Le siège est un tigre de papier


Dans la soirée du 1er octobre, nous apprenons l’interception par Israël de la Global Sumud Flotilla à l’approche des côtes de la Palestine occupée. L’initiative, partie de 47 pays dans le monde entier, s’est lancée en juillet 2025 forte d’une quarantaine de bateaux. Son objectif est de livrer de l’aide humanitaire au peuple palestinien faisant face au génocide. Elle se situe dans le sillage des précédentes flottilles pour Gaza, qui jusqu’ici ont toutes été interceptées par les actes de piraterie de l’État sioniste.

Dans son dernier communiqué de presse, la GSF dénonce un enlèvement illégal des 443 volontaires, contraire au droit international. Avant cela, elle est la cible d’un harcèlement constant sur le trajet, notamment par des drones non identifiés qui ont menacé l’intégrité physique de plusieurs bateaux à au moins trois reprises au cours du mois de septembre 2025.

Face à cette situation, où 55 ressortissants français sont kidnappés dans les eaux internationales puis emprisonnés illégalement, voilà ce que déclare le Ministre des Affaires Étrangères, Jean-Noël Barrot,  :

« Avant leur départ, il avait été rappelé aux participants qu’il est fortement déconseillé à tout ressortissant français de se rendre dans la zone [Gaza, ndlr]. La France était par ailleurs en lieu régulier avec les autorités israéliennes pour qu’une éventuelle opération d’arraisonnement se déroule dans les meilleures conditions de sécurité ».

Cet aveu de collaboration éhontée s’inscrit dans la continuité de la participation active de l’État français dans la guerre génocidaire. Il fait suite également au lâche abandon de l’Italie, supposée défendre la flottille en cas d’attaque israélienne, refusant de risquer un « incident diplomatique ». Derrière les belles promesses de reconnaissance diplomatique et les discours démagogiques, les impérialistes se distinguent une fois de plus dans l’hypocrisie et la complicité en fuyant la queue entre les jambes. À quoi bon se faire le tribun du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, les « sauveurs du peuple palestinien » après plus de deux ans de génocide, quand on est enfoncés à ce point dans la compromission et la lâcheté politique ? Nous ne nous étendrons pas davantage, cette tambouille ne nous a été servie que bien trop de fois et nous connaissons nos ennemis.

Cependant, malgré le lourd dispositif d’arraisonnement mis en place par l’État génocidaire, un bateau a réussi à briser le siège. Le bateau Mikeno, esquivant de justesse les manœuvres de la marine israélienne, s’est approché à plus de 15 miles nautiques de Gaza assiégée, entrant dans les eaux directement visées par le blocus. Ce simple bateau civil a suscité l’espoir dans le monde entier, avant que les grands moyens n’aient été mis en œuvre pour l’arrêter. Mikeno, sous les yeux de tout le monde, a montré qu’il était possible de briser un siège qui paraissait infranchissable depuis 2007. Le mythe de l’invincibilité d’Israël en perd une fois de plus de sa crédibilité. Pendant que son armée s’enlise dans les sables de Gaza et que la pression s’accroît autour de son économie à l’internationale, son siège réputé inviolable est percé par une petite embarcation civile qu’elle a dû arrêter de justesse.

Les réactions à l’internationale n’ont pas attendu que les 44 bateaux soient immobilisés pour éclater. Dès les premières pertes de contact de la GSF dans la soirée du 1er octobre. En France, des rassemblements de masse ont lieu, notamment sur la Place de la République à Paris, mais aussi dans d’autres villes à l’instar de Lyon. Le 2 octobre, on s’est rassemblés à Marseille, Lyon, Paris, ou encore Saint-Étienne.

En Italie, les masses se sont mobilisées largement, dans la continuité du grand mouvement de grève du 22 septembre qui avait paralysé le pays, où plus de 50 000 personnes avaient bloqué les routes pour exiger la fin du génocide. Les dockers de Gênes se sont également illustrés, en menaçant de bloquer l’Europe si toute perte de contact avec lieu avec la GSF. Le 1er octobre, des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Rome et de Naples. À Naples même, les masses ont bloqué les quais et les voies des gares, tandis ce que les Génois ont bloqué les accès au quai du port de la ville, avant de couper les accès de la principale autoroute de la région. À Milan, les gares ont été fermées par les masses. Les principales villes du pays se sont mobilisées : Turin, Florence, Pise, Livourne, Sienne, La Spieza et Pistoia étaient de la partie.

Des rassemblements ont éclos un peu partout dans le monde, à Ankara, Istanbul, Athènes, Mexico, Buenos Aires, Berlin, Barcelone, Bruxelles. Dans beaucoup de ces pays, la pression a été mise sur les lieux de pouvoir. Parallèlement, un appel lancé par le Comité International pour Briser le Siège (CIBS) appelle une grève générale mondiale pour détruire le blocus et interrompre le génocide à Gaza, qui sera d’abord suivie en Grèce et en Italie dès le 3 octobre.

Cet évènement nous montre une chose : la peur panique que suscite la mobilisation de masse dans le mouvement de solidarité avec la Palestine. Bien que le blocus n’ait pas encore cédé, les premières flottilles créent un sillon qu’il est désormais impossible pour les impérialistes de combler. Les gouvernements, malgré leurs bonnes paroles et leurs gesticulations à l’ONU n’ayant aucune intention de stopper le génocide en cours, seules les masses organisées peuvent accomplir cette tâche pour hâter la victoire de la résistance à Gaza.

Les réactions internationales montrent également le réel contenu de cette flottille. Partout, la colère des masses grondent, elles veulent briser le siège et mettre fin au génocide, et ce par tous les moyens possibles, que ce soit par voie de mer, ou voie de terre comme pour les marches vers Gaza. L’impuissance politique imposée par les dirigeants des pays collaborateurs d’Israël pèse sur les masses. Cette rage est une cocotte minute, en particulier dans les pays arabes qui commencent à gronder.

D’un autre côté, les masses des autres pays nous guident sur la voie à suivre en France. Face à la complicité de nos Etats, qui ont montré leur intérêt direct dans le génocide du peuple palestinien, seul le peuple peut véritablement prendre les choses en main en paralysant la machine à approvisionner le génocide. À Gaza, les masses palestiniennes et leur héroïque résistance paient un lourd tribut pour repousser l’occupation génocidaire. Elles donnent leur sang tous les jours plutôt que de céder à la capitulation et l’impuissance face aux colons. En Occident, et dans le monde entier, le prix que nous demande le peuple palestinien est bien faible en comparaison. À nous de nous en acquitter.

La Global Sumud Flotilla et le grand mouvement de solidarité apparu à ses côtés ouvre le chemin à une grande mobilisation démocratique mondiale pour briser le siège : empruntons le ! Et nous verrons, comme l’a prédit la jeunesse résistante de Naplouse, qui assiégera qui.

Solidarité avec les 443 volontaires kidnappés par Israël, brisons le siège de Gaza !

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