Chaque hiver et malgré les températures glaciales, de nombreux habitants du quartier de Mermoz dans le 8ème arrondissement de Lyon subissent des pannes de chauffage à répétition. Ce jeudi 27 novembre, excédés par l’incompétence et le manque de réactivité des bailleurs sociaux, des habitants ont décidé d’occuper l’antenne locale de Grand Lyon Habitat (GLH) pour exiger des réponses mais surtout des solutions.
Comme à son habitude, le responsable local a tenté d’enfumer les locataires, usant de multiples stratagèmes pour écourter la réunion et se débarrasser des occupants. Il est allé jusqu’à nier le caractère urgent de la situation, alors même que certains des logements touchés sont habités par des personnes âgées et\ou en situation de handicap !
Face à l’insistance et la combativité des habitants, organisés dans le Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité (CPES) de Mermoz, le bailleur a fini par promettre de faire un « geste commercial sur les charges » et de recontacter le prestataire Engie pour qu’il « passe voir » les chauffages en panne. Ces mesures, loin d’être suffisantes étant donnés les risques sanitaires qu’encourent un bon nombre de locataires, montrent néanmoins que seules la mobilisation et la lutte font bouger les choses.
Suite au refus de reloger les habitants par GLH, des banderoles ont été accrochées devant l’agence et dans tout le quartier par le CPES de Mermoz. À la fin de l’occupation, une habitante du quartier de longue date ne décolère pas : « Ça fait 3 ans que ça dure, on souffre du manque de chauffage. Chaque année à partir du mois d’octobre : c’est la panique complète ! »
Le lendemain, une douzaine d’habitants de Mermoz et quelques membres du CPES du quartier voisin des États-Unis, présents par solidarité, se sont rendus à une réunion publique organisée par GLH et Engie autour de la question du chauffage à Mermoz. À leur arrivée, les habitants ont été accueillis par une équipe de sécurité embauchée pour « protéger » les responsables de GLH et d’Engie sur place. Comme toujours, alors que l’excuse du manque de budget est répétée à qui veut l’entendre, les caisses se remplissent miraculeusement pour leur confort ! Pas au bout de leurs surprises, les habitants se sont ensuite heurtés au refus catégorique de laisser rentrer les membres du CPES des États-Unis dans le lieu de la réunion, sous prétexte qu’ils ne sont pas locataires à Mermoz ! Cette tactique de division, de traitement au cas par cas, est un grand classique de GLH et des bailleurs sociaux en général : ils savent que c’est le seul moyen de garder le rapport de force en leur faveur. Mais par la même occasion, ils nous montrent la voie à suivre ! Si la solidarité, l’entraide et l’organisation leur font si peur, c’est bien car ce sont les piliers qui permettent aux classes populaires, partout où elles se trouvent, de lutter efficacement contre les exploiteurs en tout genre.
Cette nouvelle confrontation entre habitants et bailleurs sociaux, encore marquée par l’attitude suffisante et hautaine de ces derniers, a permis aux locataires d’exposer clairement certaines de leurs revendications : la réparation durable du système de chauffage dans tout le quartier, le remboursement des charges supplémentaires des deux derniers mois et la remise en condition des immeubles insalubres et mal isolés du quartier. À la suite de la réunion, des chauffages d’appoint ont été livrés à une partie des habitants et un plan de réparation du système de chauffage sur le long terme a été exposé, preuve s’il en fallait encore de la force de la lutte collective !
Cette première victoire est une avancée dans le développement du CPES de Mermoz, elle montre par la pratique et le travail de terrain l’importance et la puissance du combat collectif aux habitants. Bien que la lutte ne fasse que commencer, ces enseignements seront importants pour la suite et notamment dans les luttes au quartier contre les plans de destructions de l’état et de l’ANRU.


