Les rencontres anti-politique des Quartiers Populaires de LFI et la marche pour Bilal

Nous partageons ce retour d’expérience qui nous a été envoyé par un activiste du Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité du Mirail à Toulouse.

Le samedi 01 février se sont déroulées les 3e Rencontres Nationales des Quartiers Populaires (RNQP) chapeautées par la LFI. De nombreux militants politiques et associatifs de toute la France s’étaient réunis à Toulouse autour de différentes thématiques censées toucher les Quartiers Populaires. Plusieurs Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité (CPES) avaient fait le déplacement pour assister à cette grande Messe et porter leur ligne, le but était surtout de se lier avec les militants sincères pour développer un réseau à même de coordonner nos luttes qui sont partout les mêmes. Pour rappel, les CPES sont des organisations de Quartiers Populaires qui organisent les habitants eux-mêmes et qui luttent et mobilisent quotidiennement au sein des quartiers populaires sur divers sujets pour lutter contre tous les problèmes du quotidien, comme l’insalubrité imposée par les bailleurs sociaux, la militarisation et le harcèlement policier que subit la jeunesse, l’absence de chauffage, l’isolement administratif des familles non francophones, etc. Le CPES de Toulouse a notamment fait rétablir le chauffage et lancé la rénovation des fenêtres de tout un immeuble du quartier du Mirail. A Lyon, le CPES a permis l’étalement de l’augmentation des charges, mais aussi la mise en place de jeux pour les enfants en mobilisant les habitants, principalement les habitantes, tout en développant des activités culturelles ou encore un grand soutien à la Palestine en lutte.

Au delà du contenu politique de cette RNQP qui n’était que de mettre en ordre de marche les militants pour les élections et de se servir des associations pour tenter de gagner des voix dans les Quartiers Populaires, la forme a définitivement interdit tout contenu politique de s’exprimer. Disons le clairement, la forme qu’a pris les RNQP était totalement anti-politique, elle a empêché différentes opinions ou positions politiques de s’exprimer et de s’affronter pour « élever le débat » comme l’a exprimé une activiste du CPES de Lyon « On était venus pour échanger sur du travail de quartier avec des personnes comme nous qui y vivent et y militent activement, pour parler des luttes de nos CPES, les victoires obtenues avec les habitants, les problèmes qui restent à surmonter etc. … Mais rien à voir. On s’est retrouvés dispatchés par tables avec des élus, des attachés parlementaires, conseillers de maires et députés… bref ce genre de personnes en grande majorité qui parlaient des quartiers populaires comme d’un monde fantastique dont il faudrait trouver la clé. C’était gênant, et hormis les présentations de certaines asso’ locales, tout le programme tournait autour des prochaines élections municipales. Une des organisatrices a carrément dit à la tribune que cette journée « servait aussi à construire un programme », c’est pas ce qu’on nous avait vendu. »

Les participants étaient placés au hasard dans des tables censées faciliter le mélange et l’échange lors d’ateliers autour des thèmes proposés. Démocratie, inclusivité, écologie, service public etc thèmes qui devaient exprimer les besoins des Quartiers. Il n’y avait aucune définition des termes, ni de lignes exprimées, chacun disait ce qu’il voulait. Chaque table devait faire une synthèse des discussions qui serait remontée pour que la LFI prépare un programme politique pour les élections. Bref nous avons vécu une belle mascarade de « concertation » alors que les Quartiers Populaires ont plus que besoin de débat politique de fond et pas de se faire balader une fois de plus par les vieilles recettes opportunistes.

