Nous partageons cet éditorial issu d’A Nova Democracia, paru le 16 octobre 2025.
Le rapport World Social Report 2025, élaboré par l’ONU elle-même sous la houlette impérialiste, recense certains éléments clés permettant d’évaluer le degré de décomposition sans précédent du système impérialiste. Son diagnostic, même s’il provient d’une source de la réaction mondiale, dite « communauté internationale », ne pouvant plus cacher toute la réalité, même si ses chiffres sont maquillés, révèle néanmoins la gravité de l’état du système impérialiste. Son rapport définit la situation comme une « crise sociale mondiale », aggravée par une « insécurité économique », une « inégalité croissante » et une « perte de confiance dans les institutions ». Selon ce rapport, plus de 2,8 milliards d’êtres humains vivent avec un revenu compris entre 2,15 et 6,85 dollars par jour, ce qui les conduit naturellement à survivre dans des conditions inhumaines et les empêche de vivre pleinement, au sens propre du terme, dans ce système d’oppression brutale. Néanmoins, plus de 65 % de la population mondiale vit dans des pays où les conditions d’« inégalité » s’aggravent, c’est-à-dire que la concentration indécente des richesses s’accroît dans les mêmes proportions que la masse des misérables. Ce n’est pas sans raison que la majorité de la population, selon le rapport, fait état d’un niveau de confiance faible ou nul dans les gouvernements, en particulier chez les plus jeunes.
Mais il n’y a pas que l’ONU : des think tanks impérialistes tels que l’américain « Freedom House », le britannique « Economist Intelligence Unit » (EIU) et le suédois « Varieties of Democracy » (V-Dem), bien qu’utilisant des indicateurs différents, ont tous conclu dans leurs rapports annuels de 2025 que la « démocratie » (c’est-à-dire la vieille démocratie bourgeoise) continue globalement de décliner. V-Dem souligne « l’augmentation de la violence politique » et une « vague d’autocratisation » en croissance vertigineuse au cours des 25 dernières années dans le monde, et que les États-Unis connaissent « l’épisode d’autocratisation le plus rapide de l’histoire moderne » et à « une échelle sans précédent ». Mais comment pourrait-il en être autrement ? Il faut beaucoup de cynisme pour cacher le soleil avec un tamis, car la gravité même de la crise ne permet plus de consensus pour la dissimuler et les mensonges ne collent plus comme avant. La vérité est simplement la suivante : plus la concentration de la richesse dans un pôle et la pauvreté dans un autre sont importantes, plus les États bourgeois ont besoin d’accroître la réaction, avec des restrictions ou des suppressions des libertés démocratiques déjà si maigres – l’« autocratisation » n’est rien d’autre que la marche de la démocratie bourgeoise vers l’absolutisme présidentiel, avec des mesures fascistes croissantes, vers le fascisme lui-même. Le capital monopoliste, c’est-à-dire l’impérialisme, ayant une tendance à la violence et à la réaction sur toute la ligne, est politiquement la guerre d’agression contre les nations opprimées par les nations impérialistes et le partage du monde entre celles-ci. C’est donc depuis la Première Guerre mondiale impérialiste, du point de vue social comme du social-chauvinisme, que la sénilité de la république démocratique bourgeoise, y compris sous la gestion de la social-démocratie, ne produit plus que frustration et ressentiment des masses populaires face à l’échec et à la faillite de cette gauche bourgeoise ; c’est la base à partir de laquelle l’extrême droite a émergé dans le monde entier au cours de la dernière décennie.
La Fondation Carnegie, quant à elle, affirme dans son « Global Protest Monitor » que « les manifestations antigouvernementales de grande ampleur et à forte connotation politique se multiplient dans plusieurs régions ». Elle ajoute que « les mobilisations dans de nombreux pays » se multiplient depuis 2024, principalement sous l’effet de la « pression autocratique » et des « actions antidémocratiques des gouvernements » : là où il y a oppression, il y a résistance, et l’explosivité des masses atteint des niveaux sans précédent. Ainsi, le « Monitor » rapporte qu’au cours des 12 derniers mois (jusqu’au 1er septembre), plus de 142 « manifestations antigouvernementales importantes » ont eu lieu, dont plusieurs ont duré des jours, voire des mois. Il s’agit clairement de tendances pré-insurrectionnelles, qui marquent le développement de la situation révolutionnaire à travers le monde, bien que de manière inégale, dont les soulèvements populaires annoncent la fin historique du système impérialiste et de ses formes politiques, ainsi que la tendance politique à son remplacement. Évidemment, à condition qu’il existe une direction prolétarienne pour garantir le cours de la transformation sociale, doter ces soulèvements de la stratégie et des tactiques indispensables pour triompher, en somme, des partis révolutionnaires du prolétariat.
Une expression très concrète a été l’Amérique latine, qui devient de plus en plus le maillon faible de la chaîne de domination impérialiste, au milieu de la formidable crise générale du système, étant le « jardin » de la seule superpuissance hégémonique yankee qui, en plein déclin de sa domination mondiale, se trouve menacée par l’instabilité économique, l’intensification de la lutte des classes et les soulèvements populaires dans ses pays, et qui compte sur la riche expérience de la guerre populaire au Pérou.
