Depuis quelque temps, un nom revient régulièrement dans les médias : celui de Pierre-Édouard Stérin. Ancien étudiant en école de commerce, entrepreneur, milliardaire ou encore philanthrope, qui est réellement cette figure de la grande bourgeoisie française au projet politique bien établi ?
Le début du parcours de Pierre-Édouard Stérin dans le milieu des affaires, à partir de 1999, est marqué par une succession d’échecs et de mauvais investissements. C’est à partir de 2003 qu’il fait fortune avec les coffrets smartbox en lançant une franchise française de l’entreprise belge Weekendesk, puis en rachetant la société en 2007 qu’il rebaptise Smart&Co, dont le siège est délocalisé en Irlande quelques années plus tard. Comme son homologue Vincent Bolloré, il investit largement dans les médias pour faire la propagande de son projet politique ultra-réactionnaire. Il finance notamment divers médias en ligne comme Néo, Factuel ou encore Le Crayon. Plus récemment, en 2024, il rachète l’agence Marmeladz mais échoue à racheter Marianne. En 2025, son projet se concrétise avec le rachat de Valeurs Actuelles.
Son projet, il l’a baptisé PERICLES : Patriotes Enracinés Résistants Identitaires Chrétiens Libéraux Européens Souverainistes (PERICLES). Le nom résume bien le projet qui dit vouloir lutter notamment contre le « socialisme », le « wokisme », « l’islamisme », la « laïcité agressive » ou encore le « refus de la préférence nationale ». Ce projet sert trois objectifs : une victoire idéologique, une victoire électorale et une victoire politique. Stérin est ainsi l’un des grands-bourgeois aux avants-posts de la réactionnarisation de l’État, restructuration nécessaire à la défense des grands monopoles face à l’accentuation des conflits entre puissances impérialistes.
Pierre-Édouard Stérin investit massivement dans les médias et réseaux sociaux, mais également dans la formation de futurs cadres et dirigeants de formations politiques bourgeoises. Au total, c’est plus de 150 millions d’euros qui sont déployés dans le projet PERICLES. L’ampleur du projet est faramineux et nous vous invitons à lire le document de cadrage de PERICLES, dévoilé par l’Humanité.
Parmi les fonds d’investissement qui servent le projet, nous retrouvons le Fonds du Bien Commun. Un fonds de dotation dit « philanthropique » créé par Stérin servant à financer des associations ultra-réactionnaires et fascistes, arrosé d’argent par de grands monopoles comme McDonald, Peugeot-Citroën, le Crédit Agricole, etc. Ce Fonds du Bien Commun organise des « galas de charité » appelés Nuit du Bien Commun dans lesquels des associations sélectionnées peuvent présenter leurs projets et recevoir des donations, permises par les déductions d’impôt.
Face à ce projet de grande ampleur, à Rennes, une manifestation antifasciste s’est tenue le 19 novembre 2025 pour empêcher l’un de ces galas. En effet, la région est ciblée depuis quelque temps par le milliardaire pour la tenue de ses événements. Début novembre, une série de trois banquets du Canon Français à Goven ont été organisés près de Rennes. À première vue, il ne s’agit que de banquets festifs organisés par une startup créée en 2021. En réalité le Canon Français est financé par Stérin depuis 2024 et met en scène une vision fantasmée des « fêtes de village » et du « terroir français » en faisant la promotion de valeurs nationalistes. De nombreux militants antifascistes ont notamment dénoncé des saluts nazis, des chants et la présence de symboles fascistes lors de ces banquets. Si les organisateurs de ces banquets s’en défendent, ces événements s’inscrivent bel et bien dans la stratégie du projet PERICLES. Une militante de l’Union Communiste Libertaire (UCL), présente lors de la manifestation du 19 novembre, explique à notre journal vouloir « rendre la mobilisation populaire pour rendre ce genre d’événements impossibles ». Elle nous explique également que la mobilisation a réussi « à faire en sorte que l’événement soit en visio, mais que l’objectif reste l’annulation totale de l’événement ».
PERICLES n’est pas « l’œuvre d’un homme » : c’est un projet qui s’inscrit dans une période, celle de la crise générale de l’impérialisme. Les impérialistes ont une nécessité vitale de se renforcer, de se préparer à la guerre inter-impérialiste, seule échappatoire possible pour eux. Cela passe par l’endoctrinement de la jeunesse, comme le SNU puis le service militaire volontaire, mais également par une militarisation de l’économie. À Rennes toujours, la future usine d’armement Safran s’inscrit dans cette tendance à la remilitarisation. Stérin et Bolloré ne sont que des exemples visibles des moyens colossaux mis en place par les monopoles impérialistes dans cette quête.
Depuis quelques années, en particulier au cours des deux mandats de Macron, la Bretagne est une cible prioritaire pour les ultra-réactionnaires. Pendant longtemps, la région a été hermétique à l’influence du FN / RN. Encore lors des dernières élections législatives, la Bretagne reste la seule région à n’avoir élu aucun député RN, d’où l’enjeu d’y provoquer une percée.
Les forces révolutionnaires des centres impérialistes doivent refuser « l’Union Sacrée » et tout compromis visant à renforcer la puissance répressive et militaire de l’État. Les révolutionnaires sincères doivent accomplir leur tâche historique, celle de détruire leur propre impérialisme et de mener la révolution socialiste. Non pas en se compromettant avec l’État, par le biais d’élections et autres mascarades, mais en assumant que la révolution est le renversement violent d’une classe par une autre.


