Liban : le désarmement de la résistance par le gouvernement traître libanais

Les journées des 5 et 7 août resteront à jamais gravées dans l’histoire du Liban comme des journées de honte. En effet, suivant un plan imposé par l’impérialisme yankee, le gouvernement de Nawaf Salam a décidé de désarmer la résistance, ciblant principalement le Hezbollah.


L’État libanais ne représente plus aucune sécurité pour son peuple. Alors qu’un cessez-le-feu a été signé le 27 novembre 2024, Israël bombarde quotidiennement le Sud, la Bekaa et la banlieue sud de Beyrouth. En réponse, le gouvernement libanais se contente de céder aux exigences des impérialistes. Alors que le Liban a payé le prix de 10 000 martyrs pour son soutien à la Palestine, le gouvernement complote contre sa propre résistance.

Une première décision honteuse de ce gouvernement de l’humiliation a été le désarmement des camps palestiniens, en coopération avec les traîtres de l’Autorité palestinienne. Ce plan, en plusieurs étapes, a été lancé à la mi-juin 2025, ouvrant la voie au désarmement de la résistance nationale libanaise.

Cet été, un simulacre de négociation a eu lieu : en réalité, une soumission totale du Liban à l’impérialisme yankee par l’intermédiaire de l’envoyé américain Tom Barrack, qui s’est contenté d’imposer des conditions servant uniquement les intérêts impérialistes, principalement celui de renforcer l’avant-poste israélien.


Sous la pression de l’isolement économique et politique orchestré par Washington et ses alliés arabes, ainsi que des bombardements sionistes, le 5 août, le gouvernement de Nawaf Salam a annoncé limiter les armes à l’État et mettre en place un plan de désarmement du Hezbollah avant 2026. Le 7 août, l’adoption de la feuille de route de Tom Barrack est venue sceller cette capitulation, reconnaissant à demi-mot Israël. Cette décision a été prise en
l’absence des députés chiites et applaudie par le reste de l’assemblée. Nawaf Salam, Premier ministre, et Joseph Aoun, président de la République, ont ainsi appliqué une feuille de route dictée par les impérialistes et Israël.


La trahison est totale. Le gouvernement se soumet à l’impérialisme et ordonne le désarmement de la résistance libanaise alors même que le Sud reste occupé. La trahison est d’autant plus grande que le ministre de la Défense libanais a reconnu avoir coopéré avec Israël pour obtenir des informations sur les caches d’armes du Hezbollah.
Michel Fansi a déclaré :
« Oui, nous avons reçu des informations des renseignements israéliens via le mécanisme concernant le désarmement du Hezbollah dans le sud du Litani. »


À l’image de l’État en faillite, le processus de désarmement a déjà été marqué par la mort de six militaires libanais dans un accident survenu dans une cache d’armes du Hezbollah.

Les réactions ne se sont pas faites attendre. Alors que le gouvernement se félicitait de cette décision, le président Aoun a déclaré :
« La décision de désarmer le Hezbollah est irréversible. L’armée mettra en place un mécanisme de remise des armes d’ici la fin de l’année, qui sera appliqué quelles que soient les voix de l’opposition. »
Pour la résistance, le désarmement n’est pas une option. Diverses figures chiites et chrétiennes ont exprimé leur rejet de cette décision. Le président du bloc parlementaire du Hezbollah Al-Wafaa lil-Muqawama, Mohammad Raad, a déclaré à la télévision :
« Je dis : la mort plutôt que de remettre les armes. Qu’ils aillent donc carreler la mer. »


L’ancien président Émile Lahoud a ajouté :
« La remise des armes en pleine bataille est considérée comme une trahison au
sens militaire. »

Les réactions les plus vives sont venues du peuple. Dans les régions chiites, de nombreuses manifestations ont éclaté dès le 5 août et se poursuivent, avec des routes bloquées par des incendies. En réponse, l’armée a déployé des unités pour réprimer ces rassemblements, de Baalbek dans la Bekaa jusqu’au Sud, en passant par Beyrouth et sa banlieue.


Derrière ces événements, on voit revenir la stigmatisation des chiites et des habitants du Sud. Au-delà de l’aspect confessionnel, c’est une offensive des impérialistes et de la bourgeoisie libanaise pour éteindre un foyer anti-impérialiste au potentiel révolutionnaire.


Les régions à majorité chiite, marginalisées depuis des décennies, ont été marquées par une lutte des classes importante et ont longtemps constitué le principal bastion du Parti communiste libanais. Qualifiés de « prolétaires des prolétaires » par Elizabeth Picard, les chiites ont toujours été mal vus par une bourgeoisie réactionnaire qui cherche à maintenir le système confessionnel
et les mafias au pouvoir. Le Hezbollah est né de l’abandon par l’État de toute défense des chiites face à l’occupation sioniste. Accusé d’être un État dans l’État, Hassan Nasrallah avait répondu :
« Quand vous deviendrez un État, venez nous demander de ne pas être un État
dans l’État. »


Un État qui permet l’invasion et l’occupation de sa capitale, qui ne fait rien pour libérer ses territoires, qui ne peut étendre son autorité qu’avec l’aide de son ennemi, qui laisse son peuple mourir tout en encaissant l’argent des pays donateurs pour le stocker dans ses coffres… n’assume même pas les tâches d’un Etat des bourgeois et des propriétaires terriens.

Désormais, la réaction de la résistance est attendue, et il n’y a pas de doute qu’elle tiendra dans cette lutte le rôle victorieux et saura triompher des épreuves. Comme l’a dit le communiste libanais Georges Abdallah depuis sa libération, c’est sur la base de la résistance que peut se construire la libération nationale du Liban et des autres pays arabes.

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