Luttons pour construire un front populaire contre l’impérialisme !

Nous relayons avec une grande joie cet appel que nous avons reçu par mail de la part de camarades et militants du Maroc. Suivant de près le développement de la Ligue Anti-Impérialiste en France, nous pensons important de partager et de relayer toujours plus toutes les initiatives opposées à la dictature génocidaire de l’impérialisme partout dans le monde.

À notre époque, la lutte contre l’impérialisme est devenue une tâche plus qu’urgente et nécessaire. Il ne s’agit pas simplement d’une option politique ou idéologique mais d’une condition impérative pour préserver la vie et la dignité des peuples. La situation politique internationale actuelle offre une occasion historique de comprendre la nature de l’impérialisme, de révéler son rôle destructeur dans les sphères économiques, sociales et politiques et de démontrer que toute la rhétorique sur la démocratie et la liberté n’est que mensonges visant à tromper la conscience des masses populaires.

Ce qui se passe aujourd’hui, principalement en Palestine mais aussi en Ukraine, au Congo et au Soudan, démontre clairement aux peuples les crimes de l’impérialisme et sa loi des « deux poids deux mesures ». Nous voyons, à la télévision et dans les médias, des crimes contre l’Humanité commis au grand jour directement avec le soutien de l’impérialisme ou avec son silence complice. Cela confirme bien, encore une fois, que tous ces beaux discours sur la démocratie et la liberté ne sont rien d’autres qu’un moyen de manipuler la conscience des masses et de justifier toutes les formes d’agression.

Cette réalité, malgré son caractère tragique, offre une formidable occasion de dénoncer la déliquescence morale et politique de l’impérialisme, de dévoiler la fausseté de tous ses beaux discours et de montrer ses crimes à l’échelle mondiale. Elle souligne également que la lutte anti-impérialiste n’est pas une option secondaire, mais bien une nécessité urgente pour tous les peuples et nations opprimés et un révélateur de la conscience des masses et de leur capacité à discerner le faux du vrai, à distinguer l’imposture des grands discours face aux réalités concrètes sur le terrain.

Cette réalité oblige les forces révolutionnaires à assumer leur responsabilité en dirigeant un front uni face à l’oppression impérialiste ; elle les oblige à saisir cette opportunité historique pour orienter les masses vers une véritable conscience révolutionnaire et transformer la lutte mondiale en un large mouvement de libération et de justice véritables.

L’impérialisme, ce stade suprême et ultime du développement capitaliste, n’est rien d’autre qu’un système monopolistique pourri, agonisant sous le poids de ses propres contradictions. C’est un système qui chancelle et s’autodévore de l’intérieur. C’est un système fondé sur la violence, l’oppression et l’exploitation sans limites. Son essence, comme Lénine l’a clairement expliqué, réside dans la poursuite effrénée du profit maximal pour le capital monopoliste, et au prix du sang des peuples, de la destruction de la nature et de la dévastation des civilisations.

L’impérialisme signifie la concentration du capital entre les mains d’une infime minorité de monopoles qui contrôlent les banques, l’industrie, le commerce et les instruments de violence et de domination. Ces monopoles vivent de l’exploitation de millions d’ouvriers et de paysans, et du pillage des richesses des peuples colonisés et sous domination. C’est un système fondé sur l’accroissement et l’expansion de l’exploitation, la destruction de l’environnement et des ressources vitales ; ce système se nourrit de toutes les formes de réaction et du fascisme et il ne cherche qu’à attiser les contradictions entre les nations et les peuples pour les conduire à la guerre et à leur propre destruction.

Les guerres impérialistes ne sont pas des événements accidentels ou fortuits ; c’est une loi inhérente à ce système. Depuis la transformation du capitalisme concurrentiel en capitalisme monopoliste, deux guerres mondiales dévastatrices au lourd bilan de dizaines de millions de morts, ont éclaté dans le seul but d’un repartage du monde entre les blocs monopolistes qui s’affrontaient.

