« En France, être condamné pour avoir soutenu le peuple palestinien est presque un passage obligatoire » : Interview d’Alex (LJR) par Partizan

Nous partageons une interview d’Alex, militant de la LJR réprimé, réalisée en juillet 2025 par le journal révolutionnaire turc Partizan. Alex est poursuivi depuis février 2025 par l’État français pour avoir défendu la Résistance palestinienne lors d’une prise de parole pour exiger la libération de l’ex-prisonnier résistant Georges Abdallah. Son procès, qui aura lieu le 13 janvier 2026, est une attaque de plus contre la solidarité avec le peuple palestinien à l’heure du génocide toujours à Gaza.

Peux-tu te présenter ?

Bonjour, merci tout d’abord de me laisser une chance de m’exprimer dans votre journal révolutionnaire, c’est un honneur et un plaisir. Mes salutations à tous les lecteurs et soutiens du journal.

Je suis Alex, un membre de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire, une organisation révolutionnaire de France luttant pour la Révolution Socialiste et également un membre de la Campagne Unitaire pour la libération de Georges Abdallah.

Je suis aujourd’hui poursuivi judiciairement et politiquement par l’État bourgeois français pour avoir affirmé publiquement mon soutien à la Résistance palestinienne lors d’une manifestation de soutien à Georges Abdallah à Paris, le 8 février 2025.

Qu’est-ce qui t’a amené à t’engager pour la cause palestinienne ?

Mon engagement révolutionnaire a débuté avant l’année 2019 au sein des Jeunes Révolutionnaires, l’organisation sœur et aujourd’hui unie, de la LJR. Tout de suite, le combat pour soutenir le peuple palestinien et sa Résistance a été au cœur de l’organisation. Nous avons toujours placé ce combat comme un de nos axes centraux de lutte, car soutenir et défendre la Palestine, c’est faire progresser la Révolution Prolétarienne Mondiale.

Depuis le 7 octobre et le lancement de la grande contre-offensive tactique du Déluge d’al-Aqsa, nous avons intensifié notre lutte en défense de la Palestine. Comme tout révolutionnaire digne de ce nom, je me suis donc de suite engagé en défense du peuple palestinien et de sa Résistance Nationale dès le début de mon engagement révolutionnaire.

Quels étaient les grands axes de ton discours ? De quoi parlais tu précisément ?

Mon discours était axé sur le soutien clair et sans faille au peuple palestinien, à sa grande résistance, à sa résistance armée, avec un soutien nommé aux factions de la Résistance Nationale, sur l’affirmation de ce qu’a été le 7 octobre et le Déluge d’al-Aqsa, soit une avancée de la lutte de libération nationale palestinienne, et un jour marqué du sceau de la lutte et de la victoire dans l’histoire des peuples du monde.

J’ai également rappelé des faits inéluctables, comme le fait que le Déluge ne reviendra pas en arrière, et que soutenir la Palestine n’est pas un crime. J’ai présenté les avancées que l’on devait aux grands commandants de la Résistance et salué tous les combattants et le peuple palestinien de Gaza.

Comment as-tu appris que des poursuites étaient engagées contre toi ?

Par suite d’une parution sur Twitter du discours de la manifestation, j’ai vu qu’un groupe sioniste avait identifié sur X la Police Nationale, le Préfet de Paris. Suite à quoi, le Préfet lui-même a publié un message affirmant engager des poursuites contre moi. Ce préfet de Paris étant l’ancien ministre des Affaire étrangères, et donc ancien responsable des services secrets français, il était limpide que ces poursuites auraient bel et bien lieu.

De quoi es-tu accusé exactement ?

Je suis accusé d’apologie publique d’actes de terrorisme, de refus d’avoir donné mon ADN lors de ma garde à vue, et d’avoir refusé de donner les codes de mon téléphone durant ma garde à vue. Arrêté à la sortie de mon avion du Maroc, par dix policiers du Groupe de Lutte Antiterroriste de la Police Judicaire, j’ai été gardé en vue pendant 48h et de suite interdit de manifester du 05 Mars 2025 jusqu’à mon procès en janvier 2026.

Quelle est ta situation professionnelle ?

Je suis surveillant scolaire dans un collège depuis plusieurs années. Suite à cette affaire, j’ai été suspendu de mon travail avant même mon procès qui aura lieu en janvier 2026. Initialement prévu en mai 2025, il a été repoussé jusqu’en janvier. J’ai de plus pris connaissance du fait que mon contrat de surveillant ne serait pas renouvelé en septembre. Les surveillants sont renouvelés ou non tous les ans, nous sommes sous le régime des CDD. De plus, je suis maintenant sur une liste noire dans l’Éducation Nationale : une lettre de la Police Judicaire adressée à la responsable de l’Académie de Lyon que j’ai pu consulter porte la mention du fait que je ne serais pas renouvelé. Je suis donc radié de l’Éducation Nationale et potentiellement de toute la fonction publique.

