Etat Espagnol : Entretien avec les Comités révolutionnaires sur leur travail pour la Palestine

A l’occasion de la libération de Georges Ibrahim Abdallah, nous avons pu réaliser cet entretien des Comités Révolutionnaires, une des organisations qui portait la lutte pour sa libération et pour le soutien à la lutte du peuple Palestinien dans l’Etat espagnol.

1 – Pouvez-vous présenter votre organisation et ses liens avec la lutte en soutien au peuple palestinien ?

Les Comités révolutionnaires sont des organisations de lutte du prolétariat. Nous sommes unis autour de notre Déclaration de principes fondatrice, qui est le guide idéologique et politique de tout notre travail. Elle comporte cinq points : 1) Appliquer les slogans « On a raison de se révolter » et « Servir le peuple » ; 2) Nous rejetons la farce électorale ; 3) Nous luttons contre l’impérialisme ; 4) Nous défendons les droits du prolétariat ; 5) Nous défendons les droits et libertés démocratiques. En tant qu’organisation de lutte, notre objectif est de politiser, d’organiser et de mobiliser les masses prolétariennes et populaires contre les impérialistes et tous leurs collaborateurs.

La libération de la Palestine est très importante pour nous. On ne peut pas être véritablement révolutionnaire si l’on n’est pas sincèrement anti-impérialiste. Cela est d’autant plus vrai aujourd’hui, alors que le centre de la révolution prolétarienne mondiale se trouve dans les nations opprimées du Tiers-Monde.

De plus, la résistance armée du peuple palestinien – en particulier depuis le 7 octobre 2023 – a donné un élan aux luttes anti-impérialistes dans le monde entier, en particulier dans le monde arabe. Elle a démontré que l’impérialisme est vraiment vulnérable et que le peuple organisé peut se battre et gagner.

2 – Que représente Georges Abdallah pour vous ?

En quelques mots, que la volonté des révolutionnaires est inébranlable. Nombreux sont les prisonniers politiques qui ont supplié pour obtenir une grâce, qui ont collaboré avec la réaction ou qui sont carrément devenus des mouchards et des informateurs en échange de privilèges carcéraux ou de peines plus courtes. Au contraire, Georges Abdallah est un exemple de volonté inébranlable. Il est resté ferme pendant plus de 41 ans d’emprisonnement. Il a démontré que lorsqu’on entre en prison, la vie politique ne s’arrête pas, mais se poursuit, dans des conditions différentes. La lutte pour la libération de Georges Abdallah a stimulé la lutte de Georges en prison, et la résistance de Georges a été un élan, un exemple, un phare pourrait-on dire, pour de nombreuses personnes dans le mouvement pro-palestinien.

3 – Qu’avez-vous gagné/apporté avec la grande contre-offensive tactique de la Résistance nationale palestinienne le 7 octobre ?

Comme nous l’avons dit précédemment, le déluge d’Al-Aqsa a montré à quel point l’impérialisme est faible. L’État sioniste et génocidaire d’Israël est un projet colonial de l’impérialisme US visant à dominer le Moyen-Orient. Israël dispose donc de la technologie militaire la plus avancée au monde. Cela ne lui a été d’aucune utilité. La Résistance palestinienne a porté un coup décisif et humiliant au sionisme, causant de nombreuses pertes et infligeant une défaite politique, militaire et morale à l’impérialisme et au sionisme. Avant le 7 octobre 2023, l’envahisseur sioniste contrôlait la terre, les airs et la mer, mais la Résistance palestinienne a creusé des milliers de kilomètres de tunnels souterrains pour surprendre l’ennemi. Ils pensaient que la Résistance était morte, mais la réalité était tout autre.

Depuis lors, l’impérialisme n’a atteint aucun de ses objectifs militaires. L’impérialisme yankee et les sionistes accumulent défaite après défaite, militaires, politiques et morales. Les politiques génocidaires qu’ils mènent contre Gaza ne font que montrer la faiblesse des impérialistes. Ils ne peuvent en aucun cas les vaincre, alors ils recourent au génocide, pensant que le peuple palestinien finira par capituler. Ils rêvent, s’ils pensent ainsi anéantir la Résistance. Pour chaque enfant mort de faim, la Résistance se renforcera de dix combattants supplémentaires.

