Editorial n°81 : « Le camp du peuple est notre camp ! »

Le 15 juin dernier, le préfet de Haute-Garonne interdisait le rassemblement pour Bilal, tué par la police à Toulouse au début de l’année 2025, sans aucun motif valable. Comme dans cet exemple, d’innombrables rassemblements et manifestations ont été interdits de façon totalement anti-démocratique ces dernières années. Depuis 18 mois, des centaines d’activistes médiatisés ou anonymes ont été intimidés, arrêtés, poursuivis devant les tribunaux et condamnés pour leur soutien à la Palestine, pour une opinion. L’exemple d’Alex, arrêté par l’anti-terrorisme pour un discours, préfigure la criminalisation de toute pensée dissonante. Cet acharnement de l’État bourgeois ne se limite pas aux militants, il s’étend bel et bien à tous ceux qui osent exprimer une idée opposée à l’impérialisme français, à tous ceux qui s’organisent collectivement. 

Nous disons donc à l’État bourgeois : « Le camp du peuple est notre camp ! » Voilà la position unique que nous opposons à tous les exemples divers et variés de répression et d’oppression qui se déchaînent, non seulement sur le mouvement révolutionnaire, mais aussi sur toute initiative populaire organisée.

Nous avons toujours été très clairs sur la définition de l’État bourgeois français : une démocratie bourgeoise, c’est-à-dire le masque bien peu convaincant d’une dictature des monopoles français, une fausse démocratie qui se dévore désormais elle-même en niant chaque jour ses principes démocratiques-libéraux. Ainsi, nous n’avons aucune illusion sur le fait de « sauver la démocratie », ou que ce qui se jouerait en ce moment serait une bataille entre démocratie et fascisme.

Non, ce qui est essentiel c’est que nous défendons les droits démocratiques jusqu’au bout, en tant que droits du peuple. Nous ne sommes pas aveugles : nous voyons bien que la bourgeoisie veut attaquer toutes ces libertés, tous ces droits, pour qu’ils ne puissent plus être utilisés par les masses, même pas dans un spectacle démocratique où on se chamaille pour savoir si le pouvoir vient de la rue ou de l’urne, alors qu’il est toujours venu de la force armée. 

Alors si nous rejetons en bloc la démocratie bourgeoise, on pourrait se poser la question de pourquoi défendre ces droits, de pourquoi appeler à grouper les masses dans ce but ? Il faut défendre chaque recoin des droits démocratiques que nous avons conquis, car ces conquêtes facilitent la lutte révolutionnaire, elles sont des champs de bataille entre la bourgeoisie et nous. C’est d’autant plus important d’élever notre compréhension et notre action sur ce point car il faut organiser la riposte aux attaques anti-démocratiques de l’État. Il faut nous organiser pour braver les interdictions de manifester, de se rassembler, les interdictions de symboles, de drapeaux… 

Et pour tout ça nous portons le mot d’ordre de défense des droits du peuple, c’est-à-dire les droits démocratiques poussés jusqu’au bout. Comment est-ce possible de les garantir ? Seulement en accomplissant la révolution socialiste, qui est la grande épopée du prolétariat de France commencée au 19e siècle et laissée en suspens depuis. Pour la recommencer, rééditer et pousser plus loin la Commune de Paris dans la nouvelle vague de révolutions prolétariennes dans le monde, il faut tout d’abord reconstituer ici l’état-major du prolétariat, son Parti.

Car le grand Lénine nous a appris que « le prolétariat n’a d’autre arme dans sa lutte pour le pouvoir que l’organisation. […] le prolétariat peut devenir et deviendra inévitablement une force invincible pour cette seule raison que son union idéologique basée sur les principes du marxisme est cimentée par l’unité matérielle de l’organisation qui groupe les millions de travailleurs en une armée de la classe ouvrière. À cette armée ne pourront résister ni le pouvoir décrépit de l’autocratie russe ni le pouvoir en décrépitude du capital international. » Nous savons que sur le plan historique, la démocratie bourgeoise est remplacée par la dictature du prolétariat, c’est-à-dire la démocratie pour la majorité et la dictature pour la minorité des exploiteurs contre-révolutionnaires. Il est plus que jamais entre nos mains de transformer cette grande tâche en une réalité en renforçant l’organisation du prolétariat et ses alliés futurs contre tous les assauts désespérés d’une bourgeoisie française agressive et moribonde.

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