Parallèlement, plusieurs autres guerres régionales ont éclaté, soit sous la forme d’une occupation directe, soit par le biais de complots, de provocations et d’interventions indirects visant à contrôler les marchés, s’emparer des sources d’énergie, piller les matières premières et exploiter une main-d’œuvre bon marché, tout en accumulant des arsenaux militaires massifs et en augmentant les budgets de la guerre.

L’impérialisme n’est donc pas seulement une phase du capitalisme ; c’est une phase de déclin, de pourrissement et d’agonie, où le système tout entier devient un fardeau pour l’Humanité, et où ses contradictions s’intensifient au point de pouvoir entraîner le monde entier vers le désastre, la guerre et l’anéantissement. Cependant, comme le soulignait Lénine, ces mêmes contradictions portent en elles les germes de l’effondrement de ce système et ouvrent la voie à la naissance d’un nouvel ordre, libéré de l’exploitation et de la domination, la voie de la libération et de la justice sociale pour l’Humanité.

  • L’impérialisme n’est pas seulement une politique étrangère d’agression ; c’est une étape historique spécifique du développement du capitalisme. C’est le moment de transition de la libre concurrence au monopole, où le capital est concentré entre les mains d’une petite minorité de trusts et de syndicats financiers et industriels qui soumettent toute la vie économique et sociale à leur contrôle.
  • L’impérialisme est par nature un système parasitaire, se nourrissant du sang des ouvriers et des paysans, du pillage des richesses des peuples et des nations du reste du monde, des profits des monopoles, des intérêts financiers et des rentes coloniales. Ce système creuse, jour après jour, le fossé entre les forces productives avancées et les rapports de production qui les entravent, créant des famines, des crises et des guerres à répétions.
  • L’impérialisme n’apporte rien d’autre à l’Humanité que des forces réactionnaires ; la protection des vestiges des régimes féodaux ; le soutien à la tyrannie et le fascisme ; alimentant les divisions nationales, ethniques et sectaires ; réprimant les libertés ; contrecarrant les aspirations des peuples à l’autodétermination ; et transformant les nations sous domination en instruments au service du capital mondial.
  • Les guerres à l’ère de l’impérialisme ne sont pas des exceptions mais plutôt la règle établie. Depuis que le capitalisme est devenu un capitalisme monopolistique, deux guerres mondiales dévastatrices ont éclaté, coûtant à l’Humanité environ 140 millions de victimes, détruisant des villes et des patries, et cela sans compter les nombreuses autres guerres régionales. Du milieu du XXe siècle à nos jours, l’impérialisme, en particulier l’impérialisme états-unien, a déclenché des dizaines de guerres et d’occupations militaires : en Corée, au Laos, au Cambodge, au Vietnam, en République Dominicaine, au Nicaragua, au Salvador, à Cuba, en Haïti, au Panama, en Somalie, en Bosnie, au Kosovo, en Libye, en Syrie, aux Philippines, en République centrafricaine, en Irak, en Afghanistan, et bien ailleurs. Les statistiques officielles de la prétendue « guerre contre le terrorisme » américaine, qui dure depuis 2001, suffisent assurément à mettre en lumière la barbarie et la cruauté de l’agression américaine, avec des pertes humaines estimées à environ un million de morts directes et 4,5 millions de morts indirectes, sans compter les quelque 38 millions de personnes déplacées.

Quant à l’entité sioniste, instrument organique de l’impérialisme américain dans la région, elle a occupé la Palestine, déplacé son peuple et tué des dizaines de milliers de ses fils. Le nombre considérable de martyrs de cette guerre génocidaire rien que sur les deux dernières années suffit à mettre en lumière l’abomination, la décadence et la barbarie de cette entité, où le nombre de martyrs s’élève aujourd’hui à plus de 65 000, dont au moins 18 600 enfants rien qu’à Gaza. En Cisjordanie, le nombre de martyrs a atteint 1 044, tandis qu’environ 9 619 prisonniers palestiniens demeurent détenus dans les prisons jusqu’en décembre 2024. Des millions de personnes ont été déplacées de leurs foyers au fil des décennies, sans parler des victimes et martyrs des agressions répétées menées contre le Yémen, le Liban, la Syrie, l’Iran, et même l’Égypte et le Qatar.