Est-ce que tu considères qu’il y a aujourd’hui en France une répression spécifique des discours en soutien à la Palestine ?

Oui, totalement. Dès le 7 octobre, de multiples condamnations pour des discours sur les réseaux ou sur l’espace public sont tombées, visant toute personne soutenant le peuple palestinien et sa résistance : que cela soit des syndicalistes comme Timothée Esprit, un syndicaliste de la CGT Chimie qui a été renvoyé de son travail pour avoir défendu le peuple palestinien, ou encore plus de 700 procédures lancées, avec déjà des centaines de condamnations.

L’État français cherche à museler et à faire taire les voix qui s’opposent au génocide et c’est là que nous voyons que le fait d’être organisés est nécessaire, que la défense des libertés démocratiques est un enjeu et une lutte révolutionnaire.

L’État français a peur du peuple, et il pense qu’en visant les personnes qui s’expriment, cela fera un exemple pour tous les autres. Mais c’est tout l’inverse qui se passe, et il ne fait que révéler toujours plus sa vraie nature aux masses françaises.

Nous devons également parler de Mahdieh Esfandiari qui est en prison depuis la fin du mois de février pour avoir soutenu le peuple palestinien sur Telegram, elle aussi une lyonnaise qu’il faut soutenir.

Penses-tu que cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de criminalisation du militantisme ?

Oui. On pense à la récente attaque contre les Frères Musulmans en France et contre la communauté musulmane en général -alors que le rapport de l’état sur les Frères Musulmans confirme qu’ils ne sont pas un danger qui ne disposent ni de moyens dangereux ni n’ont de volonté de renverser l’État-, ou encore aux dissolutions de plusieurs organisations ces dernières années, comme récemment de la Jeune Garde et les menaces contre Urgence Palestine. Ce sont des attaques de l’État contre le droit de s’organiser, de s’exprimer et de se rassembler. En définitive, derrière ces attaques, c’est une attaque contre le prolétariat et contre l’autonomie que nous devons reconstruire et développer, c’est donc des mesures qui en définitive visent les vrais révolutionnaires et préparent le terrain pour les isoler. Voilà pourquoi il est important d’être unitaire et combatif contre la réaction et les mesures anti-démocratiques.

Nous devons défendre par tous les moyens nécessaire ces libertés démocratiques, car nous ne sommes pas encore dans le fascisme et nous devons lutter contre la réactionnarisation de la société qui pave la voie au fascisme.

L’État sent la crise arriver. La crise, n’étant qu’une intensification de la lutte des clases et toutes les attaques de la bourgeoisie contre le prolétariat, est une preuve de sa peur et de sa fragilité.

Pour des lecteurs qui ne connaissent pas bien la situation : que signifie pour toi « soutenir la cause palestinienne » aujourd’hui ?

Soutenir la cause palestinienne passe par différents stades. Principalement, soutenir la lutte du peuple palestinien, qui a aujourd’hui et depuis des décennies pris la lutte armée comme axe central de leur résistance. C’est-à-dire soutenir et défendre le droit des Palestiniens à se défendre, à défendre leur terre et leur nation.

Ensuite, c’est soutenir le peuple palestinien pour une libération totale de la mer au Jourdain, avec un droit au retour collectif.

C’est donc naturellement lutter contre le sionisme comme projet idéologique mais également politique en l’occurrence avec l’État d’Israël comme manifestation organique.

C’est également s’organiser ici pour la Révolution, car quel plus grand allié et soutien pour le peuple palestinien qu’un État socialiste ou des États socialistes ?

C’est donc lutter contre l’impérialisme et s’organiser pour le mettre à bas, car lutter contre une conséquence et non contre la cause n’est pas suffisante.

Aujourd’hui, soutenir la cause Palestinienne, c’est donc affirmer l’omnipotence de la guerre révolutionnaire, qu’elle soit pour la libération nationale, pour la Révolution de Nouvelle Démocratie ou pour la Révolution Socialiste.

En cela, nous pouvons dire que le soutien à la cause palestinienne est complet, et qu’il l’est lorsque qu’il est révolutionnaire, se considérant donc comme une partie d’un tout, une partie de la Révolution Prolétarienne Mondiale.

Peux-tu nous parler des répressions faites contre les activistes et ou organisation propalestiniennes en France ?

