Depuis le début d’année 2025, la répression n’a fait que s’intensifier contre le mouvement pro-palestinien. Le cas d’Alex, militant pro-palestinien, n’est pas isolé. Face à la répression de l’État, des militants se sont mobilisés partout en France pour le défendre, à travers une grande campagne de contre-encerclement.
Le 8 février, à la fin de la manifestation pour Georges Ibrahim Abdallah, au nom de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire (LJR), Alex a prononcé un discours soutenant la Résistance palestinienne. Dans ce discours, il rend hommage au peuple palestinien et à sa Résistance, sans qui Gaza et la Cisjordanie n’existeraient déjà plus. Pour avoir simplement rappelé une réalité inscrite dans le droit international bourgeois, Alex a été arrêté un mois après, à la descente d’un avion, sur le tarmac, par la police anti-terroriste.
L’arrestation d’Alex fait partie de ce processus de répression contre le mouvement propalestinien. On note également le deuxième licenciement, le jour de sa réintégration, de Timothée Esprit, dirigeant syndical connu pour sa combativité et son soutien à la Palestine. On note la dissolution d’Urgence Palestine, les perquisitions contre le CAP Bordeaux, l’enfermement de Mahdieh Esfandiari1, les procès et gardes à vue d’Anasse Kazib et Rima Hassan, ainsi que les poursuites et enquêtes contre des centaines de militants anonymes.
Ce processus d’attaque contre les militants démocrates, progressistes et encore plus révolutionnaires, qui s’est intensifié en 2025 mais a commencé au lendemain du 7 octobre 2023, peut et doit être compris par l’ensemble de leurs soutiens. Clausewitz et le président Mao ont développé cette compréhension, qui s’applique à toutes les phases et toutes les étapes de la lutte des classes. L’ennemi tente en permanence de briser les dirigeants reconnus, c’est à dire ceux et celles qui ont du prestige dans les masses ; c’est le cas en Palestine et au Liban avec les assassinats ciblés, et c’est le cas en France avec l’arrestation et la répression de militants connus et reconnus. L’ennemi tente également d’isoler les secteurs combatifs du reste de la société. C’est ce qu’on appelle « l’encerclement ». C’est ce que l’État bourgeois a déjà fait dans les universités et dans les syndicats, pour briser la lutte.
Face à l’encerclement, il faut développer un « contre-encerclement ». En France, cela revient à gagner des forces là où l’État compte sur un recul du mouvement révolutionnaire. Au travers du cas d’Alex, les activistes de la LJR et de la Campagne Unitaire pour la Libération de Georges Ibrahim Abdallah ont mis en place de nombreuses actions.
D’abord, éviter l’isolement. Dès son arrestation, plus de 70 organisations ont signé un communiqué et près de quinze rassemblements dans presque toutes les métropoles du pays ont été organisés, alors que la garde à vue n’était pas terminée. Selon les informations de la Cause du Peuple, cela a pesé sur la décision des magistrats. Des activistes et des militants pro-palestiniens ont ensuite pris la parole dans de nombreux rassemblements, manifestations, dans des évènements de quartier, dans des soirées anti-répression, des projections, partout où c’est possible. Enfin, Alex a lui-même été interviewé par la Cause du Peuple, et affirmé avoir la « mentalité Dalton2 » : combativité, unité, refus de l’opportunisme.
Rapidement, une affiche a été réalisée. Des centaines, si ce n’est des milliers de personnes ont posé avec : dans une vidéo postée par la LJR, on compte plus d’un millier de personnes entre les photos et les vidéos de slogans. De nombreux intellectuels, dirigeants politiques et syndicaux ont également apporté leur soutien à Alex, à l’image de Saïd Bouamama, Timothée Esprit, Ramzy Baroud, Philippe Poutou, Cem Yoldas (porte-parole de la Jeune Garde), Eric Coquerel (député LFI) ou Ritchy Thibault… Les militants révolutionnaires ont également mis en avant le cas de Mahdieh Esfandiari ; ils ont également fait le lien avec la dissolution d’Urgence Palestine.
Mais cela a aussi mobilisé des cadres locaux syndicalistes, des organisations révolutionnaires, démocratiques ou anti-impérialistes. Tout cela représente le sommet de l’iceberg, la partie visible de la campagne nationale. Le plus important s’est déroulé au quartier, où vit et travaille Alex. Grâce au travail dans le quartier, une marche a pu être organisée avec notamment les jeunes. Les commerçants ont mis en vitrine l’affiche de soutien à Alex, et des graffitis sont apparus sur les murs, ainsi que de nombreuses banderoles, qui n’ont été retirées que par les services de la mairie. De nombreux habitants ont accepté de témoigner de leur indignation concernant le cas d’Alex. Le comité de quartier a été présent sur les différents marchés afin de diffuser aux habitants la question, qui était en réalité connue du plus grand nombre, à travers le bouche-à-oreille.
Enfin, plusieurs évènements ont eu lieu, comme des tournois de foot et barbecues, où la solidarité avec Alex s’est exprimée. Ces différents évènements ont permis aux collègues et aux habitants de reprendre contact avec l’activiste, ce qui a permis de briser, une nouvelle fois, l’isolement imposé par l’État à travers l’interdiction de manifester et de travailler. Alex est en effet suspendu de son emploi depuis son arrestation.
Le 13 mai, Alex est passé en procès : celui-ci a été reporté à janvier 2026. Les organisations qui le soutiennent ont d’ores-et-déjà annoncé qu’elles seraient présentes pour appuyer sa lutte jusqu’à cette date. Ce qui est jugé, avec le fameux délit « d’apologie du terrorisme », c’est un délit d’opinion, un « crime » qui n’a pas d’autre victime que l’État bourgeois français et l’impérialisme, notamment français. Les droits du peuple sont menacés dès lors que ces manifestations de l’arbitraire de l’État bourgeois ne sont pas dénoncées et exposées pour ce qu’elles sont : une tentative de décapiter et d’isoler les mouvements. Nous continuerons à rapporter d’ici là dans les colonnes de notre journal les développements de cette affaire.
1 Mahdieh est une Lyonnaise de 35 ans enfermée depuis le 28 février 2025 à la prison de Fresnes pour avoir été traductrice dans le cadre d’un canal Telegram.
2 Un groupe de rappeurs du 8e arrondissement de Lyon qui protestaient politiquement contre le sort réservé aux jeunes des quartiers, systématiquement emprisonnés.