Les puissances impérialistes européennes, de leur côté, n’ont pas renoncé à leur passé colonial. Elles ont participé — seules ou au sein d’alliances temporaires — à l’occupation de nombreux pays : l’Irlande, l’Égypte, le Soudan, la Sierra Leone, le Yémen, le Mali, la République centrafricaine, la Côte d’Ivoire, le Tchad, le Maroc, et bien d’autres encore. Entre 2014 et 2018 seulement, la France est intervenue militairement au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Tchad, déployant environ 5 000 soldats, ce qui a provoqué des milliers de victimes et des millions de déplacés et de réfugiés.

L’impérialisme russe, après l’effondrement de ce qu’on appelait « l’impérialisme social », lui-même tombé à cause de ses politiques agressives (l’occupation de l’Afghanistan, de la Tchécoslovaquie, et d’autres encore), est revenu mener ses guerres en Moldavie, en Géorgie et en Ukraine. Quant à la Chine, elle continue depuis 2012 à occuper certaines parties des Philippines.

Les guerres impérialistes ne constituent pas seulement un moyen de domination politique et militaire, mais également un mécanisme d’accumulation des profits. En effet, l’industrie de la guerre représente l’un des piliers du capitalisme monopoliste contemporain, où les bénéfices des entreprises d’armement et de services militaires se chiffrent en centaines de milliers de milliards, tandis que la vie des peuples se transforme en carburant pour cette machine d’exploitation.

Les conséquences de ce système sont évidentes : des milliards d’êtres humains vivent dans des conditions proches de l’esclavage. En 2021, le nombre de personnes touchées par la faim a atteint 828 millions, tandis que les dix milliardaires les plus riches détiennent une fortune suffisante pour éradiquer totalement la pauvreté. Quel paradoxe pourrait être plus terrible que celui-ci ? L’impérialisme est directement responsable de cette situation : c’est lui qui impose une exploitation brutale à travers le capital financier, faisant peser le fardeau le plus lourd sur les travailleurs, les classes laborieuses du monde entier, ainsi que sur les peuples et nations opprimés.

L’impérialisme américain demeure la puissance dominante au cœur du système impérialiste mondial et a mené toutes les attaques contre les peuples et les nations opprimés. Il est le principal acteur de la reproduction des guerres injustes, de la perpétuation de la domination, du pillage des ressources, de l’imposition de dettes et de la consolidation du contrôle des marchés et de la main-d’œuvre bon marché. Mais cette position centrale, établie par l’équilibre des forces après la Seconde Guerre mondiale, n’est pas une fatalité. La loi du développement capitaliste inégal, comme l’a démontré Lénine, se révèle aujourd’hui clairement, tandis que la position décisive occupée par l’impérialisme américain s’érode progressivement.

Bien que d’autres impérialismes – chinois, russe, britannique, allemand, français et autres – aient accru leur poids et leur influence économiques, politiques et militaires par rapport au passé, ils n’ont pas encore réussi à renverser complètement la situation. Les États-Unis demeurent au centre du système, le principal dirigeant et l’acteur le plus important dans la détermination actuelle du cours des événements. Et pourtant, les contradictions inter-impérialistes s’accentuent de jour en jour, incitant chacun à chercher à consolider sa position en mobilisant ses forces subordonnées. Cela conduit à l’émergence d’alliances et d’accords économiques, militaires et politiques temporaires qui reflètent la fragilité du système impérialiste lui-même et démontrent qu’il se nourrit inévitablement de crises et de conflits internes.

Comme toujours, les victimes de ces contradictions inter-impérialistes croissantes sont les travailleurs et les paysans pauvres ainsi que les peuples et nations opprimés d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et d’autres régions du monde. Ce sont eux qui paient le prix du repartage des marchés, des guerres d’agression, de la destruction de la nature et du pillage des ressources.