Le fait d’utiliser la forme « ateliers » ne pouvait pas faire exprimer des lignes politiques structurées, c’est bien la vision de la LFI, organisation anti-marxiste et anti-classe où tout n’est qu’une question d’individus isolés. Il n’y avait même pas le temps de connaître nos coreligionnaires, une personne de l’organisation venait contrôler si le « débat » fonctionnait en nous rappelant à l’ordre dès que le cadre atelier n’était pas respecté. Cette forme reflète bien entendu la volonté de la LFI d’éviter tout débat contradictoire de gauche dans « la gauche ». La forme normale aurait du être une assemblée où chaque groupes, associations, et individus auraient pu porter des positions claires sur lesquelles lutter. Cette forme est la plus ancienne organisation politique (et démocratique) de l’humanité mais aussi de la classe ouvrière, mais la LFI n’a que faire de l’histoire de la lutte des classes et de la démocratie.

Tout le monde sent que la LFI, loin de rompre avec les vieilles habitudes de l’opportunisme continue à ne pas forger les gens dans la lutte d’idées et encore moins dans la lutte de terrain. Au delà de cette question il est clair que tout projet pour les Quartiers Populaires ne peut passer que par un travail long et conscient de terrain en luttant avec les gens afin de les mobiliser toujours plus massivement autour de leurs problèmes mais dans le cadre démocratique des Assemblées Populaires. Discuter avec des militants qui ne sont pas des Quartiers sur les Quartiers montre qu’il y a une grande incompréhension des besoins des habitants de cette partie des classes populaires. Nous voyons devant nous une gauche toujours plus coupée de la classe ouvrière et des Masses Populaires avec un discours calibré à coup de sophisme vide de contenu mais plaisant au CSP++ écolo-bobo-intello plongé dans le misérabilisme directement sorti des méthodes de manager des grandes entreprises.

La LFI comme seule force politique parlant des Quartiers « en bien » attire autour d’elle tout un réseau associatif et militant extrêmement méfiant sur la suite de l’affaire, nous devons absolument lutter avec ces gens là. Nous pensons notamment à l’Assemblée des Quartiers qui est une force organisée émanant des Quartiers Populaires dont une partie conséquente porte une ligne combative et en rupture avec la vieille politique pourrie.

Il n’en reste pas moins que les CPES sont ressortis de là avec des contacts de personnes et collectifs sincères mais aussi avec la détermination de créer une Coordination Nationale des CPES et avec l’ambition d’organiser ses propres rencontres où le débat sera organisé pour que les idées s’affrontent. C’est la seule méthode à même de construire un projet collectif de lutte pour l’émancipation des Quartiers et de toute la Classe.

Pendant que la « Rencontre nationale des quartiers populaires » applaudissait Jean-Pierre Havrin, ancien chef de la police de Toulouse, intervenant privilégié de l’évènement, les membres des CPES et quelques personnes (dont certains militants de la FI) ont écourté « le débat » pour se rendre justement au cœur du quartier du Mirail participer à la marche blanche organisée par la famille de Thibault, dit Bilal. Il a été, rappelons le, tué il y a seulement quelques jours dans des conditions louches où tout porte à croire que la police serait impliquée dans l’accident qui a causé le décès de ce jeune père de famille aimé de tous. Un peu plus de 300 personnes ont marché silencieusement portant des messages et photos en mémoire de ce père de famille aimé de tous en véritable serviteur du peuple. Les traditionnels rugissements de moteurs du cortège de motos raisonnaient seuls dans les rues, ultime hommage et symbole de la solidarité du quartier envers la famille de celui qui, comme cela était inscrit sur les pancartes, « était l’ami de tous ».

La famille de Bilal a finalement renouvelé son appel à témoins, et demande à ce que toute la lumière soit faite sur les circonstances exactes de la mort de Thibault-Bilal. La famille reste déterminée et exige les vidéos des voitures de police impliquées dans le tamponnage du scooter. Plusieurs vidéos ont déjà été regroupées, notamment une montrant Bilal au sol entouré de flics pliés de rire au dessus de son corps inerte.

Les CPES vont se mettre en ordre de bataille pour la vérité soit faite le plus rapidement possible.

Voir aussi

Dernières actualités de la lutte