Ne jamais déposer les armes et ce jusqu’à la victoire !

Nous partageons ce texte reçu de camarades révolutionnaires du Maroc.

Un sommet très attendu s’ouvrira demain à Charm el-Cheikh, visant à parvenir à un cessez-le-feu à Gaza. Bien que ce sommet s’inscrive dans le cadre du plan Trump, il n’en a esquissé que les grandes lignes, laissant la plupart des détails dans le flou des négociations, à l’exception de sa première phase, qui prévoit la cessation des hostilités et le retrait des forces d’occupation jusqu’à la Ligne jaune, en échange d’un échange de prisonniers.

Cependant, l’essence même du plan réside dans une clause dangereuse relative au désarmement de la résistance, une condition à laquelle l’entité sioniste s’accroche et intensifie sa propagande. Parallèlement, toutes les factions de la résistance palestinienne insistent sur le fait que posséder des capacités défensives n’est pas une option, mais plutôt un droit, un devoir et une condition de leur existence et de la protection de leur peuple.

Les choses n’étant pas encore tranchées, le déroulement et les résultats du sommet seront déterminés par l’équilibre des forces, où s’entremêlent considérations politiques, régionales et internationales. L’histoire récente révélera le sort de ce tournant décisif concernant les armes de résistance, car elle représente un véritable test de la volonté du peuple et de sa capacité à résister aux pressions.

Quels que soient les résultats, le peuple palestinien – comme nous l’avons appris tout au long de sa longue lutte – reste capable de déjouer les complots. Cependant, le défi est aujourd’hui plus grand que jamais, notamment pour l’avenir de sa cause à court et moyen terme.

Que signifie réellement le désarmement de la résistance ?

Et quel est l’objectif visé derrière cette clause ambiguë ?

L’article qui vous est présenté tente de déconstruire cette question fondamentale et d’en aborder l’essence et le sens profond à travers les expériences historiques des luttes des peuples pour leur liberté.

Désarmement : la tragédie du peuple sans défense dans le sanctuaire de l’histoire

Lecture de quelques jalons historiques du renoncement aux armes.

L’appel au désarmement de la résistance palestinienne, qu’il soit lancé par les porte-parole de l’impérialisme mondial ou par les dirigeants de la « bourgeoisie traîtresse et agente » (selon les termes de la direction de l’AP), n’est pas une simple erreur tactique ; c’est une expression flagrante de classisme visant à liquider la cause palestinienne. Il s’agit d’une tentative de dépouiller les masses de leur « appareil de défense » dans une lutte existentielle qui n’a pas encore été résolue.

Cette entreprise contredit fondamentalement la loi fondamentale du mouvement révolutionnaire, résumée par Karl Marx : « L’histoire de toute société jusqu’à présent est l’histoire des luttes de classes. » En Palestine, cette lutte s’incarne dans sa forme la plus brutale : un conflit entre une force d’occupation coloniale entièrement armée et un peuple opprimé en lutte pour sa libération et son retour.

Déposer les armes dans ce contexte est une trahison. Tant que cette entité existe et est armée, le désarmement ne signifie pas la paix ; il signifie plutôt transformer le peuple en « matière première » propice à l’oppression et au déplacement.

De ce point de vue, l’arme de résistance n’est pas seulement un moyen de combat ; c’est la garantie matérielle de la volonté politique de libération. C’est la « dissuasion » qui impose un lourd tribut à l’ennemi pour toute folie expansionniste ou tout nouveau crime. Tout appel à désarmer cette arme est un appel au suicide national et un service direct rendu à la machine impérialiste et sioniste, qui n’hésitera pas à massacrer le peuple palestinien dès que cessera toute résistance authentique.

L’histoire humaine, comme Marx nous l’a enseigné, est l’histoire de la lutte des classes. Cependant, les résultats de cette lutte se transforment en massacre unilatéral dès que les opprimés (le prolétariat, les paysans, les peuples colonisés et la résistance) abandonnent leur principal outil matériel : les armes. L’État n’est pas une entité neutre ; il est plutôt l’appareil d’oppression organisée aux mains de la classe dominante. Lorsque l’arme de résistance est mise de côté, l’un des piliers les plus importants de la « ligne politique » qui protège les masses est supprimé, et le sacrifice humain devient un simple prix à payer pour maintenir le régime existant ou le statu quo.

L’Histoire n’est qu’une vaste scène, dont les chapitres se dévoilent, mais l’intrigue dramatique demeure la même : la trahison succède à la complaisance. Dès que l’épée est rengainée et le fusil baissé, la lutte ne cesse pas, mais se transforme d’une confrontation ouverte en un anéantissement silencieux, pratiqué par le vainqueur sur le corps sans défense de son adversaire. L’arme de résistance, dans son essence philosophique, est le strict minimum de l’existence, et c’est le seul langage compris par la loi de la jungle qui régit les États et les empires.

