Côtes d’Armor : La mobilisation pour l’accès aux soins continue

Le samedi 1er février 2025, une nouvelle manifestation pour demander le maintien d’un accès aux soins décent dans l’ouest des Côtes d’Armor s’est tenue à Guingamp. La manifestation a réuni 2500 personnes, à l’initiative du collectif Initiative Urgence Armor Santé Yec’hed Mat, réunissant associations et syndicats. Nous avions déjà évoqué ce sujet en décembre dernier.

Aujourd’hui, la maternité de Guingamp n’a pas rouvert et ce sont aussi les services d’urgences qui se trouvent saturés et parfois fermés faute de personnel. Cette situation est intenable et est la même sur les hôpitaux de Carhaix, Saint Brieux et Lannion, rendant la prise en charge des accidents sur le secteur aléatoire et franchement difficile.

Pour avoir une idée précise de la situation, une dizaine de maires convoqués par la justice pour avoir publié des arrêtés de mise en demeure de l’État, ont lancé des « cahiers de doléances » pour documenter les difficultés d’accès aux soins dans le territoire. Ainsi, on peut voir que 17,2 % des personnes ayant répondu aux cahiers se trouvent sans médecin traitant et 74,6 % déclarent avoir déjà dû renoncer à des soins du fait de la difficulté d’accès !

Face à ces difficultés, la mobilisation continue pour demander de nouveaux moyens pour les hôpitaux et la médecine en général, avec notamment l’objectif de recruter de nouveaux médecins pour réduire les temps de prise en charge. Contactée par le collectif, l’ambassade cubaine avait donné un retour positif à l’envoi de médecins en soutien dans la région, proposition déclinée par l’État.

Ce vendredi 7 février, le collectif a enfin été reçu par le nouveau préfet de région. Dans un communiqué suivant la rencontre, les représentants accusent le préfet et l’ARS de « jouer la montre » en ne donnant aucune réponse concrète aux problèmes soulevés : « En recevant la délégation, le préfet et l’ARS « ont ouvert la porte » mais n’ont pas répondu à l’urgence des questions posées ni même proposé de calendrier de rencontres. Cette posture d’attente qu’ils imposent à la population est indigne. Mais faut-il s’en étonner ? Le préfet du département, représentant de l’état, lui-même géré par un gouvernement qui mène ouvertement une politique d’austérité brutale qui impacte négativement les politiques de santé et la sécurité sociale. Nous proposons d’accentuer les mobilisations impliquant la population et les personnels hospitaliers. »

Nous joignons à cet article quelques témoignages de personnes impactées par les difficultés d’accès aux soins :

« Ça fait deux ans que mon médecin traitant essaye de trouver mon problème et si cela fait 2 ans c’est tout simplement que l’attente d’un seul examen est de minimum 6 mois ! 4 examens en 2 ans, le ratio est assez mauvais ! J’ai songé à déménager en ville rien que pour être correctement soignée et que mon fils ait le droit à un kiné ou tout bêtement un orthodontiste. »

« Signes d’AVC, appelé le 15, ambulance privée qui se déplace, enmené aux urgences à Lannion, ramené 5 heures après à mon domicile sans examen… 3 heures après, le samu est rappelé, ils ne veulent pas me ramener à l’hôpital …. 5 heures après, il est 12h, je suis hospitalisé, le lendemain matin je fais un scanner : AVC hémorragique… Plus de 24 heures se sont écoulées… Aujourd’hui, j’écris pour mon mari car 7 jours après, avec un hématome irréversible dû à la prise en charge trop tardive, il est décédé. »

« Infirmière dans un établissement hospitalier, je ne peux que déplorer une affluence massive de patients qui, par manque de médecins traitants et de spécialistes, ont un état de santé qui se dégrade (les cliniques ne répondent pas spécialement à leurs problèmes de santé lorsqu’ils cumulent plusieurs pathologies avec une santé précaire) mais aussi, du fait des régulations successives des urgences de certains établissements, les gens arrivent sur des établissements saturés = problème de lits en aval, éloignement géographique des familles, sentiment d’impuissance des soignants face à un travail qu’il faut faire avec des moyens pas toujours suffisants face à des exigences bureaucratiques et des patients qui subissent et parfois deviennent agressifs. »

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