La Grande Révolution socialiste d’octobre 1917 a marqué le début d’une ère nouvelle, ouvrant la voie à une série de nouvelles révolutions démocratiques et socialistes, permettant à un tiers de l’Humanité d’échapper au cycle de l’exploitation impérialiste et réalisant les plus grandes avancées de l’Histoire pour le prolétariat et les masses populaires. Cependant, le rétablissement du capitalisme en Union soviétique, puis en Chine, a représenté un revers historique majeur car il a rouvert la porte à une agression impérialiste renouvelée et accrue contre les travailleurs et les peuples. Cependant, les conditions qui ont conféré aux impérialistes une supériorité relative au cours des décennies précédentes commencent à se dissiper en raison de l’accroissement et de l’élargissement de la crise générale du capitalisme.

Les centres impérialistes, qui tentent d’embellir leurs systèmes d’exploitation avec de faux slogans sur la « démocratie » et les « droits de l’Homme », révèlent chaque jour leur réalité répressive. Plus la crise générale du capitalisme s’approfondit, plus l’État bourgeois est contraint de renforcer son appareil répressif, tant par la législation que par l’action directe. Ainsi, la police, l’armée et la gendarmerie sont de plus en plus utilisées contre le peuple, tandis que les forces réactionnaires – y compris les partis racistes et fascistes – sont mobilisées à l’intérieur comme à l’extérieur des parlements pour constituer une réserve organisée de contre-révolution. Cette situation reflète clairement que la bourgeoisie, tant dans les pays impérialistes que dans les pays opprimés, se réorganise pour défendre ses intérêts contre ses « fossoyeurs » – la classe ouvrière et ses alliés naturels : les paysans pauvres et opprimés.

Alors que la crise générale du système impérialiste s’intensifie, l’ampleur des catastrophes qui frappent les peuples s’accroît : hausse du chômage, baisse des salaires réels, destruction environnementale, guerres persistantes, effondrement des services sociaux et aggravation de la pauvreté. Face à ce lourd tribut, les manœuvres de la bourgeoisie – gouvernements opportunistes de « gauche », aristocratie ouvrière, opportunistes syndicaux et campagnes de propagande trompeuses (exploitant notamment la pandémie pour masquer la crise économique structurelle) – perdent progressivement de leur efficacité.

De fait, la classe ouvrière et les masses populaires, au cœur même des centres impérialistes, commencent à faire entendre leur voix, exprimant leur colère et leur rejet, et descendent dans la rue en multipliant les grèves et les manifestations, exprimant par-là une forme première de résistance aux conditions actuelles. Ces signes ne sont que les prémices d’un nouvel essor du mouvement révolutionnaire mondial, un mouvement qui mûrira inévitablement à mesure que les crises s’intensifieront, que les contradictions s’approfondiront et que l’essence du système impérialiste sera toujours plus révélée – la violence, la guerre et les effusions de sang ne constituant plus alors que les seuls moyens de prolonger son existence moribonde.

Le contenu idéologique de la lutte anti-impérialiste se révèle dans une vérité fondamentale clairement exprimée par Lénine : notre époque est celle de l’impérialisme et des révolutions prolétariennes. Malgré toutes les manifestations de stagnation temporaire, de revers périodiques et de revers apparents, la révolution demeure la principale tendance historique de notre époque. Cette contradiction structurelle entre l’impérialisme, stade suprême du capitalisme, et les forces productives sociales qu’il a produites, s’incarne dans la lutte de classe brutale entre le prolétariat – la classe la plus révolutionnaire, la plus en phase avec le mouvement de l’Histoire – et la bourgeoisie, qui, dans sa phase de monopole, est devenue porteuse de toutes les formes de réaction et de décadence et le plus grand obstacle au développement historique des peuples.

La contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie n’est pas une simple contradiction sociale passagère ; c’est la contradiction fondamentale de notre époque, celle qui détermine le destin de l’Humanité. Par conséquent, l’idéologie du prolétariat n’est pas une question secondaire ni un simple cadre théorique ; elle est une condition préalable à une compréhension unifiée et cohérente de la signification de l’anti-impérialisme. Sans cette compréhension idéologique, la lutte anti-impérialiste se réduit à des protestations dispersées, à des réformes superficielles, voire à des instruments utilisés par une puissance impérialiste contre une autre.

À notre époque, la lutte anti-impérialiste est intimement liée à la lutte démocratique. La démocratie, qui, durant la période d’ascension bourgeoise, était un élément relativement progressiste, ne peut plus survivre dans les cadres établis par la bourgeoisie, celle-ci s’étant transformée en une classe réactionnaire en déclin. Par conséquent, la véritable défense de la démocratie, de la liberté des peuples et de leur droit à l’autodétermination ne peut se faire que sur la base de l’anti-impérialisme. Dans ce contexte, les valeurs démocratiques authentiques sont indissociables du caractère anticapitaliste ; au contraire, elles se fondent dans le contenu de classe de la lutte prolétarienne, donnant naissance à une démocratie de type nouveau : la démocratie prolétarienne.

La lutte démocratique mondiale contre l’exploitation impérialiste, sa vision du monde, son hégémonie politique et son approche idéologique, revêt aujourd’hui une double importance. La contradiction entre les peuples et nations opprimés, d’une part, et l’impérialisme et ses alliés réactionnaires, d’autre part, impose nécessairement une ligne politique prolétarienne claire, qui guide les masses dans la lutte pour la liberté et la libération. Seule cette ligne peut démanteler le pouvoir de la bourgeoisie, affronter ses alliances militaires et politiques, et ouvrir la voie à une nouvelle révolution socialiste qui mettra définitivement fin à la domination du capital monopoliste et à la réaction impérialiste qui ravage l’Humanité et pille ses ressources.

Pour comprendre le caractère démocratique de tout mouvement social ou politique, il faut d’abord examiner sa position face au système impérialiste mondial. C’est un critère crucial qui révèle son essence : se range-t-il aux côtés des masses populaires contre l’hégémonie impérialiste ? Ou, même sous le couvert du « nationalisme » ou du « réformisme », serve-il en définitive les intérêts des monopoles et des forces réactionnaires ? Cependant, définir simplement l’aspect démocratique ne suffit pas. C’est le degré du rapprochement de ce mouvement de la démocratie prolétarienne – c’est-à-dire d’une perspective de classe prolétarienne – qui détermine clairement son caractère anti-impérialiste et révèle sa structure idéologique et politique.

L’une des caractéristiques les plus marquantes de l’ère de l’impérialisme et des révolutions prolétariennes réside dans cette interconnexion dialectique entre la lutte démocratique et la lutte anti-impérialiste. Dès lors, la question de la position à l’égard des mouvements nationaux et sociaux ainsi que des tendances démocratiques et progressistes, revêt un caractère fondamental. Il ne suffit pas de qualifier ces mouvements de « progressistes » ou de « nationaux » en général ; il faut les confronter, les évaluer et les traiter selon un critère fondamental : leur degré d’adhésion à la ligne anti-impérialiste prolétarienne.

Cette tâche impose aux véritables militants la responsabilité de diriger le front anti-impérialiste avec un programme clair, capable de mobiliser et d’organiser tous les mouvements des opprimés et des exploités : ouvriers, paysans pauvres, étudiants, intellectuels révolutionnaires, femmes opprimées et toutes les autres couches placées sous le joug du capital financier. Seul ce programme garantit à la lutte démocratique une cohérence véritable, en la reliant à la démocratie prolétarienne.

