Espagne, Italie, Grèce… Dans le sud de l’Europe, où la lutte des classes s’est aiguisée et où les peuples ont appris dans le feu des grandes luttes économiques et politiques, les masses ont un message à faire passer.
Nous avons pu observer avec beaucoup de plaisir des dizaines de milliers de personnes affronter la police pour empêcher la fin de la Vuelta (le Tour d’Espagne cycliste). Les masses, en Grèce, ont également lutté contre chaque incursions de « touristes » sionistes, qui ne sont que des réservistes de l’armée génocidaire en permission. Nous avons également pu observer les mobilisations des dockers d’Espagne, de Grèce et d’Italie se mobiliser dans des grèves politiques, pour empêcher les armes d’aller vers Gaza.
Alors que la combativité semble gagner les masses avancées anti-impérialistes, la situation en Italie n’a fait que confirmer la tendance.
Le 22 septembre, les syndicats « de gauche » USB, CUB, USI-CIT et SGB ont appelé à une grande grève et des mobilisations, sous le slogans… « bloquons tout », pour exiger une action de l’État Italien contre le génocide à Gaza. Les dockers, fer de lance de la mobilisation, dans des prises de paroles et des communiqués, ont établi la ligne politique générale de la mobilisation : « saluer la dignité et l’école de la Résistance qu’est la Palestine, et faire notre part contre cette guerre injuste ». Ils promettent le durcissement de la grève et des blocage si Israël sabote la nouvelle tentative de briser le blocage, par la flottille d’une cinquantaine de bâtiments actuellement en route vers Gaza.
Cette ligne politique juste mobilisé des centaines de milliers de personnes, alors que la grève générale « pour la paix » de la CGIL du 19 septembre n’avait pas réussi à été réellement suivie. Ce sont 50 % des cheminots, 90 % des dockers, un nombre significatifs de salariés de l’éducation, des transports publics et privés qui ont fait grève, rejoint par les secteurs moins organisés de la classe et par la jeunesse combative. Dans plusieurs villes comme Bologne, le trafic a été complètement paralysé ; des affrontements ont mis en échec la Police à Milan. Les masses ont été à la hauteur de la situation et ont fait reculer les forces de répression en imposant leur revendication : « liberté pour la Palestine ! A bas Israël ! ».
Nous ne devons pas sur-estimer la puissance de la mobilisation. Si elle était massive, c’est d’abord sa qualité nouvelle qui doit être comprise. A l’image de la mobilisation du 10 septembre en France, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui s’organisent autour de mot d’ordres politiques, saisi par des dizaines ou des centaines de milliers de masses, avec une méthode combative, débordant largement des habituels cercles révolutionnaires.
La situation italienne, comme espagnole, montre plusieurs choses : d’abord, elle détruit le mythe trotskyste de la grève générale économique, qui permettrait de libérer le temps de tous les prolétaires d’un coup, désorganiser l’état qui tomberait et laisserait place au pouvoir des assemblées générales, sans violence. Nous voyons en Italie que malgré le succès de la grève, le développement est toujours inégal et sans la décision des structures syndicales, c’est à dire de l’organisation, et sans direction politique, les choses ne vont pas plus loin « spontanément ». L’explosivité des masses est omniprésente, les grandes journées de mobilisations qui secouent le Pérou, la Bolivie, l’Équateur, le Népal, l’Indonésie et les Philippines, mais aussi la France, l’Italie, sur ces simples dernières semaines, montre que seul manque le facteur subjectif, la direction politique.
Mais cette leçon n’est que secondaire, elle n’est qu’un coup de plus à un système de pensée tombé en décadence et qui n’a plus sa place dans le paysage politique depuis la crise de 2008.
La leçon principale, c’est le retour, partout en Europe, des mobilisations politiques de la classe ouvrière, qui renoue avec les méthodes pré-révisionnistes : grève et piquets comme cœur de la mobilisation, blocages et affrontements comme complément essentiel, formulation de revendications politiques, internationalisme assumé. La réussite de la grève du 22 septembre comparé à celle du 19 montre que les mots d’ordre assumés ne repoussent pas les masses, bien au contraire. Elles se sont saisies des mots d’ordre offensifs des dockers, et cette journée participe à n’en pas douter à la recomposition de la classe en Italie et dans toute l’Europe. La présence, dans de nombreuses villes, des drapeaux de la Ligue Anti-Impérialiste est un autre facteur de réjouissance.
La grève en Italie n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel sans nuage mais une preuve de la justesse de l’analyse des marxistes : la tendance principale est à la révolution. Les masses prolétaires d’Italie ont fièrement posé une nouvelle pierre sur le chemin du retour de la classe ouvrière comme ennemi conscient et assumé de la bourgeoisie et du système impérialiste. Avanti !