La liste serait très longue. Comme évoqué, il y a eu plus de 700 procédures antiterroristes qui ont ouvertes par l’État français. De plus, des mesures administratives, et de nombreuses amendes et gardes à vue par centaines ont eu lieu, par milliers au total potentiellement. La répression a été forte, l’objectif a été double. La mise en place d’un rouleau compresseur répressif au travers des matraquages, amendes, garde à vues, violences et humiliations en garde à vue, pertes d’emploi, procès, perquisitions, gels de compte bancaire, interdictions de manifester, interdictions de conférences dans les universités etc s’est faite sentir dans tout le pays. Cela a été la première forme la plus brutale et la plus ouverte. Nous pouvons dire que le mouvement de défense de la Palestine a bien réagi, entrainé par les nombreuses luttes que nous traversons, et par la lutte des classes en France ces dernières années qui s’est intensifiée.

Même quand une nouvelle vague intense de répression a eu lieu en 2025, au début de l’année, quand le mouvement de soutien s’essoufflait au niveau mondial, et que l’État en a profité pour attaquer, les soutiens du peuple palestinien ont fait front ensemble et cette vague aussi a été stoppée.

Le mouvement fort de son expérience passée et de la résilience de la Résistance palestinienne a su surmonter avec bravoure toutes ces épreuves assez rapidement. L’État a assez vite perdu sur ce premier aspect, et il a au passage révélé son vrai visage d’acteur génocidaire en continuant à soutenir l’entité sioniste Israël. Aujourd’hui, être réprimé en France pour avoir soutenu le peuple palestinien, est presque un passage obligatoire pour tout militant régulier et aguerri, et cela n’entrave pas de manière extrêmement importante la lutte. Nous savons même nous en servir pour redévelopper cette dernière.

La deuxième répression a été plus perverse, elle a eu comme objectif de manière liée avec la première forme, de séparer les bons manifestant des mauvais, les « extrémistes des modérés ». « Condamnez-vous le 7 octobre ? «  «  Soutenez-vous le Hamas ? », sont les deux questions que l’État a utilisé notamment au travers du monopole médiatique et politique pour tenter de diviser les rangs des soutiens, et donc d’isoler les soutiens les plus profonds de la Résistance nationale palestinienne. Le mouvement a mis plus de temps à surmonter cette épreuve, mais cette expérience sera maintenant acquise et servira de tremplin pour les futures luttes. C’est le vrai visage de l’impérialisme et de son bras armé Israël qui a permis de remporter cette épreuve. Face à l’horreur sans nom commise en Palestine ainsi que toutes les attaques contre les pays arabes limitrophes, les masses qui étaient plutôt hostiles au 7 octobre ou au Hamas et à la Résistance armée, qui ne composaient pas du tout l’ensemble des soutiens entendons nous, a commencé à cesser de repousser la lutte armée pour finalement si ce n’est l’adouber, la valider par défaut face au génocide en cours.

Cette deuxième bataille contre la répression a été aussi remportée grâce à la lutte, et aujourd’hui la majeure partie des organisations qui soutiennent sincèrement le peuple palestinien, sont en général unie sur cette question, et en tout cas les convergence sont plus fortes que les divergences et ont permis aujourd’hui d’affirmer que cette manœuvre de l’État français qui a connu des succès est aujourd’hui inefficace, et que le mouvement de défense de la Palestine l’a assimilé pour la détruire.

Quels liens fais-tu entre cette répression et d’autres luttes sociales ou anticoloniales ?

Nous voyons que l’État comme le prolétariat et le mouvement social apprennent de chaque lutte, voilà pourquoi il est essentiel d’appliquer une juste ligne politique générale et de bien analyser les contradictions pour se mouvoir, en préservant et développant nos forces, tout en affaiblissant l’État.

Nous avons énormément appris depuis 10 ans, entre les luttes contre la Loi Travail, contre la Réforme des Retraites, les Grands Soulèvements de Juin dans les quartiers prolétaires suite à l’assassinat policier du jeune Nahel, les Gilets Jaunes et maintenant les marches pour la Palestine. L’État lui aussi a appris, et à frapper fort et vite lors de ce mouvement en attaquant les militants s’exprimant publiquement, ceux organisant la lutte, tout en nous diabolisant dans l’opinion publique.

C’est une technique bien connue et pas nouvelle. Nous pouvons faire le lien avec les prisonniers politiques kanaks qui ont été enfermé en France pendant de longs mois, pour s’être révolté en Kanaky. Nous ne sommes pas jetés dans la Seine comme pendant les luttes en soutien à la Guerre d’Indépendance algérienne mais dans le fond, l’idée reste la même. L’État comme de tout temps ne doit son maintien qu’à l’emploi de la force démesurée contre le peuple.

