Le 29 juin 2025, en Savoie, un cas de dermatose nodulaire contagieuse, un virus virulent touchant principalement les bovins, est repéré dans une exploitation agricole. Depuis, ce sont des milliers vaches qui ont été abattues pour éviter la propagation de l’épidémie. Ces mesures radicales mises en place depuis les années 2000 permettent d’éviter les grandes épidémies, mais ont tout des mesures de pompiers pyromanes à l’égard des agriculteurs et de la nature.
Depuis le 29 juin, la colère monte dans le Sud agricole de la France. L’extermination d’un cheptel entier est une catastrophe. En effet, lorsqu’un troupeau est abattu, les compensations ne permettent pas de reconstituer le cheptel, ce qui laisse des exploitations inutilisables ou ne donnant pas assez de rendement pour qu’elles survivent. De plus le chiffre d’affaire n’est pas du tout compensé, ce qui est un clou supplémentaire dans le cercueil pour les éleveurs. Ce sont les éleveurs, historiquement la couche la plus pauvre et la plus combative du monde agricole français, qui sont touchés de plein fouet. Au delà des pertes économiques, ce sont des abattages perçus comme inutiles et injustes.
Une partie du courant d’opinion progressiste ne comprend pas cette révolte, à l’image du refus de la vaccination lors de l’épidémie de COVID. C’est pourtant le reflet d’une contradiction grandissante entre les masses et l’État. D’un côté, les masses refusent les mesures administratives, bureaucratiques, qui sont dictées par les monopoles et qui semblent inutiles. De l’autre, elles refusent la confiance aveugle en l’État bourgeois.
La FNSEA, outil direct des monopoles de l’agriculture, ne s’est pas investi dans le mouvement de refus des mesures d’abattages ; c’est donc, fait rare, la Confédération Paysanne qui a lancé la mobilisation, rejoints très vite par la Coordination Rurale, organisation proche du RN mais également symbole des contradictions du monde agricole, avec de nombreux aspects combatifs. Quelques militants des JA (Jeunes Agriculteurs, une branche de la FNSEA), ont également rejoint les mobilisations.
Ces dernières ont pris un tournant plus combatif ces dernières semaines, avec de nombreux blocages d’autoroutes et de péages (A62, A64, A68, A20…) qui perdurent encore ; mais aussi des affrontements autour d’une ferme en Ardèche. Certains lycées agricoles ont même été bloqués par la jeunesse. Les agriculteurs, qui se considèrent comme des travailleurs honnêtes, habituellement valorisés dans les discours politiques, se sont vite rendu compte qu’ils n’étaient que des travailleurs comme les autres, ciblés par les grenades lacrymogènes et les tirs de flashball, auxquels ils ont riposté par des tirs de mortiers et même un « cocktail molotov » selon le Ministre de l’Intérieur, qui a dénoncé la présence de « militants d’ultra-gauche », preuve que partout le spectre des révolutionnaires élevant l’organisation et soulevant les masses fait trembler les politiciens bourgeois.
Ces grandes épidémies sont rendues possible par l’agriculture capitaliste, la diversité génétique étant largement réduite pour maximiser les profits, ce qui rend d’autant plus probable la propagation des épidémies. La bourgeoisie ne vise pas au long terme dans sa vision de la nature, peu lui importe si les sols sont défoliés jusqu’aux nappes phréatiques, si chaque été est encore plus sec que le précédent ou si les maladies du bétail progressent toujours plus chaque année. Peu importe tant que les sangsues des grands monopoles agricoles français continuent de s’engraisser jusqu’à l’indigestion, pendant que les plus petits exploitants se retrouvent à faire le choix entre le suicide à cause du désespoir ou la révolte active contre l’État et ses laquais pour leur survie.
La colère sociale grandissante dans notre pays ne peut plus s’exprimer dans les canaux des monopoles et se fraie un chemin vers l’autonomie. La violence légitime des agriculteurs face aux méthodes bureaucratiques des monopoles et de leur État ne doit pas être isolée par un discours « sanitaire », mais bien compris comme une nouvelle explosion de la contradiction entre les masses populaires et l’ancien État bourgeois pourrissant.


