Classement sans suites dans l’enquête sur l’assassinat d’Yvan Colonna

Ce matin, des lycéens d’Ajaccio (lycées Fesch et Laetitia), ainsi que de Corte et Porto-Vecchio ont bloqué leur lycée pour protester face au classement sans suite de l’enquête ouverte suite à l’assassinat du combattant patriote Yvan Colonna, visant l’administration pénitentiaire. Sans preuves et sans aveux, Yvan Colonna avait été désigné coupable avant même son arrestation, de l’assassinat du Préfet de Corse, Claude Érignac, en février 1998.

Arrêté et emprisonné en 2003, Yvan Colonna est condamné en 2007, 2009 et 2011, à la réclusion criminelle à perpétuité, dans une série de procès tronqués. Le 21 mars 2022, Yvan Colonna est assassiné par un codétenu dangereux, normalement placé sous surveillance constante de l’administration pénitentiaire. Lors de l’attaque, aucun surveillant n’est présent et les caméras de surveillance ont été coupées. L’assaillant expliquera ensuite avoir agit sur demande des services secrets français, contre rémunération.

Dès de lendemain de l’annonce de la mort d’Yvan Colonna, un mouvement de révolte spontané avait embrasé la Corse, visant l’impérialisme français, sa police, son administration. La jeunesse de l’île était en première ligne, bloquant tous les lycées et l’Université, s’affrontant courageusement aux CRS.

Nous partageons ici le communiqué publié hier par le Cumitatu di Ricustruzzione d’u Partitu Comunistu – CRPC (Comité de Reconstruction du Parti Communiste) de Corse :

Statu francese assassinu !

Nous dénonçons avec colère mais sans surprise le classement sans suite de l’enquête visant l’administration pénitentiaire après la mort d’Yvan Colonna.

Une fois encore, la justice française prouve qu’elle n’est que le bras docile d’un État colonial, prompt à étouffer toute vérité lorsqu’elle met en cause ses propres structures de domination.

Derrière les formules techniques du parquet de Tarascon, il n’y a qu’un message : l’État bourgeois et impérialiste ne juge pas l’État bourgeois et impérialiste. Aucune faute, aucune responsabilité, aucune trace de la complicité pourtant évidente entre les services pénitentiaires et l’appareil répressif qui a permis l’assassinat d’un prisonnier politique. Le silence est organisé, les preuves effacées, les fonctionnaires blanchis. La République se protège elle-même, comme toujours.

Pour le peuple corse, ce déni de justice n’est pas une surprise. C’est la continuité d’un système où la répression politique, la prison, la surveillance et le mépris forment la trame de la domination coloniale. La mort d’Yvan Colonna n’est pas un « fait divers carcéral » mais un acte politique : un message adressé à tout un peuple pour lui rappeler que sa révolte se paie du prix du sang.

Mais qu’ils ne s’y trompent pas : cette stratégie de la peur ne portera pas ses fruits. Le sang versé nourrit la mémoire et renforce la conscience révolutionnaire. Loin d’étouffer le mouvement, ils l’attisent. De la prison d’Arles aux villages de notre île, la colère ne retombe pas.

Le CRPC salue une nouvelle fois les masses mobilisées lors des glorieuses révoltes pour Yvan qui ont rappelé avec force que la vérité ne sortira ni des tribunaux ni des commissions, mais de la lutte populaire elle-même. C’est dans la rue, dans les montagnes, dans les foyers militants que la justice sera rendue, pas dans les bureaux d’un État qui assassine et se blanchit.

L’assassinat d’Yvan restera inscrit dans les mémoires comme un crime d’État, celui de l’état français.

Nous ne demandons pas la justice de leurs lois : nous imposerons la justice prolétarienne.

Yvan Colonna, patriottu è rivoluzionariu, ùn serà mai dimenticatu.

À lotta cuntinua, fin’à a vittoria.

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