Brèves de luttes internationales n°81

1. Allemagne

À Cologne, en Allemagne, des activistes ont tenu à commémorer le 52e anniversaire de l’assassinat du dirigeant communiste İbrahim Kaypakkaya. Ce révolutionnaire turc a fondé en 1972 le TKP/ML (Parti communiste de Turquie/marxiste-léniniste), et est mort sous la torture par l’État fasciste turc en 1973. Plus de 200 personnes ont participé à cet évènement organisé par Partizan et la Ligue Rouge (Roter Bund), au cours duquel une grande bannière avec une photo du camarade a été déployée. Des livres, des tables d’informations et de nombreux drapeaux ont coloré la place en rouge. Une minute de silence a été observée pour İbrahim Kaypakkaya et tous les combattants de la révolution et du communisme en Turquie et au Kurdistan. Cette célébration était l’aboutissement d’une semaine d’actions internationalistes pour les personnes que la répression a fait disparaître.

2. Irlande

Dans la prison de Maghaberry, en Irlande occupée (Irlande du Nord), les prisonniers s’organisent. Cette prison est qualifiée par l’IRPWA (Association pour le bien-être des prisonniers républicains irlandais) de « bastion de contrôle du MI5 » (le service de renseignement intérieur du Royaume-Uni). Les prisonniers y sont confrontés à la répression de leur identité culturelle : la Gaelic Athletic Association (GAA) n’a pas le droit d’organiser des sports traditionnels qui sont pourtant propres à l’identité irlandaise. Le port des maillots de sport de la GAA est également interdit. Pour l’IRPWA, c’est une tentative des forces répressives britanniques, par le biais du MI5, « briser ou affaiblir la détermination des prisonniers », et appelle les « anciens prisonniers de guerre républicains (…) à soutenir les prisonniers actuels confrontés à cette punition discriminatoire ».

3. Chili

Le 22 mai, sorte de tradition annuelle, des affrontements entre la police et des habitants ont éclaté dans le pays. Chaque année à cette date est commémorée la mort de Mauricio Morales, un anarchiste qui prévoyait d’attaquer une école de gendarmerie mais dont la bombe a explosé trop tôt, le tuant sur le coup, le 22 mai 2009. Cette année, à Cerro Navia (Santiago), des échauffourées ont éclaté et, à la fin de la manifestation, un bus a été complètement détruit par les flammes. Ce soulèvement témoigne que les masses chiliennes sortent de la relative accalmie qui a suivi le soulèvement populaire de 2019. Car la colère qui animait le peuple chilien il y a 6 ans, face à la pauvreté, aux conditions de vie précaires, au manque d’emplois, d’accès à la santé, à l’éducation et la hausse des prix, n’a pas été résolue, bien au contraire. Les politiciens trompeurs, tremblant face aux semaines d’émeutes, de grèves et de manifestations qui avaient secoué le pays, ont cru pouvoir endormir les masses avec un changement de Constitution. Mais la vie des Chiliens n’a pas changé. En revanche, l’illusion constitutionnelle est morte et a révélé le besoin d’un changement complet de cet ancien système. Parmi les participants aux émeutes du 22 mai, on a pu entendre « il faut s’organiser », « nous devons construire un mouvement » et « nous devons nous informer et étudier davantage ».

4. États-Unis

À l’occasion du 1er Mai, des célébrations ont été organisées aux États-Unis. Le journal The Worker rapporte que « des prolétaires, des étudiants et des activistes de quinze villes représentant dix organisations se sont rassemblés sous le drapeau rouge dans une action commune pour commémorer la fête internationale. L’esprit de cet événement était de se renforcer idéologiquement et d’entamer le processus d’organisation de la lutte de deux lignes ». Des représentants de différentes organisations ont partagé leur travail, leurs développements et les leçons qu’ils en ont tirées. L’esprit révolutionnaire de l’événement a été accompagné par des chants révolutionnaires interprétés entre les présentations et les discussions et l’événement s’est terminé en chantant l’Internationale. Dans plusieurs autres villes, des affiches ont été placardées, des mobilisations ont été menées et des actions organisées pour commémorer le 1er Mai : à l’Université de Colombus, New York, Albany, Charlotte, Oklahoma City, Atlanta, Princeton…