Les Yankees et les sionistes ont essuyé défaite après défaite. Si la Résistance nationale palestinienne a été capable de faire cela, en s’appuyant sur ses propres forces, contre les plus grands impérialistes du monde, que pourraient faire les peuples opprimés s’ils se soulevaient contre leurs oppresseurs ! C’est pourquoi nous disons que la lutte de la résistance nationale palestinienne montre à quel point l’impérialisme est faible. Le Déluge d’Al-Aqsa est un appel aux peuples du monde entier à lutter contre l’ennemi impérialiste. C’est un appel international qui nous oblige, nous tous les anti-impérialistes, à nous regarder dans le miroir et à nous dire : « Si les Palestiniens peuvent se battre ainsi, dans ces conditions difficiles, nous le pouvons aussi ».

4 – Les paroles de Georges, la voix de Georges sont liées à celles de la Résistance. Cela a-t-il posé des problèmes pour votre collaboration avec d’autres organisations ?

Nous devons nous arrêter un instant et parler de la réalité espagnole, car elle est très différente de celle des autres pays européens. Dans notre pays, depuis plusieurs décennies, il était déjà fréquent d’avoir une position favorable à la Palestine. Après le déluge d’Al-Aqsa, cela s’est développé et il est très difficile de trouver quelqu’un qui soit en faveur d’Israël au sein des mouvements de masse un tant soit peu progressistes. L’ambiance générale de la société civile est pro-palestinienne. Par exemple : Radio-Televisión Española (la télévision publique nationale) parle de génocide et des massacres commis par l’armée sioniste. Cela serait qualifié de propagande pro-terroriste dans des pays comme l’Allemagne.

C’est le scénario général dans le mouvement de masse. Pour revenir à votre question, défendre la lutte armée n’a rien d’inhabituel. De nombreuses organisations le défendent, y compris des organisations social-démocrates, opportunistes, etc. Leur soutien n’est pas réel, bien sûr, il est purement verbal, mais le développement d’un mouvement pro-palestinien aussi important oblige les dirigeants opportunistes du mouvement à soutenir la lutte armée. Ou du moins, à ne pas la critiquer et à défendre qu’elle est un « moindre mal » dans la lutte pour la libération de la Palestine. Nos problèmes ne concernent donc pas ceux qui ne défendent pas la résistance, car formellement, toutes les personnes un tant soit peu progressistes la défendent. Nos problèmes concernent les dirigeants opportunistes qui prétendent défendre la résistance, mais qui ne le font pas réellement, et qui finissent par instrumentaliser la lutte du peuple palestinien à des fins électorales partisanes ou comme tremplin pour faire de la politique dans les partis sociaux-démocrates.

5 – Pouvez-vous nous expliquer sur quoi repose votre travail au sein du mouvement pro-palestinien ?

Nous avons appliqué trois principes pour notre travail commun : 1) défendre la résistance armée comme juste et nécessaire ; 2) défendre les prisonniers politiques et les prisonniers de guerre palestiniens ; 3) travailler sans sectarisme avec d’autres organisations, en tenant compte de ce qui nous unit.

Sur le premier point, nous défendons que la résistance armée est juste parce que la libération de la Palestine est une cause juste, toute guerre de libération nationale contre l’impérialisme est juste. Et en outre, non seulement nous défendons qu’elle est légitime, mais nous affirmons également que la lutte armée est nécessaire. Les impérialistes ne permettront jamais que leur ordre social de pillage et d’oppression du prolétariat international et des peuples du monde soit remis en question de manière pacifique. Concrètement, en ce qui concerne la résistance palestinienne, nous défendons et soutenons toutes ses factions, non seulement le FPLP et le FDLP, mais aussi le Hamas, le Jihad islamique, etc. Toutes ces forces font partie du camp anti-impérialiste, et toute contradiction qui existe est une contradiction au sein du peuple.