Accomplir cette tâche historique exige une lutte résolue contre tous ceux qui cherchent à dépouiller les luttes populaires de leur caractère révolutionnaire et à les transformer en outils fonctionnels au service de l’impérialisme et de la réaction. Lorsque Lénine écrivait, il y a plus d’un siècle, que « la lutte contre l’impérialisme est un vain mot si elle n’est pas organiquement liée à la lutte contre l’opportunisme », il ne faisait pas une observation de circonstance. Il établissait plutôt un principe stratégique dont la validité se confirme jour après jour. De nombreux mouvements ont lancé des slogans d’indépendance nationale ou de changement social pour finalement être vidés de leur contenu révolutionnaire sous la pression des compromis de classe et finalement être subordonnés aux projets des impérialistes.

En réalité, l’expérience historique montre que la petite bourgeoisie – y compris des segments de la paysannerie, des étudiants, des enseignants et des intellectuels – prend le plus souvent clairement position contre la domination de l’impérialisme et de ses agents locaux et se montre prête à adhérer aux valeurs de la démocratie prolétarienne. Cependant, ces couches, du fait de leur position de classe intermédiaire, sont vulnérables aux oscillations entre révolution et réaction. Il est donc absolument nécessaire que le prolétariat lutte consciemment et résolument pour gagner ces forces à sa cause, sans compromettre ses principes de classe ni se laisser emporter par les illusions réformistes.

En pratique, cela signifie :

• Mener une lutte idéologique et politique continue contre toutes les influences bourgeoises au sein du mouvement de masse ;
• Dénoncer les illusions bourgeoises présentées comme « nationales » ou « démocratiques » tout en étant par essence soumises à la logique de l’impérialisme ;
• Construire des outils de lutte capables d’orienter ces mouvements vers l’objectif stratégique de la destruction du pouvoir du capital impérialiste et du renforcement du pouvoir des masses travailleuses.

Seule cette approche permet d’établir un véritable lien entre la lutte démocratique et le contenu anti-impérialiste.

Contenu de classe et points clés de la lutte anti-impérialiste

Alors que dans les pays capitalistes-impérialistes, la lutte anti-impérialiste fait partie intégrante de la lutte révolutionnaire socialiste directe contre le pouvoir bourgeois, dans les pays semi-coloniaux et semi-féodaux, elle se manifeste sous la forme d’une révolution démocratique populaire, visant simultanément à renverser l’hégémonie impérialiste et à démanteler les structures féodales locales qui lui sont alliées. Cependant, malgré les différences de formes concrètes et les tâches échelonnées entre ces deux types de pays, l’essence de la lutte demeure la même : progresser sans relâche vers la libération du prolétariat et des peuples et nations opprimés par la défaite des impérialistes et de leurs laquais locaux.

La véritable libération de toutes les classes et groupes opprimés – des paysans pauvres aux femmes laborieuses, en passant par les intellectuels révolutionnaires et les nations opprimées – ne peut être obtenue que sous la direction du prolétariat. Sans une telle direction, les révolutions restent vulnérables à la récupération par la petite bourgeoisie nationale qui capitule rapidement devant l’impérialisme et fait des compromis pour préserver ses propres intérêts.

Alors que les régions autrefois dépendantes n’étaient que des débouchés pour les surplus de produits manufacturés des centres capitalistes, elles sont devenues, à l’ère impérialiste, une plate-forme d’exportation du capital lui-même, c’est-à-dire pour son utilisation directe dans l’exploitation du travail et le pillage des ressources naturelles. L’exportation de capitaux, tout comme celle des marchandises, est le facteur fondamental qui a étendu le réseau de pillage impérialiste et lié structurellement les économies des pays opprimés à la roue du capital monopoliste mondial. Ainsi, des peuples entiers sont devenus les otages d’une poignée de monopoles transnationaux, tandis que la contradiction entre le centre impérialiste et les périphéries opprimées s’est intensifiée.

Reconnaître cette réalité est la première étape vers la construction d’un mouvement anti-impérialiste ancré dans son contenu de classe révolutionnaire et définissant précisément ses tâches historiques : dans les pays impérialistes, la lutte pour la révolution socialiste ; et dans les pays semi-coloniaux et semi-féodaux, la lutte pour une révolution démocratique populaire menant au socialisme.

