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Le 31 mai dernier, le Paris-Saint-Germain (PSG) a remporté une victoire historique pour le club, soulevant la Ligue des champions pour la première fois de son histoire. Nous n’allons évidemment pas faire une analyse purement sportive de la victoire parisienne. Mais cette soirée a fait trembler les quartiers d’Île-de-France et les prestigieux Champs-Élysées, en plein cœur de la capitale. Dès le coup de sifflet final du match, qui acte alors la victoire du PSG, nous avons assisté à une explosion populaire dans tout le territoire francilien. Partout des cris de joie ont retentis et les feux d’artifices ont illuminés le ciel. Car cette victoire, les masses des quartiers populaires d’Île-de-France en on fait leur victoire !
Au centre des célébrations, on a beaucoup parlé des Champs-Élysées où se sont réunis des milliers de jeunes, venant principalement des quartiers populaires. Une grande fête populaire y a eu lieu. Les jeunes ont pris l’espace public pour en faire le théâtre de leurs célébrations, à la manière dont ils le voulaient, loin des cadres qui leurs sont imposés quotidiennement pour l’État français. Cette grande expression populaire et festive a été ternie par un dispositif répressif gigantesque : plus de 5 000 gendarmes et policiers on été déployés pour répande la violence sur les supporters. Notons également que de nombreux drapeaux palestiniens étaient visibles lors des célébrations à Paris et que les supporters parisiens ayant fait le déplacement en Allemagne pour assister au match se sont démarqués en défilant pour la Palestine et en déployant une banderole contre le génocide à Gaza. Cela nous rappelle l’immense tifo déployé en novembre dernier par les ultras parisiens, apportant leur soutien au peuple palestinien.

Les réactions à cette grande célébration n’ont pas tardé. Outre les déclarations habituelles des réactionnaires comme Bruno Retailleau accusant « des barbares » d’être « venus dans les rues de Paris pour commettre des délits », la « gauche » bourgeoise ne s’est pas retenue de dénoncer grassement aussi. Des discours moralisateurs du type « ils cassent pour casser » aux critiques pseudo-féministes « d’hommes qui prennent l’espace publique pour déchaîner leur violence », nous ne sommes pas dupes. Sous couvert de positions politiques teintées de racisme, ils attaquent, main dans la main avec les réactionnaires, les masses des quartiers populaires. In fine, ce sont bien les réflexes bourgeois et coloniaux qui ressurgissent, les mêmes qui ont condamnés les révoltes suivant l’assassinat policier de Nahel, il y a deux ans. Ils méprisent les joies et les aspirations des masses.
La question de « est-ce que les jeunes des quartiers ont conscience de s’en prendre au Capital quand elles cassent ou est-ce qu’elles cassent pour casser ? » pue l’infantilisation. Personne en France et dans le monde n’ignore ce que représentent les Champs-Élysées. Ce que nous montre, une fois de plus, cette soirée de célébration, c’est que les masses connaissent leur ennemi, et traduisent leur joie en l’humiliant. Saccager les Champs-Élysées ou mettre le feu à un Aldi, comme à la Courneuve, ce sont des actions violentes, et belles. C’est une façon de s’extraire du morne quotidien de l’aliénation et de revendiquer le droit à la célébration quand on fait partie des masses les plus profondes, les plus pauvres, les plus insultées, les moins libres. Quand on se bat, on ne se bat pas juste contre l’État, la bourgeoisie, et son monde pourrit : on se bat pour des jours meilleurs, des jours de célébrations, des jours où les peuples seront en liesse.
Bien sûr, de belles soirées ne suffisent pas, et il nous faut organiser et politiser ces élans populaires. D’ici la grande victoire, celle qui fera tomber le vieux monde, il faut donc continuer le travail politique. Des dizaines de tournois de foot pour la Palestine et Georges Abdallah ont été organisés dans les quartiers, rassemblant des centaines de jeunes autour du sport et de la politique. Multiplions les initiatives de ce type ! Organisons nous et politisons nos joies et nos colères, dirigeons cette énergie exceptionnelle vers l’État et les réactionnaires ! Mettons en garde ceux qui prétendent rechercher l’émancipation générale tout en se posant en ennemis des joies populaires : on ne fait rien avec les masses quand on les méprise.