Camarade Cégétiste ne fuis pas ! Assieds-toi et prends la peine de lire ces quelques lignes. Elles ne sont qu’amour et profond respect pour le travail syndicaliste sincère mené au quotidien dans les usines et les entreprises.
La philosophie marxiste nous dit que tout n’est que contradiction dans l’univers, car tout n’est que mouvement, ainsi la CGT est elle aussi une contradiction. La contradiction principale dans la société capitaliste est entre le travail et le capital, entre le prolétaire et le bourgeois, c’est cela la lutte des classes. Friedrich Engels va même plus loin, en expliquant que la friction entre les deux classes antagoniques, c’est la politique. Donc entre le prolétariat et la bourgeoisie, la question est politique, c’est la question du pouvoir. Il est juste de penser que seule la conquête du pouvoir par le prolétariat va en finir avec la principale contradiction, car elle est la mère de toutes les autres.
Le mouvement régissant la CGT est lui-même au centre de cette contradiction comme outil de défense du travail, du prolétaire face au capital, au bourgeois. L’immense problème que nous affrontons dans la CGT vient de plusieurs facteurs : ses bases politiques historiques, son histoire propre, l’histoire du mouvement communiste et ses trahisons et errements face à l’État, la réaction, les patrons, etc. Aujourd’hui, la lutte des classes revenant dans l’actualité, de plus en plus de fractions de la CGT sentent que cela ne va vraiment pas. La classe ouvrière enchaîne défaites sur défaites, entraînant dans son sillage un recul des droits démocratiques, sociaux, économiques de toute la société. Certains voient dans le problème la question du syndicalisme de collusion, réformiste ; ils amènent comme réponse l’honorable relique du syndicalisme révolutionnaire, ou encore l’idée « d’un syndicalisme de classe », dont le signifiant est tout sauf clair.
Nous l’affirmons, car l’époque est à l’affirmation : le problème central de la CGT c’est simplement le syndicalisme, qu’il soit réformiste, de classe ou encore révolutionnaire. Cela peut sembler un immense paradoxe, mais quand nous parlons de syndicalisme, nous parlons de conception et de pratiques corporatistes, qui ne s’adressent qu’aux syndiqués, c’est-à-dire à une infime fraction de la classe. La CGT est conçue comme « ne faisant pas de politique » alors que n’importe quelle grève, n’importe quel mouvement social est politique, la preuve étant qu’ils se concluent systématiquement par des négociations avec l’État, donc la bourgeoisie ; conclusions souvent malheureuses au demeurant. La CGT n’ayant plus de direction politique depuis que le Parti Communiste n’est plus, elle est devenue une sorte d’échappatoire pour des dizaines de chapelles politiques qui n’ont aucun but ni stratégie, si ce n’est d’exister.
La mentalité syndicaliste, se suffisant à elle-même, pourrit les cerveaux des authentiques prolétaires ne voyant plus le syndicat comme un des instruments d’émancipation, mais comme une fin en soi. L’activisme a disparu, la machine tourne sur elle-même, un appareil énorme mais vide se maintient tant bien que mal. Au fond, tout cela est conforme à ce dont le patronat a besoin, car la bourgeoisie a besoin de corps intermédiaires pour domestiquer le prolétariat. Les syndicats sont financés par le patronat, via l’État ou directement, pour qu’ils remplissent un rôle particulier – qui est bien entendu antinomique avec les statuts même de la CGT.
Friedrich Engels, encore lui, nous disait que la conscience ouvrière spontanée au maximum peut arriver au trade-unionisme, c’est-à-dire la défense des intérêts purement économique. En 2025, le prolétariat, les masses populaires, ont besoin de bien plus. Le problème n’est pas économique, mais bien politique. Ce n’est pas une question que le bourgeois répartisse ses richesses – c’est impossible – mais plutôt de supprimer la bourgeoisie en tant que classe. Il n’y a pas de miracle, seul le fusil entre les mains le prolétariat pourra négocier cette meilleure répartition, mais dans ce cas-là il sera bien entendu question de tout prendre. La CGT n’est pas là pour créer un cadre agréable pour l’exploitation capitaliste, mais bien pour participer à l’émancipation du travail. Ainsi, la situation nécessite la lutte pour le pouvoir, donc d’assumer la lutte des classes jusqu’au bout dans un processus de rupture avec « le syndicalisme ».
Pour cela il faut procéder dans la lutte par un grand nettoyage idéologique et politique. La CGT a trois cadavres en putréfaction dans ses armoires qui hantent chaque débat, chaque prise de position, chaque orientation politique, chaque mouvement social, qui pourrit littéralement l’action syndicale et qui participe à ce que la classe ouvrière n’assume pas son rôle historique.