À l’ère de l’impérialisme, le monde est divisé en deux camps profondément opposés : d’un côté, une poignée d’États impérialistes qui monopolisent le capital financier et contrôlent l’économie mondiale ; de l’autre, les peuples et nations opprimés englués dans l’exploitation et la dépendance. Cette division n’est pas accidentelle, mais plutôt l’expression la plus mature de la contradiction fondamentale entre le travail et le capital à son stade le plus élevé, c’est-à-dire le capitalisme monopoliste.

Les pays impérialistes ne se contentent pas d’exporter des marchandises, comme c’était le cas à l’époque du capitalisme concurrentiel mais exportent le capital lui-même – moyen le plus efficace de pillage et de contrôle. Ainsi, le capitalisme est imposé aux pays dépendants sous une forme bureaucratique et déformée qui, sans libérer les forces productives ni éliminer les formes précapitalistes, les réintègre au contraire dans le réseau de dépendance impérialiste et les met à son service. Ce capitalisme dépendant et bureaucratique n’est rien d’autre qu’un instrument de domination impérialiste, exacerbant l’exploitation et la pauvreté au lieu d’ouvrir la voie à la libération des peuples.

Ceux qui ne comprennent pas l’essence de classe du capitalisme ne pourront comprendre l’impérialisme. L’impérialisme n’est ni une politique étrangère, ni une simple forme d’expansion militaire. C’est le stade suprême du capitalisme lui-même : celui de la domination du capital financier parasitaire qui domine la production sociale et contrôle l’économie, la politique, la culture et l’idéologie à l’échelle mondiale.

Par conséquent, toute opposition à l’impérialisme qui n’est pas organiquement liée à l’hostilité au capitalisme demeure incomplète et vouée à la déviation et au repli.

S’opposer au pillage des terres par les monopoles, s’engager dans un mouvement anti-guerre, défendre l’environnement, voire résister au fascisme sont des luttes justes et nécessaires, mais elles restent limitées si elles ne sont pas fondamentalement liées à la lutte de classe contre le pouvoir du capital monopoliste. Il est nécessaire non seulement de résister aux conséquences de l’impérialisme – les guerres, la pauvreté et la destruction environnementale – mais aussi d’en éradiquer les causes : le capitalisme lui-même, dans sa phase impérialiste.

Il apparaît donc clairement que la lutte anti-impérialiste est nécessairement une lutte révolutionnaire globale – politique, sociale, économique et idéologique – visant l’État de classe, instrument de la bourgeoisie monopoliste.

La véritable indépendance nationale, la liberté effective et la paix durable ne peuvent être obtenues sous la domination des monopoles, ni par des compromis avec l’impérialisme ni par des réformes superficielles. Elles peuvent plutôt être réalisées en détruisant l’appareil d’État bourgeois dépendant et en établissant une nouvelle autorité populaire démocratique qui ouvre la voie à la transition vers le socialisme.

L’évolution du capitalisme vers l’impérialisme a engendré une nouvelle contradiction, parallèlement à la contradiction fondamentale entre le prolétariat et la bourgeoisie : la contradiction entre l’impérialisme, d’une part, et les peuples et nations opprimés, d’autre part. Cette contradiction n’est pas seulement une question politique ou militaire ; elle est fondamentale dans la nature même du système impérialiste et se manifeste clairement dans la structure d’exploitation créée par l’impérialisme dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, directement et par l’intermédiaire de ses agents locaux.

Après la révolution d’Octobre 1917, il est devenu évident que les mouvements de libération nationale dans les pays opprimés n’étaient plus seulement des enjeux locaux, mais faisaient partie intégrante de la révolution prolétarienne mondiale. Lénine soulignait que le monde était divisé en deux camps opposés : le camp de l’impérialisme dominant, composé d’une poignée de pays riches possédant le capital financier, et le camp des peuples opprimés et exploités des colonies et des États dépendants, qui constituent la grande majorité de la population mondiale. Les colonies et les États dépendants représentent une vaste réserve pour l’impérialisme et une source importante de sa puissance économique et militaire. Par conséquent, la lutte révolutionnaire de ces peuples est le seul moyen de les libérer de l’oppression et de l’exploitation.

