Madagascar : L’impérialisme français sauve son pion

Il y a quelques jours, nous proposions un article de fond sur la compréhension des révoltes qui secouent aujourd’hui Madagascar, dirigées en particulier contre le président Andry Rajoelina. Nous rappelions que le président et sa clique avait été placés à la tête de l’État malgache à la suite d’un coup d’État, en 2009, largement soutenu par l’impérialisme français. Fidèle soldat des intérêts impérialistes, Andry Rajoelina est devenu citoyen français en 2014, en contradiction complète avec la loi malgache, qui dispose clairement que : « Perd la nationalité malgache, le Malgache majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère ».

Depuis le début de la contestation populaire, le régime d’Andry Rajoelina est responsable d’au moins 22 morts, le président exigeant de tirer sur la foule contestataire. Menacé directement par le ralliement d’une partie de l’armée aux contestations populaires, Andry Rajoelina a quitté secrètement Madagascar le 12 octobre, exfiltré par un avion militaire français. Il a rejoint l’île malgache de Sainte-Marie en hélicoptère, avant d’être pris en charge par l’armée française jusqu’à la Réunion. Il serait ensuite parti s’exiler à Dubaï, à bord d’un jet privé.

Un accord entre le président Andry Rajoelina et le président français Emmanuel Macron aurait donc permis cette exfiltration. Le lendemain de son départ, un décret est publié pour gracier deux ex-officiers français impliqués dans une tentative de coup d’État en 2021. L’État français tentait d’obtenir leur libération depuis plusieurs années, sans succès. Paul Maillot Rafanoharana et Philippe François avaient été condamnés à des peines de 20 ans et 10 ans d’emprisonnement.

Hier soir, dans une intervention vidéo, Andry Rajoelina a annoncé refuser de démissionner, prétextant avoir l’ordre constitutionnel de son côté, parlant de « repli stratégique » pour éviter une tentative de meurtre. Officiellement, Andry Rajoelina n’est pas en fuite, mais « en mission à l’étranger » : cela lui permet aujourd’hui de prétendre dissoudre l’Assemblée nationale, sans réunion du conseil des ministres, ni contreseing du premier ministre, comme l’en oblige la Constitution.

Depuis l’Égypte, le président français Emmanuel Macron s’est lui aussi reporté au respect de la « continuité constitutionnelle » malgache, soutenant le maintien en fonction de son pion. L’impérialisme français s’illustre ici en plein jour. Comme lors du départ de ses troupes au Mali, ou dernièrement dans la Grande Révolte Kanak, Macron prétend honteusement tenter de conjurer des « ingérences étrangères » pour préserver l’ordre criminel dans ce qu’il reconnaît être son pré-carré.

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