Une histoire s’étendant de Carthage (146 av. J.-C.) à Gaza (2018 apr. J.-C.) confirme cette vérité, et montre que ces événements ne sont pas seulement le récit de trahisons, mais plutôt la confirmation concrète de l’inévitabilité de la violence contre-révolutionnaire lorsque l’équilibre des pouvoirs est perturbé.

Au cœur de ces tragédies réside une loi stricte : les promesses du possesseur ne valent rien face au possesseur. Pour le bourreau (la classe dirigeante, l’impérialisme, etc.), l’objectif n’est pas seulement la reddition politique, mais l’élimination de la base matérielle qui a engendré la résistance. De nombreux exemples confirment cette vérité historique.

L’histoire ancienne nous enseigne que la promesse de paix n’est qu’un piège tendu à une proie précieuse.

En 146 av. J.-C., Carthage capitula face aux Romains après des promesses de sécurité, mais fut brûlée, tuée et réduite en esclavage. Des siècles plus tard, à Rome même, les esclaves de Spartacus (71 av. J.-C.) se rendirent en échange d’une amnistie. Leur châtiment fut la crucifixion de 6 000 d’entre eux sur la voie Apienne, en guise d’avertissement sanglant à quiconque oserait prendre les armes pour l’honneur.

Cette loi sanglante a traversé les âges : en 687 apr. J.-C., l’armée d’Al-Mukhtar al-Thaqafi fut persuadée de rendre ses armes contre une garantie, et tous furent massacrés. À l’apogée de sa prospérité culturelle, la chute fut sanglante, les Mongols trahissant les Khwarazmiens (1220 apr. J.-C.). Puis survint la grande tragédie de Bagdad (1258 apr. J.-C.), lorsque le calife Al-Musta’sim capitula avec la garantie de Hulagu, entraînant son assassinat et l’extermination de centaines de milliers d’habitants sans défense de la ville. L’atrocité se répéta aux mains de Tamerlan à Bagdad (1401 apr. J.-C.), puis à Damas (1401 apr. J.-C.), où des pyramides furent construites avec les crânes de ceux qui rendirent volontairement leurs armes en échange d’une alliance.

Le chapitre le plus douloureux de cette épopée est la chute de l’Andalousie.

En 1492, la chute de l’Andalousie fut un exemple flagrant de rupture des engagements pris envers les musulmans. Le 25 novembre 1491, le traité de Grenade fut signé entre le dernier roi des Banu al-Ahmar, Boabdil al-Saghir, et les monarques catholiques (Isabelle I et Ferdinand II). Ce traité stipulait des conditions de reddition permettant aux musulmans de conserver leur religion, leurs biens et leurs coutumes. Cependant, après la remise des clés de Grenade le 2 janvier 1492, et une fois la structure politique et militaire musulmane désintégrée, la violation progressive du traité commença. La pression et les inquisitions s’intensifièrent, et les musulmans furent contraints de se convertir au christianisme (les Morisques). Puis vint la décision de les expulser définitivement d’Espagne au début du XVIIe siècle, entraînant le massacre et le déplacement d’un grand nombre de personnes, privées de moyens de défense. Des dizaines d’exemples confirment cette vérité :

Le massacre de Jaffa (1799) : L’exécution par Napoléon de 4 000 prisonniers ottomans n’était rien d’autre qu’une application de la philosophie de la terreur contre-révolutionnaire pour étouffer tout esprit de résistance en Orient.

Les janissaires (1826) et le massacre de la Citadelle (1811) : Tous deux représentaient des purges de classe internes. Le sultan ottoman et Mehmet Ali Pacha éliminèrent les forces militaires rebelles (qui auraient pu menacer leur pouvoir de classe) après les avoir appâtées et séduites par des promesses.

À l’époque coloniale et impérialiste, la trahison était déguisée en « traités » et « apaisement », mais il s’agissait en réalité d’un processus organisé de désarmement de la révolution. Après la Seconde Guerre mondiale, les organisations internationales (dont les Nations unies) devinrent un outil des puissances impérialistes pour légitimer le désarmement de la résistance, connu sous le nom d’« engourdissement du prolétariat par des promesses de paix ».

Massacres d’Amérindiens (XIXe siècle) : Les traités de paix avec des tribus telles que les Cheyennes et les Arapahos (Sand Creek, 1864) n’étaient qu’une couverture juridique pour l’accaparement des terres et le génocide, culminant à Wounded Knee (1890), où des centaines de personnes furent tuées après leur reddition.

Le massacre de Sabra et Chatila au Liban (1982) est un exemple frappant d’histoire contemporaine. À la suite de l’invasion israélienne du Liban en 1982, et grâce à la médiation des États-Unis, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a accepté un retrait armé de Beyrouth en août 1982, les forces internationales assurant la protection des civils palestiniens dans les camps.

Une fois la résistance partie et l’armée israélienne envahissant Beyrouth-Ouest, les forces israéliennes ont assiégé les camps de Sabra et Chatila. Entre le 16 et le 18 septembre 1982, les forces assiégeantes ont permis aux milices libanaises d’y pénétrer et de commettre le massacre de Sabra et Chatila contre des civils palestiniens et libanais non armés, faisant des milliers de victimes. Ce massacre s’est produit en l’absence de toute force pour protéger la population après le retrait des armes de la résistance.

