Ce jeudi 6 novembre, la mairie de Limoges organisait une réunion publique dans une salle du quartier de Beaubreuil. Plus grand quartier populaire de la ville et où se concentrent aujourd’hui de nombreux problèmes : délabrement des bâtiments, cafards, pannes d’électricité, d’ascenseur, d’eau chaude, problèmes de chauffage, destruction de la vie associative, sans parler du projet toujours plus avancé de destruction d’une importante partie du quartier…
Ce simulacre de « démocratie participative » vendu comme un conseil de quartier n’avait bien sûr nullement pour but d’évoquer, encore moins d’apporter des solutions, au moindre de ces problèmes. Il s’agissait bien au contraire d’une tribune pour le maire, Émile-Roger Lombertie, qui devait lui permettre de déverser un discours plein de panique sécuritaire.
Lombertie, réactionnaire notoire, est bien connu pour ses positions islamophobes. À la suite de révoltes dans le quartier du Val de Laurence le 14 et le 18 juillet dernier, ce dernier avait par exemple déclaré sur CNews : « En milieu musulman, si le père est absent, c’est un des garçons qui commande, comment voulez-vous qu’un enfant de huit ans soit chef de famille ? », ou encore chez Boulvard Voltaire : « Quand on considère les gens comme des bêtes et qu’on les laisse libres comme des bêtes, ils ont des comportements de bête, c’est-à-dire qu’ils perdent tout ou partie de leur humanité pour se contenter du côté obscur. ». Ces propos avaient alors amenées à une manifestation à l’initiative d’une association marocaine de Limoges. Par ailleurs, son mandat est entaché depuis ce 7 mai par une mise en examen pour harcèlement sexuel et moral.
Les habitants de Beaubreuil ne se sont pas trompés sur la nature de cette réunion, pour preuve, on ne retrouve dans la salle presque que des soutiens du maires, des élus et des membres des forces de l’ordre, là pour « répondre à toutes les questions des habitants ». S’en suit une introduction sur « la sécurité, le trafique de drogue […] rodéos et tout le reste » . Mais alors que le plan municipal se passait sans accroc, les habitants du quartier organisés au sein du Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité ont interrompu le discours du maire. Les membres du CPES l’ont interpellé sur les réelles problématiques du quartier et dénoncé ses propos de l’été dernier tandis que les tracts du CPES circulaient dans tout la salle et qu’une banderole « Lombertie, on veut pas de toi ici ! » était tendue.
Lombertie a finalement donné l’ordre à la police d’expulser des membres du CPES en annonçant la fin de la réunion. Celle-ci repris un peu plus tard dans la même ambiance nauséabonde. Toutefois cette réunion a bien montré une chose, on ne peut insulter les habitants des quartiers populaires de France sans conséquences et ces derniers ne sont pas dupes des problèmes qui agitent leur vie.