Sur le deuxième point, nous défendons les prisonniers politiques et de guerre, en particulier les prisonniers de guerre révolutionnaires, car ils sont l’expression vivante du sacrifice, du fait de risquer sa propre vie pour lutter pour un monde plus juste.

Concernant le tiers-monde, parce que pour transmettre un message avec plus de force, nous devons être le plus nombreux possible. Mais nous devons nous unir sur la base de principes politiques clairs, sinon ce qui naît un jour meurt le lendemain. L’unité entre différentes organisations est relative, elle ne peut être absolue, car si nous avions une unité absolue, nous serions tous dans la même organisation. Une unité relative signifie que nous avons des opinions différentes sur d’autres sujets, mais concrètement, en ce qui concerne la Palestine, nous avons des positions communes et nous pouvons nous mobiliser ensemble pour la cause palestinienne. Et pour agir ainsi, il faut s’éloigner du sectarisme. Le sectarisme, l’attitude de fermeture, est le contraire d’une attitude révolutionnaire.

6 – Le travail pour la libération de Georges Abdallah a-t-il permis certaines victoires ? Ou le développement de votre travail ?

La campagne pour la libération de Georges Abdallah a contribué au développement des Comités révolutionnaires. Elle a notamment contribué au développement des camarades du Comité révolutionnaire de Valence qui, en raison de certaines circonstances, ont été ceux qui ont le plus développé le travail de solidarité avec Georges. Dans la ville de Valence, rien n’avait jamais été fait pour Georges Abdallah, et grâce au travail des camarades, en moins d’un an, trois rassemblements et deux activités de masse (une conférence et un après-midi, tous deux avec le documentaire Fedayin) ont été organisés, en plus de plusieurs actions d’agitation et de propagande. Toutes ces activités ont permis d’identifier les réussites et les erreurs dans le travail, d’améliorer la portée de la propagande, d’intensifier l’activité politique, etc. Contrairement à ce que disent les opportunistes, le travail international n’est définitivement pas contraire au travail national. L’un n’est pas contraire à l’autre. L’un sert l’autre, et vice versa.

7 – Parler de Georges et de la résistance palestinienne nous expose à la répression. Quel exemple pouvez-vous nous donner sur le mouvement palestinien espagnol ?

La répression contre le mouvement pro-palestinien a toujours été plus voilée, elle devait être plus subtile que dans d’autres pays européens, en raison du contexte que j’ai expliqué précédemment. À l’heure actuelle, l’État ne peut pas réprimer ceux qui disent qu’Israël commet un génocide. Comment pourrait-il réprimer cela, alors que la télévision publique le dit tous les jours ? L’État ne peut pas non plus réprimer – en règle générale – ceux qui se positionnent ouvertement en faveur de la résistance, car il devrait alors réprimer des centaines de milliers de personnes. La répression de l’État se produit donc de trois manières.

La première, au niveau propagandiste, consiste à assimiler progressivement l’antisémitisme à l’antisionisme, afin de justifier l’existence de l’État d’Israël et la solution à deux États. Par exemple, le gouvernement parle du génocide de Netanyahu, mais n’oublie jamais de dénoncer le « terrorisme » du Hamas et le droit d’Israël à exister en tant que patrie juive.

La deuxième, avec la répression active, plus ou moins aléatoire, lors des mobilisations contre les militants du mouvement pro-palestinien afin de semer de plus en plus la peur. Bien sûr, la police ne réprime que là où elle a une supériorité tactique absolue. Par exemple, lors du dernier rassemblement devant l’ambassade d’Égypte, à Madrid, sept personnes ont été arrêtées. Le profilage raciste de la police a joué un rôle important dans cette affaire, car les migrants, en règle générale, subissent davantage de violences policières dans ce type de situation.

Troisièmement, en essayant de détruire le mouvement pro-palestinien de l’intérieur, ils encouragent l’infiltration de l’opportunisme et de la social-démocratie en son sein. Par exemple, il a été découvert que le Parti communiste espagnol (l’ancien PCE, pourri de révisionnisme) et ses jeunes ont collaboré avec le ministère de l’Intérieur lors des campements universitaires pour la Palestine en 2024. C’est l’une des façons dont l’État tente d’infiltrer le mouvement pro-palestinien.