Parler d’État impérialiste ou de système impérialiste en général revient essentiellement à parler de la domination des monopoles qui contrôlent l’économie, la politique et la société, que ce soit directement dans les pays impérialistes ou dans les colonies et semi-colonies par le biais de leurs laquais locaux : la bourgeoisie bureaucratique-compradore et les grands seigneurs féodaux.

La libération des peuples opprimés ne peut être obtenue que par une lutte commune avec le prolétariat mondial, qui lie la libération nationale à la révolution socialiste et transforme la lutte contre l’impérialisme d’une question locale en une partie d’une lutte mondiale pour détruire le système capitaliste monopoliste.

Objectifs

  1. S’opposer fermement à l’impérialisme, au capitalisme monopoliste, au fascisme et au féodalisme, et s’opposer à toutes les formes de discrimination réactionnaire, raciale et de classe, utilisées par la classe dirigeante pour maintenir l’exploitation des peuples.
  2. Lutter résolument contre le sionisme en tant que mouvement réactionnaire et colonialiste et contribuer à dénoncer l’entité sioniste comme base d’appui de l’impérialisme dans la région.
  3. Construire une unité mondiale plus large contre l’impérialisme en rassemblant toutes les forces opprimées vers un front uni contre leurs ennemis communs.
  4. S’opposer aux guerres injustes et réactionnaires et à toutes les alliances militaires et économiques impérialistes, et adhérer résolument au principe de l’internationalisme prolétarien face à l’agression impérialiste des peuples et nations opprimés.
  5. Soutenir les luttes populaires pour l’indépendance nationale et la libération sociale, soutenir les mouvements révolutionnaires de libération et les guerres populaires contre l’occupation impérialiste et ses laquais, et protéger et soutenir les communistes, les révolutionnaires, les démocrates et les prisonniers de guerre qui luttent pour la libération sociale, nationale et démocratique.
  6. Renforcer l’unité de classe et défendre les intérêts de la classe ouvrière ; s’opposer aux politiques visant à la démanteler et à l’affaiblir face au capital ; soutenir les syndicats de classe et leurs luttes aux niveaux national et international ; défendre les droits des paysans pauvres et des ouvriers agricoles démunis ; s’opposer à l’exploitation, au féodalisme et à l’impérialisme, et réaliser une révolution agraire qui éliminerait la grande propriété foncière.
  7. S’opposer à la discrimination nationale, au racisme et à l’oppression pratiqués par l’impérialisme et ses agents, défendre le droit des minorités nationales et des peuples opprimés à l’autodétermination, et s’opposer à l’oppression religieuse et sectaire dans le cadre de la lutte pour la démocratie et la libération sociale.
  8. Donner aux femmes les moyens de se libérer pleinement de l’exploitation patriarcale et de classe, et considérer cette libération comme un élément de la lutte des classes en général.
  9. Plaider pour l’éducation universelle pour tous, supprimer les obstacles à l’éducation des groupes opprimés et faire de l’éducation un outil au service des masses, et non un outil de profit capitaliste.
  10. Garantir le droit gratuit et inconditionnel aux soins de santé pour toutes les classes et tous les groupes opprimés en tant que droit fondamental.
  11. Protéger les migrants de la discrimination et de l’oppression résultant de l’impérialisme, défendre leur droit à migrer en raison des guerres et des destructions impérialistes, et combattre les causes des migrations forcées.
  12. Relier la lutte anti-impérialiste aux questions environnementales, s’opposer à la destruction de la nature et des terres ancestrales des paysans et des peuples autochtones, et donner la priorité au bien-être humain.

Maroc, 2025.

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