18 septembre : Point de mi-journée

Après le round réussit du 10 septembre, ce jeudi18 s’annonçait comme un moment de lutte des classes intense. Après avoir décompté 300 000 grévistes le 10, à l’appel du mouvement Bloquons Tout et de la CGT, l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) espère mettre dans la rue 1 million de personnes aujourd’hui. On dénombre plus de 250 points de manifestations prévues dans le pays, à l’appel du Front commun intersyndical, réunit pour la première fois depuis deux ans.

Du côté de l’État, la crainte d’un mouvement prolongé et violent s’est observée dès l’été, avec l’anticipation d’un dispositif répressif inédit depuis la révolte des Gilets Jaunes, en 2019. Ce jeudi 18 septembre, ce sont à nouveau 80 000 policiers qui sont mobilisés, avec 24 véhicules blindés, dont 7 réservés pour la capitale et 10 engins lanceurs d’eau. Le ministère dit attendre 900 000 manifestants, « dont 10 000 casseurs ». Dans les grandes villes, la police sera aussi équipée de drones pour mater les manifestants. Le gouvernement peut compter sur une Flotte de 1615 drones flambant neufs, répartis entre police et gendarmerie.

La force des blocages des flux

Très tôt ce matin ont commencé les mouvements de grève et de blocage, en particulier dans les secteurs de l’énergie et des transports. A Marseille, le port est bloqué par les grévistes et les bateaux s’accumulent au large. En région parisienne, les taux de grévistes sont parfois impressionnants, comme au centre RATP de Pleyel Saint-Denis, avec 85 % de grévistes annoncés. Dans le même temps, le centre RATP de Lagny (20ème arrondissement) est bloqué par les salariés et des soutiens. Des actions similaires ont lieu ailleurs en France, comme à Lyon, à Bordeaux et à Lille.

Les axes autoroutiers sont également ralentis. Des opération escargot sont organisées sur l’A57 et l’A50 aux entrées de Toulon, ainsi qu’un blocage de l’A84 à Caen, etc. Des axes sont également perturbés à l’entrée de la plupart des agglomérations (Nantes, Lyon, Rennes, etc.), ainsi que de plus petites villes, comme à Limoges. La mobilisation du rail à la SNCF vient compléter celui des transports en commun, en particulier la RATP, avec le ralentissement des flux de marchandises et de voyageurs. À 10 heures, le ministère de l’intérieur décomptait 252 actions en zone gendarmerie, c’est-à-dire en dehors des grandes villes, réunissant 28.500 personnes actives. Rien qu’à Marseille, plus de 900 personnes auraient participé à 18 actions de blocage.

La mobilisation est largement suivie à la Réunion, avec beaucoup de manifestants à Saint Pierre, ainsi que des grèves massives et des blocages routiers. En Martinique, Bruno Retailleau a annoncé avoir fait déjouer une tentative de sabotage du réseau d’eau de l’île, où des vannes avaient été fermées intentionnellement, acheminement de l’eau dans le Sud de l’île, touchant 150 000 personnes. Une seconde tentative de sabotage a eu lieu sur le même site, pour bloquer le fonctionnement de l’usine de potabilisation.

La Jeunesse en première ligne

Ce qui marque cette matinée de grande mobilisation, c’est la puissance et la combativité du mouvement lycéen, sûrement inédit depuis les mouvements d’opposition à Parcoursup, en 2018. Dans toutes les grandes villes, des dizaines de lycées ont été bloqués, avec une réaction aussi forte des forces de police, visant la jeunesse à coup de gaz lacrymogène et de LBD. A titre d’exemple, à Nantes, on compte pas moins de 9 lycées bloqués ce matin ; près de 1000 lycéens en manifestation à Chambéry, etc. La mobilisation de la jeunesse est complétée par la grève enseignante : la FSU annonce ce matin un taux de grévistes de 45% chez les personnels des collèges et lycées.

Côté Universités la mobilisation est plus clairsemée, avec la rentrée tardive et les nouveaux instruments des cours en distanciel. Plusieurs blocages sont néanmoins à souligner : campus de Tréfilerie à Saint-Étienne, campus Triolet à Montpellier, campus de Tolbiac à Paris 1, Université de Caen, faculté de droit de Rouen, faculté de lettres de Clermont-Ferrand, Université Lyon 2 de Bron, etc.

Partout dans les premières manifestations, surtout chez les lycéens et étudiants, le drapeau palestinien est hissé. La lutte contre le génocide et pour le droit de résister du Peuple palestinien est désormais un enjeux politique incontournable pour la jeunesse, qui renoue avec l’esprit internationaliste. Les actions en lien avec la dénonciation du génocide sont nombreuses : blocage de l’usine de production d’armement Eurolinks, à Marseille ; blocage de Carrefour à Saint-Denis, de McDonald’s à Aubervilliers, des locaux de Thalès à Rennes, etc.

Ce que l’on observe partout ce matin, c’est la brutalité et la rapidité de la répression policière pour intervenir sur un maximum de points de blocages. Qu’il s’agisse des transports ou des lycées, ordre a été donné de se montrer « intraitables ». La force de la réaction démontre une chose importante : la faiblesse d’un Régime en crise, qui craint que la situation ne dégénère et qu’il se retrouve incapable de maintenir l’ordre. Nous suivrons cette après-midi la situation des grandes manifestations qui s’annoncent déjà historiques.

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