8 – Qu’en est-il de la position de l’État espagnol sur la Palestine ? Cela a-t-il eu un effet sur votre travail ?

L’Espagne a reconnu l’État palestinien avec les frontières d’avant 1967 en mai 2024. Il s’agissait d’une mesure édulcorée qui est passée sans peine ni gloire pour le mouvement pro-palestinien. Tout d’abord, parce que la reconnaissance de l’État palestinien ne signifiait rien, elle n’était accompagnée d’aucun embargo sérieux et l’Espagne continuait à défendre la solution à deux États. Mais la raison la plus importante pour laquelle cela n’a eu pratiquement aucun impact sur le mouvement pro-palestinien, c’est que les dizaines de milliers de militants pro-palestiniens ne se sont pas laissés berner par ces miettes. Beaucoup ont pensé : « Oui, oui, très bien, mais quand allez-vous cesser d’envoyer des armes à Israël ? » La reconnaissance de l’État palestinien n’a fait qu’accroître, si possible, la mobilisation.

9 – Comment les masses réagissent-elles à la question de la résistance et du génocide ?

Dès l’annonce du Déluge d’Al-Aqsa, les masses ont fait preuve d’une grande solidarité envers le peuple palestinien. Auparavant, il était normal d’avoir une attitude favorable ou neutre envers la résistance. Peut-être plutôt neutre ; ils ne condamnaient pas la lutte armée, mais ne la glorifiaient pas non plus. Aujourd’hui, après presque deux ans et les politiques génocidaires d’Israël, l’attitude favorable envers la résistance ne cesse de croître. La plupart des mobilisations et des discours continuent de tourner autour des politiques génocidaires plutôt que de la résistance et de ses martyrs. Il est toutefois indéniable qu’aujourd’hui, ils sont plus nombreux qu’il y a deux ans à voir d’un bon œil le combattant palestinien, fusil à la main.

10 – Y a-t-il des mouvements spontanés importants de masse, des grèves, des actions importantes des masses ?

Depuis le 7 octobre 2023, il y a eu d’importantes manifestations de solidarité de la part des masses. L’une d’entre elles a été la préparation et le déroulement de manifestations très massives, rassemblant des dizaines de milliers de personnes dans les principales villes : Madrid, Barcelone, Valence, Bilbao…

Une autre lutte de masse très importante a été les campements organisés dans la plupart des campus universitaires au cours du deuxième semestre de l’année universitaire 2023-2024. De nombreux étudiants ont cessé d’aller en cours et ont campé, dénonçant la complicité de leurs universités et facultés avec le sionisme, et exigeant la rupture de toute relation avec celui-ci. Dans le cadre de ces ruptures, des occupations de bâtiments étudiants, des assauts contre les bureaux du recteur, des assemblées et des réunions de discussion politique, etc. ont eu lieu. Ces campements ont été des foyers de radicalisation politique très importants pour la jeunesse étudiante.

11 – Comment s’est déroulée la campagne pour Georges Abdallah en Espagne ? Georges était-il bien connu avant cette campagne ?

D’une manière générale, Georges Abdallah n’était pas très connu dans le mouvement pro-palestinien, mais il l’était dans le milieu de la gauche radicale. Depuis plusieurs années, des partis et des organisations qui se définissent comme communistes et/ou révolutionnaires ont défendu sa cause, et d’autres organisations, comme le réseau de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens Samidoun, ont mené de grandes campagnes à Madrid et à Barcelone. Il y a également eu quelques actions importantes à Iruña, comme une manifestation et plusieurs événements organisés par BDS et d’autres organisations. En d’autres termes, la campagne pour la libération de Georges Abdallah en Espagne existait depuis plusieurs années, mais de manière décentralisée et non unifiée. Chaque organisation travaillait de son côté, de manière plus ou moins coordonnée avec les autres. C’est pourquoi nous disons que Georges était relativement connu dans les milieux de la gauche radicale.

