A propos des appels à la « planification de la relocalisation » et aux « nationalisations » limitées ou totales

Note de la rédaction : Nous invitons nos lecteurs à lire en premier lieu « Réindustrialisation : comment l’impérialisme français se prépare à la guerre », dont cet article est la suite.

Avec la situation économique de l’impérialisme français, notamment le sujet brûlant des licenciements, les partis de « gauche » et les syndicats comme la confédération CGT ont dépoussiéré les mots d’ordre de planification et de nationalisation.

Ainsi, la CGT a, comme deuxième revendication immédiate de son plan contre les licenciements : « Un plan national de maintien et de relocalisation des outils et emplois industriels, piloté par un État assumant un rôle d’acteur central de l’industrie ». Du côté de l’Humanité ou de l’Institut La Boétie de Mélenchon, on montre qu’il serait possible, voire même souhaitable, de nationaliser ArcelorMittal.

Ces mots d’ordre posent une question politique essentielle. À première vue, on peut croire qu’il s’agit d’idées légitimes pour sauver les emplois, pour rappeler à l’État bourgeois sa « responsabilité » dans des entreprises et secteurs qu’il a souvent privatisés ou bien où il reste investisseur. Mais en réalité, si nous reprenons ce que nous avons expliqué, toute cette position s’évanouit et révèle qu’elle est le pendant social-chauvin à la politique affirmée de réindustrialisation de la bourgeoisie française et des monopoles.

En effet, si les investissements actuels de l’État et des grands monopoles impérialistes visent à transformer leur base économique interne pour la guerre, alors quiconque soutient qu’il est possible d’accompagner ce mouvement par un programme « de gauche » se dévoile en réalité comme un soutien de l’effort de guerre impérialiste. L’acier d’ArcelorMittal ne sera pas plus bénéfique à la classe ouvrière si, sous pavillon de l’État, il sert à fabriquer des canons CAESAR pour la guerre.

Le rôle de l’État bourgeois dans cette politique est, comme nous l’avons déjà expliqué, d’être l’instrument des monopoles pour se tailler des accords avantageux en termes de subventions, exonérations d’impôts ou encore reprises d’usines. S’il y a des nationalisations, car elles ne sont pas à exclure, ça ne sera pas suite à la pression ouvrière ou populaire, mais bien car il y a un besoin économique ou politique stratégique que l’État bourgeois viendra combler.

Le capitalisme monopoliste peut aussi appartenir à l’État, et dans un vieux pays impérialiste comme la France, des pans entiers de l’économie ont changé de main entre État et monopoles privés au fil des décennies sans que la base économique ne change. Le rôle des instruments de la classe ouvrière comme le syndicat est de dissiper ces illusions que la nature des monopoles changera selon s’ils sont publics ou privés : l’État bourgeois ne se privera pas de licencier ou de mal payer, si c’est dans les intérêts de la grande bourgeoisie française.

Au contraire d’accompagner et de soutenir ce mouvement « par la gauche », de planifier l’exploitation avec la bourgeoisie, de se « républicaniser » en venant porter une contradiction molle à Macron à la télé, le syndicat doit organiser sur le plan de la lutte revendicative l’opposition unanime des masses à la guerre, répandue y compris chez les ouvriers qui travaillent dans l’armement. La classe ouvrière française a une longue tradition de lutte contre la guerre impérialiste, notamment grâce à son syndicat, et les années à venir vont remettre au goût du jour toutes ces pratiques pour permettre d’aplatir la position chauvine et les plans va-t-en-guerre.

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