Mercredi 5 Novembre devant plus de 250 étudiants à été fondé le Comité de défense de Paris 8 lors d’une importante Assemblée Générale.
Depuis le grand meeting anti-impérialiste du 15 Octobre, la répression n’a fait que s’accentuer sur l’université. Plusieurs étudiants ont été convoqués par différentes instances de la fac, certains d’entre eux n’ayant même pas participé de près ou de loin à l’organisation de l’évènement.
Une répression syndicale sans précédents est organisée par la présidence de l’université, commanditée directement par le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Philippe Baptiste. Différents étudiants ont rapporté à notre journal des cas de graves violations de leur droits. Nous pouvons prendre l’exemple d’un étudiant de philosophie convoqué par le directeur de son département pour avoir filmé une intervention de la FSE dans un amphithéâtre. Son crime ? Avoir pris une vidéo au sein de l’université.
On peut également évoquer le cas d’une étudiante exclue un mois de la fac pour avoir dénoncé un professeur accusé de viol.
A cette répression politique s’ajoute une militarisation du campus. Paris 8 à toujours été une université ouverte à tous, où des mères de familles viennent pour recevoir des cours d’alphabétisation, où des personnes viennent étudier librement à la bibliothèque, ou encore où des associations et organisations viennent pour organiser des activités publiques. Ceci n’est désormais plus possible, car les vigiles de la fac interdisent désormais l’entrée à tout ceux ne disposant pas d’une carte étudiante, empêchant également l’accès au campus de nombreux étudiants, victimes de problèmes d’inscription, une situation très fréquente à Paris 8, et donnant lieu à des situations scandaleuses, comme l’agression d’une étudiante transgenre pour non correspondance de nom ou encore l’impossibilité pour les mères isolées d’accéder à leurs cours de français car elles n’ont pas de carte étudiante.
De nombreux nouveaux agents privés ont été recrutés depuis peu. Ces derniers se permettent même de suivre des étudiants identifiés comme militants, à la trace.
La Fédération Syndicale Étudiante (FSE) de Saint-Denis a réagit à cette situation en appelant à la création d’un « Comité de Défense de Paris 8 » via une assemblée générale, et cette initiative à été largement soutenue: Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire (LJR), Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA-R), Confédération Nationale du Travail (CNT), Organisation de Solidarité Trans (OST), Solidaires Étudiant-e-s (SESL), Socialisme ou Barbarie (SoB), le collectif des étudiants étrangers ou encore Le Poing Levé (LPL) ont répondu à l’appel.
Lorsque la présidence a appris la tenue de cette Assemblée Générale, bien qu’appelée par un tract non signé, puisqu’à l’initiative de multiples organisations et étudiants non membre d’une organisation, elle a envoyé un mail à la FSE, la désignant immédiatement comme l’unique organisatrice de l’évènement. Dans ce mail, la présidence menace la FSE : ces derniers n’auraient pas fait de « demande officielle », et en parallèle, les vigiles de l’université ont reçu l’ordre de fermer toutes les salles et amphis vide de la fac pour empêcher la tenue de l’AG.
Paris 8, l’Université « de gauche », avec sa présidence si attachée aux valeurs de cette fac fondée après le tumulte de Mai 68, a donc décidé de verrouiller l’ensemble de la fac, rejetant jusqu’à la simple liberté de réunion.
Ces intimidations n’ont en rien marché : ce sont pas moins de 250 étudiants qui se sont massés à 18h pour assister à l’Assemblée Générale qui s’est déroulé dans un hall d’un des bâtiments.
Les étudiants ont voté à l’unanimité la fondation d’un « Comité de Défense de Paris 8 » avec trois points d’unité :
- La défense de Paris 8 comme une université ouverte à tous,
- La défense des libertés démocratiques contre la répression,
- La défense de la Palestine et le refus de la criminalisation de ses soutiens.