Dans de nombreuses autres villes, il était inconnu. C’était le cas, par exemple, à Valence. Dans le cadre de notre travail dans la ville pour mobiliser des forces en vue des rassemblements et des activités, nous avons réalisé que même certains dirigeants d’organisations pro-palestiniennes ne savaient pas qui il était. Nous pouvons affirmer sans arrogance qu’après presque un an de travail, la figure de Georges Abdallah est beaucoup plus connue à Valence aujourd’hui qu’auparavant, et cela est en grande partie dû à notre travail.

12 – Quelles sont les leçons à tirer de votre campagne pour Georges Abdallah ?

Nous voulons souligner une leçon politique très importante pour nous. Elle concerne la manière dont agit l’opportunisme, en se méfiant des masses, et la manière dont nous, révolutionnaires, devons agir, c’est-à-dire exactement le contraire, en nous appuyant sur elles. À titre préliminaire, si quelqu’un lit cette interview et ne sait pas ce qu’est l’opportunisme, ou en a entendu parler mais ne sait pas exactement ce que c’est, nous recommandons l’ouvrage de Lénine intitulé L’impérialisme, stade suprême du capitalisme. Ce texte explique très clairement ce qu’est l’opportunisme, comment il naît, qui le pratique et pourquoi il est l’ennemi juré de la classe ouvrière et des masses. L’opportunisme n’est pas une organisation ou une personne en particulier, mais un ensemble de positions politiques qui favorisent la réaction.

Cela étant dit, comment l’opportunisme a-t-il agi pendant la campagne pour Georges Abdallah ? En démobilisant, en propageant le pessimisme et en semant la méfiance parmi les masses.

L’opportunisme a traité la lutte de Georges Abdallah comme une campagne impossible, comme une campagne qui n’avait pas lieu d’être dans le contexte actuel de la lutte. Il a traité la libération de Georges Abdallah comme une revendication de plus parmi tant d’autres luttes déjà existantes ; que les masses n’allaient pas se mobiliser pour cette lutte parce qu’il s’agissait d’un prisonnier inconnu ou d’un prisonnier de la lutte armée en Europe ; que même s’il s’agissait d’une cause juste, ce n’était pas une revendication ressentie par les masses et qu’il était inutile de se mobiliser ; etc. On est même allé jusqu’à dire que les militants du mouvement pro-palestinien n’allaient pas soutenir les mobilisations pour Georges Abdallah… parce qu’il était libanais et non palestinien !

En réalité, ce qui se passe, c’est que l’opportunisme se méfie profondément des masses. Notre classe n’est pas stupide, elle se mobilise pour les causes justes. Notre classe n’est pas égoïste, elle se mobilise pour des causes internationales. Notre classe n’est pas pacifiste, elle est combative et défend les prisonniers politiques qui ont participé à la lutte armée.

Nous, les révolutionnaires, nous politisons, mobilisons et organisons les masses pour des revendications justes. La justesse des revendications n’est pas déterminée par la popularité momentanée, si cette revendication mobilise plus ou moins de gens. Si, au début d’une lutte, plus ou moins de gens y participent, ce n’est pas parce que les masses ne sont pas d’accord avec la revendication. Ce n’est pas parce que les masses sont stupides. Les masses luttent pour des causes justes et l’ont toujours prouvé. En tout état de cause, ce qui se passe, c’est qu’elles ne luttent pas momentanément pour cette cause parce que nous, les révolutionnaires, n’avons pas suffisamment bien fait notre travail pour la faire connaître.

Si nous étions tombés dans le marécage de l’opportunisme, nous n’aurions eu aucun succès. Au contraire, nous nous sommes accrochés aux principes « les masses font l’histoire » (tout succès dépend du degré de participation des masses) et « on a raison de se révolter » (les masses sont prêtes à se battre pour les causes justes). Grâce à notre attachement à ces principes, nous avons pu développer notre travail et démontrer, par des faits indéniables, tout le contraire de ce que disait l’opportunisme. Il était possible de se mobiliser pour Georges Abdallah, qui était une figure suscitant l’intérêt.

