Depuis le 6 juin, une série de manifestations et émeutes ont éclaté à Los Angeles en réaction aux raids menés par la police de l’immigration (ICE), qui cible en masse des migrants soupçonnés d’être en situation irrégulière pour les emprisonner puis les déporter. Ces arrestations sont parfois même effectuées sur leur lieu de travail. Face aux émeutes, Trump a déployé la Garde nationale sans l’accord du gouverneur de l’état, une première depuis 1965, au motif de « rébellion contre l’autorité du gouvernement ».
Les manifestants scandent « Libérez-les tous », « ICE, Garde nationale, hors de Los Angeles ! » et affrontent la police, qui use de gaz lacrimogènes, grenades assourdissantes et flashballs – allant jusqu’à blesser à la jambe une journaliste anglaise en direct à la télévision. Plusieurs véhicules sont incendiés, des barricades enflammées bloquent des rues et la police est la cible de cocktails Molotov et de feux d’artifices. Du côté des manifestants, on compte au 19 juin au moins une dizaine de blessés et plus de 575 arrestations. Dans les jours suivants, jusqu’à 2 000 membres de la Garde nationale sont déployés, et ils sont vus escortant et protégeant la police de l’immigration lors des arrestations de migrants. La mobilisation politique des démocrates (à travers les manifestations « No Kings ») renforce les contradictions dans l’État américain, encourage la révolte, qui s’étend particulièrement à Chicago.
Pour comprendre cette énième crise aux États-Unis, qui n’est pas de l’ampleur du mouvement qui a suivi la mort de George Floyd en 2020 mais mérite tout de même de l’attention, rappelons que dans le monde, la contradiction principale est celle qui oppose les nations opprimées à l’impérialisme. Cette contradiction s’exprime principalement dans les luttes de libération nationales, dirigées par les revolutions socialistes dans les pays opprimés.
Les immenses déplacements de populations causés par l’impérialisme, qui élargissent sans cesse le prolétariat, créent des minorités nationales dans les pays impérialistes et superposent la question la question nationale à celle de la révolution socialiste. Si les masses qui travaillent dans un pays font, de fait, principalement partie du prolétariat du pays où elles vivent et travaillent, elles gardent un aspect de soutien à la lutte de libération nationale de leur pays d’origine.
La grande révolte contre les déportations de travailleurs migrants par la police de l’immigration américaine (ICE) en est un exemple frappant.
La politique de terreur des monopoles américains contre les travailleurs migrants surexploités n’a pas pour objectif de « mettre dehors » les immigrants – mais bien de mettre au pas les populations noire et latino-américaines, de créer une fraction surexploitée du prolétariat. Mais cette politique de terreur a rencontré une opposition, et cette mince brèche a permis à la colère des masses populaires de s’exprimer.
La révolte prolétarienne et la lutte de libération nationale des peuples d’Amérique latine se lient intimement dans la lutte contre les déportations. L’image marquante des très nombreux drapeaux mexicains, mais aussi honduriens, costa-ricains, etc., en est un exemple frappant.
Tout est dialectique, voilà la grande leçon. Alors que l’état américain accélère sa restructuration et sa réactionnarisation, les masses relèvent la tête. C’est la phrase de Lénine : « Les masses ne veulent plus être gouvernées et ne peuvent plus être gouvernées comme avant. » Ce sont les masses qui font l’histoire, et les réactionnaires qui sont obligés de s’adapter.