Corse : Nouvelles arrestation de militants indépendantistes

Nous partageons ce rapport, reçu aujourd’hui du Cumitatu di Ricustruzzione d’u Partitu Cumunistu (CRPC) de Corse.

Tôt ce matin, dans la nuit encore froide où Bastia s’éveille à peine, l’État impérialiste français et sa justice bourgeoise a choisi une nouvelle fois de frapper. 3 jeunes corses ont été arrachés à leur foyer par la SDAT [Sous-direction anti-terroriste] et la BRI [Brigade de recherche et d’intervention], au nom d’une prétendue « affaire antiterroriste » (des faits reprochés de distribution de tracts) qui, comme les précédentes, vise moins à établir une vérité qu’à produire de la peur. È a paura hè l’arma di quelli chì ùn anu nè ragioni nè legittimità [Et la peur est l’arme de ceux qui n’ont ni raison, ni légitimité]. Il y a quelques mois déjà, une dizaine de militants de la jeunesse corse avaient été embarqués avec le même appareil spectaculaire, pour être ensuite relâchés, pour la quasi totalité sans poursuites, avec la charge absurde de leurs propres frais de retour, et pour certains avec des blessures invisibles mais profondes. Ce qui reste de ces opérations, ce n’est pas la justice : c’est le traumatisme, l’humiliation, l’intimidation.

Depuis des années, les forces de l’État tentent de dresser un portrait criminel de la jeunesse militante corse. Elles tentent d’étouffer l’engagement, de réduire au silence les voix qui s’élèvent pour défendre la dignité d’un peuple et le droit de décider de son avenir. Mais ce que Paris nomme « menace » n’est que la vitalité politique d’un peuple vivant. Ce qu’ils appellent « radicalité », c’est simplement la fidélité à la lutte collective, à la transmission, à la volonté de justice. Una ghjuventù chì si rizza ùn hè mai un periculu ; hè una speranza [Une jeunesse qui se lève n’est pas un danger mais un espoir].

Ce matin encore, les interpellations ont été menées avec violence : intrusion dans les foyers, réveils forcés, mise en scène policière. Cette manière de procéder n’a qu’un but : imposer l’idée que l’engagement politique en Corse serait en soi suspect, que militer pour la libération nationale serait déjà une faute. Mais nous savons tous ce qu’il en est : a ripressione ùn hè mai un segnu di forza, ma di paura [la répression n’est pas un signe de force, mais de peur]. L’État réprime parce qu’il craint ce que nous sommes capables de construire.

Face à cela, notre réponse ne peut être ni la résignation ni le silence. Elle doit être la solidarité active, la voix unie, le refus de l’isolement. La lutte nationale — la lutte populaire — n’a jamais dépendu d’un seul individu ; elle vit de notre capacité à nous tenir ensemble. Perchè solu ùn si và nunda, ma inseme si pò tuttu [parce que seuls nous n’allons nul part, mais ensemble tout est possible].

C’est pourquoi nous appelons l’ensemble de la jeunesse, l’ensemble des travailleurs, l’ensemble de celles et ceux qui refusent la criminalisation de la cause corse, à se rassembler devant le commissariat de Bastia à 6h30. Pas pour la colère seulement, mais pour la dignité. Pour dire que nous n’accepterons plus que des jeunes corses soient traités comme des ennemis parce qu’ils pensent, parlent et s’organisent.

Nous exigeons la libération immédiate des interpellés, l’abandon de ces procédures instrumentalisées, et la fin de cette stratégie de peur qui n’a jamais servi la paix ni la vérité. Qu’ils sachent que chaque tentative de briser un maillon de notre chaîne renforce en réalité tout le reste. 

Evviva a lotta, evviva a revoluzione ! [Vive la lutte, vive la révolution !]

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