont aujourd’hui leur mot à dire sur nos formations et nos sujets de recherches et peuvent les orienter. Quand on sait que la France est le 3ème exportateur mondial d’armement et que bon nombre de nos universités ont parmi leurs partenaires des entreprises comme Thalès, Safran ou encore Dassault, certaines complices du génocide à Gaza, on comprend vite le rôle que le gouvernement veut faire jouer à nos universités dans « l’effort de guerre ». Par ailleurs, les coupes de budget récentes vont aussi pousser l’université publique à se tourner toujours plus vers ces partenariats pour obtenir des financements, ou à se reposer sur des appels à projet dans ses activités de recherche, les soumettant aux besoins et au bon vouloir d’un gouvernement qui fait de la guerre sa priorité. Nous ne pouvons accepter que la science soit mise au service du patronat et de la bourgeoisie, nous devons, au contraire, revendiquer une science et une recherche au service du peuple, qui nous fasse avancer et nous émancipe.
Alors, en tant qu’étudiant-es, il est de notre devoir de continuer de nous mobiliser pour le budget de nos universités, pour des facs ouvertes à tous-tes et libres dans leurs recherches. Nous devons affirmer haut et fort : nous ne paierons pas pour l’impérialisme français, ni pour ses guerres, ni pour son empire colonial ! Il est plus que jamais nécessaire d’amener cette question partout sur nos campus : soyons résolument anti-impérialistes, réclamons la fin des partenariats de nos facs avec les entreprises d’armement, rejoignons les initiatives qui vont dans ce sens, à commencer par la Marche des Solidarités du 22 mars !
Les étudiants ne veulent pas payer pour l’impérialisme français : de l’argent pour nos universités, pas pour la guerre, ni pour le privé !