Lorsque l’État est obligé d’utiliser la force de cette manière, c’est un signe que toutes les structures faisant tampon entre le prolétariat et l’État sont en fin de vie, et ne peuvent plus remplir leur rôle de contenir la colère populaire et de la détourner de ses vrais objectifs. Ainsi, il ne reste qu’en dernier rempart entre la bourgeoisie et le prolétariat qu’une armée de policiers, gendarmes, militaires, se plaçant de plus en plus comme extérieurs à la Nation et étant les dernières forces avant que le torrent de la colère populaire ne les balayent eux et leur maître. Voilà pourquoi l’État frappe vite et fort, car il sent lui aussi la Nouvelle Époque, et cherche à retarder sa fin à tout prix, tout en ne faisant que la rapprocher, car nul n’échappe à l’Histoire et nous en sommes les écrivains.

Comment peut-on te soutenir, juridiquement ou politiquement ?

Le meilleur des soutiens qu’on puisse m’apporter est d’intensifier la lutte en soutien et en défense du peuple palestinien et de la Guerre de Libération Nationale du peuple palestinien, de développer la lutte révolutionnaire dans le monde entier, ces deux aspects étant liés. Plus la lutte révolutionnaire et les guerres révolutionnaires progressent, plus la Révolution Prolétarienne Mondiale avance et alors plus la lutte en Palestine progresse également.

Il est important que toutes les figures publiques, que tous les militants inquiétés par la répression ne soient que des miroirs, des portes-voix de la lutte en Palestine, car on se doit de les défendre non en tant que personnes, mais pour leur rôle social et révolutionnaire.

Par la même, lutter de manière déterminée à la construction d’une vaste organisation anti-impérialiste au niveau mondial est nécessaire et permettra à la fois de coordonner et de développer le soutien au peuple palestinien et donc à tous les militants inquiétés pour avoir fait leur travail.

À un niveau plus réduit, je n’ai pas de besoins spécifiques juridiques, j’ai un avocat et le terrain de la lutte est politique. Je pense intéressant qu’en janvier, une campagne de soutien à la Résistance palestinienne soit lancée avec comme second aspect le soutien à tous les militants encore poursuivis par la justice française. Si des actions au niveau international peuvent avoir lieu, cela servirait tous les objectifs cités précédemment.

Certaines personnes ont affirmé que ton discours ou ton engagement franchit la ligne entre critique politique et antisémitisme. Que réponds-tu à cela ?

Je réponds que cela est totalement faux, et que je rejette ces accusations. J’ai pu entendre ces sornettes sortir de la bouche même de militants de longue date, ou de « révolutionnaires » ou syndicalistes révolutionnaires, et j’appelle tous ces militants à réfléchir au danger de ces accusations sans fondements, et à voir si cela sert la bourgeoisie ou la Résistance palestinienne. La réponse est évidente, si l’on prétend défendre la Résistance palestinienne mais que l’on profère ce genre de calomnies et que l’on refuse de soutenir des militants propalestiniens pour ces raisons, on ne la défend pas.

Les antisémites ne sont pas dans les rangs de mon organisation ou chez les révolutionnaires mais bien dans l’ADN de l’État bourgeois français, qui a participé au génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale sous le régime de Vichy, donnant même les enfants juifs aux nazis alors que ces derniers ne les avaient pas demandés. Ceux-là même qui alliés aujourd’hui aux sionistes-nazis d’Israël participent au génocide des palestiniens et partagent des intérêts convergents avec les sionistes, soit vider l’Europe de ses Juifs. Le réel antisémitisme se trouve là et non dans les rangs des héritiers de la Jeunesse Communiste du Colonel Fabien, qui a le premier exécuté un nazi et lancé la lutte armée en France pour chasser l’occupant nazi.

Insulter aujourd’hui les descendant des Communistes d’être des nazis, n’est qu’une insulte grotesque à l’histoire et une tentative de diversion et de division qui ne fonctionne pas et ne fonctionnera pas dans le futur non plus.

Penses-tu que l’accusation d’antisémitisme est parfois utilisée pour délégitimer la solidarité avec la Palestine ? Si oui, as-tu des exemples concrets ?

Oui, elle a été très souvent utilisée comme une sorte de carte magique, un joker. Soutenir la Palestine nous cataloguerait de suite comme antisémite, tout comme le fait de se dire antisioniste, deux conceptions radicalement opposées et n’ayant rien en commun. Ce tour a été utilisé dans des dizaines de procédures judiciaires et constamment matraqué sur tous les plateaux télévisés.

L’exemple de mon affaire est frappant où par mon soutien à la Résistance palestinienne, et donc à toutes ses factions dont le Hamas, je serais automatiquement antisémite, et donc me soutenir ne serait pas souhaitable.

Je conclurai en remerciant le Comité de Rédaction du journal de m’avoir permis de m’exprimer, je tiens à saluer tous les lecteurs et toutes les lectrices de Partizan, notamment tous ceux emprisonnés pour leur engagement révolutionnaire. Mes salutations bien évidemment à la Résistance palestinienne ainsi qu’à tout le peuple palestinien.

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