Aude, Hérault, Bouches-du-Rhône. À la faveur d’une tramontane et d’un mistral puissant, des feux se sont déclenchés dans les pinèdes et garrigues saupoudrant les pourtours de la Méditerranée, de Narbonne à Marseille, en passant par le nord de Montpellier.
Mais il n’y pas de fumée sans feu, il a bien fallu des facteurs humains pour causer ces catastrophes. Trois causes sont imputables ici :
- Le changement climatique
- La négligence de l’État
- Des actes criminels commis contre le peuple.
Toutes ces causes sont des conséquences de l’impérialisme, stade suprême du capitalisme, on pourrait dire que le feu a été mis à l’incendie.
Sur le premier point, l’augmentation des températures associée à une augmentation des épisodes de sécheresse a favorisé les conditions nécessaires au déclenchement d’un feu. À la sortie de la canicule de juin, la végétation était déjà bien asséchée, il suffisait d’un vent assez puissant pour transformer ce qui aurait juste pu être des cendres brûlantes en grand feu. Ce changement climatique menace le vivant et donc les Humains : d’ici 2100, des zones comme la plaine audoise, la Camargue ou encore le Midi Toulousain seront des déserts semi-arides aux températures sub-tropicales.
Le réchauffement climatique est une conséquence directe de l’impérialisme et de la recherche du profit : constaté depuis le début de la révolution bourgeoise industrielle dans les villes, celui-ci s’est emballé depuis l’après-guerre avec l’usage du pétrole, et nous sommes désormais à un monde à +1,5°C selon le GIEC. Et la responsabilité des capitalistes est évidente : Total a caché pendant les années 80 les études qui prouvaient une corrélation entre le taux de CO² dans l’atmosphère et réchauffement global, tout comme plein d’autres entreprises bénéficiant de l’industrie pétrochimique (Exxon, Shell, etc), empêchant donc toute adaptation de l’infrastructure. Mais même aujourd’hui, alors que les effets du réchauffement climatique sont connus, rien n’est fait pour limiter les effets de celui-ci : on artificialise toujours les sols et on préfère faire des mesures anti-pauvres comme Crit’Air plutôt que de donner les moyens à tous de se déplacer proprement en développant des transports en communs efficaces dans les grandes agglomérations. Quand le Capital s’adapte, il le fait uniquement pour permettre à ses profits de tourner : quand on nous dit de changer d’appartement pendant la canicule, les usines continuent de tourner en pompant en masse l’eau (qui manque de plus en plus) des fleuves et rivières. Quand dans les Pyrénées Orientales on ne peut plus utiliser l’eau domestique librement, des golfs du même département sont encore bien verts.
Sur la négligence de l’État bourgeois face à ses propres tâches, le point le plus facile à pointer est la suppression de postes au sein de l’ONF (Office National des Forêts), service public dédié à la protection et l’entretien des forêts (car la majorité des forêts en France sont soit plantées/aménagées comme les Landes, soit sont une forme dégradée de la forêt d’origine, en montagne ou en Méditerranée par exemple). Les effectifs de l’ONF sont passés de 15 000 travailleurs en 1985 à moins de 9 000 en 2020 (ce qui représente aussi une catastrophe sociale pour ces travailleurs). 100 postes ont été supprimés au cours de l’année dernière, rendant donc la gestion des forêts plus complexe, la prévention auprès des usagers des forêts moins présente et les coupes d’arbres moins nombreuses, dans un milieu ou la pinède et la garrigue colonise rapidement les friches agricoles et industrielles. Par exemple , l’ONF ne recrute que lors des incendies du Sud, et en plus de façon privée au lieu de former des fonctionnaires spécialistes de ces milieux fragiles. Or, le sud de la France, avec des massifs comme les Landes, les Cévennes ou les Maures est très boisé, et avec le climat sec et chaud de l’été et la forte présence touristique, nous sommes face à un risque prévisible qui aurait pu être rapidement géré, circonscrit et éliminé. Pourtant chaque année les mêmes problèmes surviennent et s’empirent. Mais la bourgeoisie préfère distribuer 210 milliards d’aide aux entreprises privées plutôt que de perdre de l’argent dans la protection de l’environnement. Les Canadair qui luttent aujourd’hui contre le feu ont en moyenne 30 ans, sont abîmés par l’eau de mer qui les alimentent, et sont au nombre de 12, nombre dérisoire au vu du nombre d’hectares qui a brûlé et qui continue de brûler (1500 hectares dans l’Aude au 8 Juillet 2025). Leur capacité de 6 tonnes d’eau est elle aussi insuffisante face à l’immensité des flammes. L’état préfère donc user d’autres techniques, moins chères et moins efficaces, et faire appel à des acteurs privés pour financer le matériel qui va éteindre ces feux. Les profits passent avant nos vies et les Flammes de la destruction prennent place sur le Vivant.