Le premier, l’historique, l’absurde par excellence, c’est la Charte d’Amiens, absurde car étant complètement coupée de la réalité de la CGT depuis 130 ans. La France, inondée d’idéalisme, a eu un mal profond à intégrer le marxisme, n’en prenant que certains aspects pour jeter le principal, la question du pouvoir. La CGT fut créée dans un moment d’errance où l’anarchisme se déployait dans toute sa splendeur. L’anarchisme est « anti-politique ». Nous devons admettre qu’il est compliqué de comprendre ce que signifie cet « anti », si ce n’est un refus de la lutte pour le pouvoir et donc de changer la société. Cela élimine de fait le syndicalisme révolutionnaire, qui voit dans le syndicat l’unique instrument de l’émancipation humaine. Le syndicalisme révolutionnaire « ne faisant pas de politique » s’est uni avec la bourgeoisie dans l’Union sacrée, pour envoyer le prolétariat se faire massacrer pour les intérêts impérialistes en 1914. De même, quand un communiqué de la direction confédérale nous dit qu’il faut de l’armement national pour nous défendre, n’est-ce pas une participation à la haute politique ? Nous voyons juste que la non-participation politique à la CGT, c’est la non-participation à la lutte des classes et à la fin du salariat.
Les années 1930-1940 et l’implication de la CGT massivement contre le fascisme, puis la guerre de libération nationale antifasciste (la Résistance), démontrent que « faire de la politique » c’est défendre la classe. Il est évident que le syndicat doit se positionner dans les grands moments historiques, nous sommes sur la berge avec le retour de la guerre inter-impérialiste.
Le second cadavre, c’est les accords de Grenelle, et l’intégration totale des organisations de classe à l’État bourgeois, devenant un corps intermédiaire. Cela rejoint le premier cadavre « ne pas faire de politique » quand cela touche aux intérêts de la bourgeoisie. Le Grenelle, c’est la première intersyndicale du renoncement face à la poussée révolutionnaire. Bien entendu, il serait simpliste de penser que c’est la CGT qui a impulsé cela. C’est bien le P“C”F, déjà plus communiste, qui a piloté tout cela assumant sa stratégie de conquête du pouvoir par les urnes en tant que grand parti républicain. La poussée révolutionnaire du prolétariat devait donc être cantonnée, tout en acceptant le compromis avec l’État. Tout cela allait amener au rêve d’un Grenelle permanent entre le syndicat et l’État, cycle que nous devons briser pour qu’explose le retour de la lutte des classes, et donc des victoires pour le prolétariat.
Le troisième cadavre, c’est bien « le communiqué de l’infamie » fait par l’intersyndicale le 6 décembre 2018, qui n’a pas assumé son rôle en pleine poussée révolutionnaire des Gilets Jaunes. Elle a supplié Macron de l’écouter et d’ouvrir « des négociations ». Bien entendu, les masses en mouvement attendaient une décision du syndicat assumant une participation franche en mobilisant la classe. Au lieu de ça, la CGT s’est offusquée de l’irresponsabilité du gouvernement. Quand les chats se prennent pour des chiens, rien ne va plus. La Confédération a bon dos de s’insurger face au danger de l’extrême droite, quand, par son attitude et ses prises de positions, elle fait son jeu. Le syndicat doit être toujours du côté des masses populaires, à leur service, c’est cela son intérêt supérieur. Le 10 septembre fut en ce sens un très bon exemple que quand la CGT choisit le camp du peuple, elle redevient belle et puissante. Cela démontre que la CGT, avec l’intersyndicale, se met à la remorque des autres syndicats corrompus. Nous, braves militants syndiqués, servons alors à renforcer les ennemis du prolétariat et du communisme. La CGT n’a pas besoin de l’intersyndicale, par contre l’État et les patrons ont besoin d’elle.
Les faits sont imparables, le prolétariat a conquis des choses quand il était armé de son Parti, le syndicat assumant un rôle complémentaire, mais nécessaire. La CGT était belle, forte, puissante, les patrons ne la toisaient pas, ils en avaient peur. La phase descendante est intimement liée avec l’effondrement du Mouvement communiste une fois que le Parti de la classe ouvrière l’a définitivement abandonnée. La CGT était devenue un instrument défendant purement la légalité bourgeoise pour la conquête du pouvoir par le PCF, tout en criant sous tous les toits ne pas faire de politique. Une fois l’effondrement dudit PCF, elle est devenue un instrument pour elle-même, permettant à certains de faire carrière, enchaînant les défaites, et la soumission à l’ordre capitaliste.
Il est vrai que nous pouvons comprendre la peur qui anime certains dirigeants de voir la CGT imploser si elle fait des choix erronés. Mais dans les faits, la Confédération a fait systématiquement les mauvais choix, qui amènent – qu’on le veuille ou non – au risque de scission. Personne ne peut manipuler la lutte des classes, la CGT est le reflet de la lutte des classes, elle est partout, au travail, dans la rue, dans les familles, dans les organisations et donc dans la vieille maison.
Comme communistes syndiqués, nos tâches sont claires, nous nous devons de porter la combativité, l’organisation de la lutte, l’activisme, constituant un réseau classiciste pour la lutte pour la révolution socialiste. Nous ne noyautons pas, mais servons de tout notre cœur le prolétariat et son syndicat. Nous sommes les pèlerins infatigables de la reconstitution de notre glorieux Parti Communiste de France, lui seul qui peut redonner à la CGT sa flamboyance, en reconstruisant le Mouvement communiste. Qu’on le veuille ou non, c’est le seul chemin historique à faire contre la guerre impérialiste, contre le fascisme et pour le pouvoir aux prolétaires.
À mort le syndicalisme, vive les 130 ans de la glorieuse CGT, vive le Communisme !