C’est ce que nous pouvons dire de notre plus grande leçon politique : se méfier de l’opportunisme et faire confiance aux masses. Il faut oser les politiser, les mobiliser et les organiser. En fait, nous devons être plus audacieux à l’avenir, intensifier notre travail de politisation et nous mobiliser avec plus de détermination.

13 – Georges est désormais libre. Qu’en est-il de cette victoire pour votre travail en Espagne ?

Nous devons tout d’abord souligner que la libération de Georges Abdallah est une victoire de la résistance palestinienne (en particulier du Déluge d’Al-Aqsa) et de Georges lui-même pour sa résistance et sa volonté inébranlable. Tout l’essor du mouvement pro-palestinien et des protestations anti-impérialistes dans le monde est une victoire qui appartient à la résistance palestinienne. Le Déluge d’Al-Aqsa a remis la question anti-impérialiste et anticolonialiste au centre de l’attention médiatique. Le Déluge d’Al-Aqsa est devenu le patrimoine des peuples opprimés du monde entier. C’est la résistance qui nous permet de développer le mouvement pro-palestinien dans tous les pays. C’est pourquoi Georges Abdallah a raison de dire que nous devons lutter et nous organiser autour de la résistance et de ses martyrs. Deuxièmement, c’est une grande victoire pour la Campagne unitaire pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah (CUPLGIA) en France, qui a mené un travail intense pendant des années et des années. La victoire leur appartient également.

La libération de Georges nous apporte quelque chose de très important pour les révolutionnaires espagnols : des exemples actuels qui montrent que la résistance l’emporte. Que persévérer dans ses principes, ça marche. Qu’il faut lutter pour la victoire ou la victoire. Abandonner n’est pas une option, jamais. Il faut faire confiance à la classe et aux masses, à la capacité de transformation des peuples. Le cas de Georges est un exemple parfait de persévérance, de résistance, de ne jamais abandonner et de faire confiance à la lutte des masses. Non seulement pour le travail dans le mouvement pro-palestinien, mais aussi pour le travail dans tout mouvement de masse en général.

14 – Que pensez-vous du travail international contre l’impérialisme ?

Il existe une idée fausse très répandue dans le mouvement de masse selon laquelle avoir une vision anti-impérialiste ou mener un travail anti-impérialiste signifie juste être contre les guerres d’agression de l’impérialisme et contre les alliances impérialistes, comme l’OTAN. C’est correct, c’est anti-impérialiste, mais lutter contre l’impérialisme ne se résume pas à cela. Si nous réduisons l’anti-impérialisme à cela, nous blanchissons et collaborons avec l’impérialisme espagnol. Et c’est notre principal ennemi !

Pour lutter contre l’impérialisme espagnol, il ne suffit pas de dénoncer l’armée et ses aventures militaires en Afrique ; il ne suffit pas de dénoncer le pillage des banques espagnoles en Amérique latine. Il faut lutter contre l’impérialisme à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières. Il faut lutter contre l’impérialisme espagnol également à l’intérieur de nos frontières, car l’impérialisme espagnol exploite les millions de prolétaires et de masses populaires de notre pays. Il faut lutter contre l’État impérialiste espagnol et toutes ses institutions politiques. Il faut politiser, organiser et mobiliser le prolétariat et les classes populaires de notre peuple contre l’impérialisme espagnol.

Jetons un coup d’œil à la situation mondiale. L’impérialisme a atteint un degré de crise économique, politique et sociale jamais vu auparavant dans l’histoire. La contradiction entre les puissances impérialistes et les nations opprimées est la principale contradiction dans le monde. L’immense majorité des masses vit dans les nations opprimées, et les luttes y sont plus explosives et plus puissantes. Nous vivons à une époque historique marquée par l’effondrement de l’impérialisme, et les nations opprimées seront le vortex de la tempête qui le fera s’effondrer. En résumé, nous pensons que l’anti-impérialisme doit être l’axe central de toute organisation révolutionnaire.

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