Le 3e facteur, qui aujourd’hui est beaucoup plus spéculatoire, est la piste criminelle. Tout acte est toujours motivé, et la motivation ici pourrait être économique. Si les feux qui se sont déclenchés a Bizanet dans l’Aude semblent avoir été causés par des braises de barbecue, les feux héraultais eux se sont déclenchés de façon suivie (3 foyers en moins de 24 heures) et leur cause semble beaucoup plus floue. 37% des feux de forêts d’origine humaine sont déclenchés de façon volontaire. Sans nous avancer, on sait qu’un feu permet aussi de défricher rapidement un terrain que l’on pourrait vouloir exploiter, notamment pour des raisons agricoles ou encore du foncier, mais aussi lors de conflits d’intérêts. Par exemple la gendarmerie utilise régulièrement le feu comme arme contre les militants anti-A69. La bourgeoisie étant une classe assoiffée par la recherche du profit sur des terrains qui étaient autrefois protégés ou inexploités, il est évident qu’il n’y a pas que dans le Tiers-Monde qu’elle est prête à menacer des milieux de vie entiers pour un profit rapide.
Si ces feux touchent surtout des zones moyennement à peu urbanisées, l’incendie qui s’est déclenché aux Pennes-Mirabeau a très rapidement commencé à menacer le Nord de Marseille, à proximité directe. Et comme dans toutes les grandes villes, les quartiers pauvres sont situés là où les bourgeois ne veulent pas habiter, ici à proximité de la garrigue, sèche , piquante, inflammable comme de l’essence. C’est donc comme ça que des dizaines, centaines de personnes ont été évacuées, et des milliers confinées. Des habitations ont pris feu, dans le 15e et 16e arrondissement notamment.
Les quartiers nords de Marseille étant des quartiers pauvres avec un fort prolétariat immigré, il n’a pas fallu attendre pour voir les réactionnaires se déchaîner sur les réseaux et plateaux CNEWS, se réjouissant d’une possible disparition de ces quartiers, de périodes compliquées s’annonçant pour les revendeurs de drogue, etc. Mais dans ces quartiers pourtant, la solidarité s’est organisée pour lutter contre les feux, comme le montre cette vidéo :
Mais aussi avec d’autres gestes qu’on ne montrera pas dans les médias, que ce soit de la solidarité alimentaire dans les gymnases ou immeubles confinés, de l’hébergement temporaire, etc. Mais la bourgeoisie réactionnaire préfèrera parler de pillages de maisons ou encore du fait que la seule motivation de ces habitants serait la protection du trafic de drogues, tout ça est fait pour encore plus pousser les masses françaises dans la division, le racisme, la corporatisation.
Quoi qu’il en soit, peu importe la couleur de peau, que l’on soit un prolétaire des collines de Narbonne ou des tours de la Castellane, on est principalement prolétaires, et unis par notre exploitation et par notre expérience des conséquences du réchauffement climatique, que ce soit dans nos logements sociaux sous 40°C ou notre petite existence dans nos maisons constamment menacées par la sécheresse et le feu. Et ces personnes finiront par être unies dans la révolte. Marseille a été un épicentre des soulèvements pour Nahel durant le brûlant été 2023, Narbonne le fit également lors des révoltes des agriculteurs ou encore les Gilets Jaunes. Peu importe la désertification dans ces régions, les fleurs de la révolte continueront à fleurir. Tout cela sont des étincelles qui ne demandent qu’un organe pour les déclencher en même temps, afin d’incendier les masses du Sud de la France, prêtes à tout brûler sur leur passage. Car sur les cendres garrigues brûlées sera construite une nouvelle société, par le prolétariat et pour la libération de l’humanité toute entière, contre l’exploitation et l’attaque sur le vivant.