Srebrenica (1995) : La « zone de sécurité », entièrement désarmée à la demande des Nations Unies, était un piège impérialiste qui a conduit au massacre de 8 000 musulmans bosniaques désarmés. Dans ce contexte, les Nations Unies n’ont été qu’une complice passive.

Accords d’Oslo (1993) : Le désarmement de la résistance palestinienne, prévu par cet accord, a marqué le début d’une série d’assassinats et d’arrestations visant les dirigeants qui refusaient de renoncer à la lutte armée, affaiblissant ainsi le pouvoir de négociation du peuple.

Les maoïstes rendent leurs armes au Népal (2007). Au Népal, l’accord de « paix globale » de 2006 a mis fin à une longue guerre populaire. En janvier 2007, les combattants maoïstes (sur décision de la direction du Parti communiste népalais) ont entamé le processus de reddition et de stockage de leurs armes sous la supervision des Nations Unies, en prévision de leur engagement politique. Bien que ce processus ait conduit à la transformation du Parti communiste népalais en parti politique légitime et à l’abolition de la monarchie, le sort du peuple népalais était entre les mains des réactionnaires. Le désarmement marqua l’aboutissement du succès des réactionnaires et des impérialistes dans la consolidation de leur emprise sur le peuple. Il rendit difficile aux révisionnistes de garantir l’application des accords politiques après le non-respect de ces accords par l’autre partie, renforçant ainsi le principe selon lequel la force est la garantie ultime.

Lors du génocide arménien (1915), la première mesure prise par les autorités ottomanes fut d’exiger des soldats arméniens de l’armée qu’ils rendent leurs armes sous prétexte de réorganisation. Ils furent immédiatement arrêtés et exécutés, laissant le peuple sans défense en proie à son triste sort.

À Manjing (1937), des dizaines de milliers de Chinois se rendirent aux forces japonaises sous promesse de sécurité, pour finalement être tués et torturés lors de l’un des massacres les plus horribles de l’humanité.

La Commune de Paris (1871) : Après le soulèvement des ouvriers et des soldats parisiens contre le gouvernement bourgeois, la Commune prit le contrôle de la capitale et lança une expérience d’autonomie populaire. Cependant, elle commit une erreur stratégique fatale en hésitant à avancer sur Versailles et en laissant la bourgeoisie réorganiser ses forces. Lorsqu’on demanda à la Commune de rendre les armes de la Garde nationale, ce fut le début de la fin. Un massacre de masse connu sous le nom de « Semaine sanglante » eut lieu, et le régime bourgeois fut rétabli. Marx commenta la guerre civile française : « La Commune fut trop clémente… Elle n’osa pas écraser ses ennemis, et c’est ainsi qu’elle fut écrasée. » Ainsi, le désarmement, première expérience de pouvoir ouvrier, devint le symbole de la défaite historique de la classe ouvrière face au capital armé. La Révolution espagnole (1936-1939) : Lorsque la guerre civile contre les fascistes éclata, les milices ouvrières et paysannes se formèrent indépendamment et constituèrent la véritable force de la révolution.

Mais sous la pression de l’« unité nationale » et sous prétexte d’organisation, ces milices furent incorporées à l’Armée républicaine officielle, les dépouillant de leur caractère de classe révolutionnaire.

Il en résulta une bureaucratisation de la lutte, la transformant en un conflit militaire classique qui se termina par la victoire de Franco.

Ainsi, le « désarmement » n’était pas seulement militaire, mais idéologique : l’arme de la conscience révolutionnaire fut vidée de son contenu.

Cette liste stupéfiante de massacres et de trahisons s’étalant sur des milliers d’années établit une vérité indiscutable : il n’y a aucune sécurité pour ceux qui déposent les armes pour défendre leur droit à l’existence. Que la force adverse soit l’Empire romain, les Mongols ou les puissances coloniales modernes, le résultat est le même.

Dans ce contexte, les armes ne sont pas seulement un outil pour tuer ; Elles sont le témoignage de l’existence et le langage ultime de la souveraineté. Quiconque rend ces armes rend la main à l’histoire, et son sort est suspendu aux illusions d’une époque dont l’histoire n’a jamais prouvé la valeur dans l’équilibre des pouvoirs. C’est une éternelle symphonie de trahisons dont les chapitres ne s’achèveront jamais tant que le vainqueur échappera au châtiment.

Ce formidable témoignage historique clame haut et fort une vérité fondamentale : « Le pouvoir naît du canon du fusil. » L’arme est le garant ultime de l’alliance et le seul langage qui protège la dignité, les droits et l’existence.

La véritable tâche du révolutionnaire, selon ces leçons, est de refuser de déposer les armes, quoi qu’il en coûte, jusqu’à ce que l’appareil d’oppression de classe soit complètement démantelé et que le pouvoir du prolétariat soit établi, garantissant la justice par l’action, et non par des promesses.

Octobre 2025

Résistances et combats

Sumud wa Mukawama

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