L’Assemblée Générale à été marquée par une grande combativité de la part des étudiants, syndicalistes, révolutionnaires, enseignants: tous ont prit position pour défendre l’université. Plusieurs prises de paroles ont été fortement remarquées : c’est le cas de celle d’une étudiante juive qui a longuement rappelé que l’antisionisme n’a rien à voir, de près ou de loin, avec l’antisémitisme, que cette idée provient de la bourgeoisie, des impérialistes et des réactionnaires qui tentent d’assimiler les juifs à un projet colonial et génocidaire, à savoir Israël. Cette prise de parole à été accueillie par un tonnerre d’applaudissement, d’autres étudiants ont prit la parole pour dénoncer la répression en général, mais en particulier celle que subit la FSE de la part de l’État Français et de la présidence. Enfin un représentant de la Ligue de Jeunesse Révolutionnaire à déclaré que « nos principes anti-impérialistes et révolutionnaires sont inviolables. Nous ne capitulerons pas face à la répression ! ».
L’Assemblée Générale s’est terminée par une vidéo de soutien aux militants convoqués par le ministère de l’Enseignement Supérieur et par la police.
A la sortie de la réunion, une militante de la LJR prend la parole devant des dizaines d’étudiants et proclame « Nous briserons les murs de l’université ! », les étudiants reprennent en cœur le mot d’ordre « La lutte, la lutte jusqu’à la victoire ! » au cœur de Paris 8 devant les agents de la présidence, les journalistes et les flics en civil.
Le lendemain, plusieurs groupes d’étudiants rentrent dans la fac sans montrer leur carte étudiante brisant ainsi les contrôles mis en place par la présidence. S’en est suivie une manifestation dans toute l’université pour dénoncer la répression et les attaques contre le mouvement étudiant malgré les nouvelles tentatives d’intimidations des agents de sécurités. Le refus de présenter les cartes étudiantes à l’entrée est une pratique qui s’installe donc sur le campus, et les étudiants ont déjà obtenu une victoire, après avoir forcé plusieurs fois le passage : les mères isolées peuvent désormais rentrer librement dans la fac pour assister à leurs cours.

Les étudiants de Paris 8, foncièrement décidés à ne pas se laisser faire, ont bloqué l’Université tôt le mercredi 12 novembre. Ce jour n’était pas choisi au hasard : c’était le jour de convocation de la camarade syndicaliste de la FSE au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, tout ça pour avoir osé réserver une salle pour le meeting. Ce blocage a permis à des dizaines d’étudiants de s’informer de la situation de leur université et de rejoindre le rassemblement organisé à 12h, place de la Sorbonne, appelé par la FSE et plus de quarante organisations pour dénoncer les attaques contre le mouvement pro-palestinien et la répression organisée méthodiquement dans les universités et en dehors. S’il fallait une preuve supplémentaire de la justesse du combat porté par ce rassemblement, elle s’est illustrée par la venue de militants de l’UEJF pour perturber le rassemblement, syndicat étudiant dont la raison de vivre se résume à la défense du projet génocidaire d’Israël. Tandis que les militants de l’UEJF se voyaient exfiltrés du rassemblement par la police, des camions de CRS sont arrivés et ont nassés ce qu’il restait du rassemblement. Finalement, n’ayant rien à reprocher aux manifestants, ils ont été obligés de les laisser partir après 20 minutes.
L’attitude des étudiants de Paris 8 est exemplaire, en constituant des comités de lutte unitaire pour la défense des libertés démocratiques, ils mettent en échec la campagne de l’État en cours contre le mouvement étudiant. En s’unissant dans cette lutte large pour faire des universités des espaces de luttes et de résistance, les étudiants brisent la stratégie de l’État qui vise à isoler les militants des masses, à criminaliser le soutien à la Palestine.
La répression sans précédents qui touche la FSE, avec la convocation de leurs militants, l’interdiction de leurs évènements et l’intimidation de leurs membres témoignent que le syndicalisme étudiant renait sous une nouvelle forme supérieur : la combattivité et l’anti-impérialisme est au cœur de cette génération de militants qui défendent les universités en pleine réactionnarisation.
La violence déployée par l’État pour arrêter et détruire le mouvement étudiant au sein des universités témoigne de la peur profonde de la bourgeoisie face à une jeunesse bouillonnante qui fait face à la nouvelle époque.