Le conte de la « stabilité » du sous-continent meurt à petit feu. Au Pérou, le soulèvement populaire, de véritables batailles rangées qui ont coûté des vies, a déjà renversé la présidente putschiste Dina Boluarte, et c’est maintenant le 7ème président en seulement 10 ans qui prend la relève : en résumé, un pays ingouvernable en raison de l’antagonisme social brutal et de la démoralisation sans précédent de son ancien ordre, où une révolution est en cours, même si elle traverse les difficultés inhérentes à toute grande entreprise. L’Équateur ne fait pas exception : le soulèvement des paysans, des indigènes et d’autres secteurs populaires dénonce également le coût de la vie, qui s’aggrave avec la hausse des prix des carburants, mais pas seulement : la colère des masses contre les abus, la corruption et l’oppression d’un gouvernement de plus en plus fasciste et vendu à l’étranger ne cesse de croître.
La vieille démocratie bourgeoise – ou, dans le cas des pays semi-coloniaux, son simulacre bureaucratique et féodal avec des institutions vidées de leur contenu républicain – est une entité incapable de « régler les conflits ». Ce verrou est perçu par les masses pour ce qu’il est réellement : un instrument par lequel les riches – les classes dominantes locales serviles à l’impérialisme, quel qu’il soit, mais principalement yankee – imposent la répression et vendent des illusions aux pauvres, ne méritant aucune confiance.
Il en va de même dans notre pays [le Brésil, ndlt], comme en témoigne la multiplication, dans les zones rurales, des incidents au cours desquels des groupes d’autodéfense paysans armés repoussent des paramilitaires commandés par des officiers supérieurs de la police militaire, qui sont en outre composés de policiers de mieux en mieux armés et structurés, bénéficiant du soutien direct et actif de ces mêmes corps répressifs officiels. Les paysans et les autres pauvres des campagnes ne consentent pas à être représentés par tel ou tel politicien, juge, procureur, de « gauche » (fausse) ou de droite, ou par quoi que ce soit venant de Brasilia ou d’ailleurs, car ils ont instinctivement appris qu’il s’agit de quelque chose de malfaisant. Ils préfèrent plutôt se fier à leurs propres forces et organisations, de plus en plus, dans un sens opposé à ce qu’on appelle « l’État démocratique de droit », et la faute en revient à celui-ci, car il n’est pas – et ne peut pas être – démocratique ou « de droit ». La lutte des classes ne fera que s’intensifier et prendre de plus en plus la forme d’une révolution agraire, une perspective politique qui pointe vers un Brésil nouveau, un gouvernement des ouvriers, des paysans, des intellectuels honnêtes et des petits et moyens propriétaires. Tout indique qu’un sommet révolutionnaire se produira dans les campagnes, comme l’a déclaré un jour le président Mao Zedong, au cours des premiers mois de la révolution agraire de 1924-1927 dans la Chine ancienne.
Après l’imposition de l’accord de cessez-le-feu par la Résistance nationale palestinienne, les monopoles médiatiques du monde entier n’ont pas tardé à présenter l’ultra-réactionnaire Donald Trump comme le grand architecte du « plan de paix ». Trump aspirait même à remporter le prix Nobel de la paix, mais comme le récompenser aurait été trop démoralisant (comme l’avait été l’attribution du prix au génocidaire Obama en 2009, à une époque où l’hégémonie des États-Unis n’était pas encore aussi contestée qu’aujourd’hui), ils ont fini par le remplacer par une autre laquais alignée sur les plans impérialistes, en l’occurrence une gusana quelconque, dont le nom est si insignifiant que nous ne le mentionnerons même pas. Les grands journaux ont également déclaré que le Hamas s’était vu « contraint » par la menace des États-Unis de « s’anéantir » ! Il est toutefois plus probable que les chefs de la Résistance aient considéré cette absurdité comme une mauvaise blague. Après tout, en quoi cela diffère-t-il de ce que les Yankees et les sionistes ont dit au cours des 80 dernières années, et en particulier au cours des six derniers mois ? D’où la réponse cinglante de la haute direction de la Résistance nationale palestinienne, affirmant que la poursuite de la lutte armée et le refus du désarmement sont non négociables !
Que les hyènes nazi-sionistes ricanent, surtout l’antéchrist Benjamin « Satanyahu », tant qu’elles le peuvent. Le génocide contre le peuple palestinien, tentative sinistre qui entrera dans l’histoire de l’humanité aux côtés des camps de concentration nazis comme les exemples les plus infâmes et honteux, n’a pas pu balayer ce peuple intrépide, marque de ce que l’humanité a produit de meilleur dans notre époque. Le sacrifice palestinien a soulevé les masses à travers toute la planète et exhorte les opprimés de la Terre à se révolter contre leurs tyrans. L’entité nazie-sioniste a ses entrailles putrides exposées. Ainsi, les rues et les champs débordent d’amour infini pour le merveilleux peuple palestinien et de haine sans pitié pour le sionisme et ses lèche-bottes à travers le monde. Que vive la Palestine bénie !