Un mois plus tard, à partir du 6 juin, une série de manifestations et émeutes éclatent à Los Angeles en réaction aux raids menés par la police de l’immigration (ICE), qui cible en masse des migrants soupçonnés d’être en situation irrégulière pour les emprisonner puis les ­déporter. Ces arrestations sont parfois même effectuées sur leur lieu de travail. Face aux émeutes, Trump déploie la Garde nationale sans l’accord du gouverneur de l’état, une première depuis 1965, au motif de « rébellion contre l’autorité du gouvernement ». Les manifestants scandent « Libérez-les tous », « ICE, Garde nationale, hors de Los Angeles ! » et affrontent la police, qui use de gaz lacrimogènes, grenades assourdissantes et flashballs – allant jusqu’à blesser à la jambe une journaliste anglaise en direct à la télévision. Plusieurs véhicules sont incendiés, des barricades enflammées bloquent des rues et la police est la cible de cocktails Molotov et de feux d’artifices. Du côté des manifestants, on compte au 11 juin au moins une dizaine de blessés et plus de 250 arrestations. Dans les jours suivants, jusqu’à 2 000 membres de la Garde nationale sont déployés, et ils sont vus escortant et protégeant la police de l’immigration lors des arrestations de migrants.

5. Burkina Faso

Le 1er avril 2025, Ibrahim Traoré, dirigeant du Burkina Faso depuis un coup d’État en 2022, a déclaré : « Nous ne sommes pas en démocratie. Nous sommes dans une Révolution populaire progressiste », s’inspirant de Thomas Sankara. Traoré a également souligné le caractère anti-impérialiste de la Révolution, et a insisté sur l’importance de résister par une lutte armée massive aux provocations et agressions des impérialistes et de leurs agents locaux. C’est la première fois que Traoré caractérise explicitement le processus que connaît le Burkina Faso depuis presque 3 ans. L’une de ses premières mesures, en janvier 2023, a été d’expulser les troupes françaises, marquant la fin de 130 années d’une présence militaire impérialiste française.

Malgré tout, les relations du régime Traoré avec les puissances et superpuissances impérialistes, ou avec la grande bourgeoisie locale, et l’instabilité interne du pays dans lequel se déroule une lutte armée entre le gouvernement et des rebelles au nord, peuvent conduire à une capitulation. Si une présence militaire russe directe, par le biais des milices, n’est pas clairement tranchée, des relations économiques avec la Russie se développent notamment au niveau de l’industrie minière : la société russe Norgold a obtenu une licence d’exploitation minière de 4 ans. La grande bourgeoisie burkinabé a également racheté certaines mines.

Ces limites et dangers ne signifient pas nécessairement la fin du gouvernement national-démocratique du pays par la soumission à l’impérialisme. Le journal A Nova Democracia explique que « La direction exacte du Burkina Faso est difficile à calculer car il s’agit d’une expérience extraordinairement particulière, symptomatique de périodes historiques de grandes transformations à travers le monde. Jusqu’à présent, les actions et les déclarations de Traoré ne laissent pas présager une capitulation. Au contraire, la déclaration de la Révolution populaire progressiste peut être le signe d’un processus de radicalisation des mesures importantes prises jusqu’à présent. »

6. Inde

Le camarade Basavaraj, secrétaire général du Parti communiste indien (maoïste), a été assassiné avec 26 de ses camarades le 21 mai 2025 par l’État indien dans une opération militaire. Militant infatigable de la révolution, il a consacré sa vie à la lutte contre l’oppression, pour une société sans exploitation. La réaction indienne se réjouit trop vite et pense qu’elle a défait la révolution. Mais des dirigeants communistes ont été assassinés avant, et la révolution a continué, comme avec Charu Majumdar et Kanai Chatterjee. Ce sera la même chose cette fois.

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