Nous publions la traduction non-officielle d’un article du journal brésilien A Nova Democracia paru le 12 mars 2025.
Le 12 mars, des bombes ont explosé à Terminal Pinheiros, à São Paulo, avec des messages contre les « généraux putschistes » et les « fascistes ».
L’ancien député Douglas Garcia (du parti União Brasil, un parti de droite), qui se décrit comme « anticommuniste » sur son profil Instagram, a qualifié l’explosion du carton d’« attentat » et de « terrorisme ». Même avec le faible potentiel explosif de l’artefact admis par toute la presse et les chercheurs, il a tenu à conclure que les communistes ne sont « pas des gens bien » et qu’« ils sont prêts à tuer pour défendre leur idéologie ».
« C’est pourquoi je dis que ce film, “I’m Still Here” [NDLT : un film brésilien récent sur la dictature militaire des années 70], tout ce qui a été montré dans les universités pendant le régime militaire, tout ça est une farce », a-t-il poursuivi. « C’est ce qu’ils ont fait, ils ont tué des innocents », a-t-il ajouté en évoquant un fait divers concernant l’explosion d’une bombe sous le régime militaire. « Tout le monde n’avait pas l’air aussi pauvre que Fernanda Torres jouant Eunice Paiva. C’est la réalité ici, c’est leur visage », ajoute le fasciste.
Cet ancien député bolsonariste est le même qui, pendant le gouvernement Bolsonaro, a exposé des milliers de données publiques de personnes qui se disaient « antifascistes », ce qui lui vaut d’être la cible de plus de 80 poursuites judiciaires. Le fameux « dossier antifasciste » contient les noms, adresses, photos et même les numéros de CPF [NDLT : document administratif fiscal au Brésil] de milliers de démocrates et de progressistes. Douglas Garcia, un fervent partisan d’Olavo de Carvalho [NDLT : représentant de la réaction au Brésil, théoricien du complot d’extrême droite], a également demandé à la justice de le déclarer en « auto-faillite », affirmant qu’il doit 900 000 R$ et qu’il n’est pas en mesure de payer. Lors des élections de 2024, il a présenté sept comptes bancaires vides au tribunal électoral, sans avoir déclaré de biens ou de voitures à son nom, alors qu’il était député de l’État pour le PSL [NDLT : ancien parti brésilien qui a fusionné avec un autre pour former União Brasil] en 2018, avec un salaire d’environ 25 000 R$. Le « patriote » a également consacré tous ses efforts à appeler à une intervention du gouvernement américain de Trump contre le pays.
Une autre bolsonarista scandalisée est la blogueuse Flavia Ferronato. Elle a qualifié l’attentat au tract d’« attaque contre l’État de droit démocratique ». « C’est du terrorisme », a-t-elle conclu sur le réseau social X, en le comparant au coup d’État de Bolsonaro du 8 janvier 2023. La plateforme d’extrême droite Brasil Paralelo a mis l’accent sur le mot « maoïsme », affirmant qu’il s’agit d’une branche du communisme créée par « Mao Zedong, qui a défendu la révolution paysanne ».
Que s’est-il passé ?
Selon le journal monopolistique Folha de São Paulo, les tracts contenaient des slogans communistes, tels que « À bas les généraux putschistes », « Mort aux fascistes », « Vive le maoïsme », « Vive la guerre populaire » et « Vive la révolution démocratique », signés « Parti communiste du Brésil – P.C.B. ». D’autres organes de presse monopolistiques tels que CNN Brasil, G1 et Jovem Pan ont également rapporté la nouvelle. Personne n’a été blessé. Sur l’ancien Twitter, le sujet était l’un des 15 plus discutés au Brésil le jour de l’évènement.
Le PCdoB nie toute implication
Contacté, le PCdoB [NDLT : Partido Comunista do Brasil, Parti « Communiste » du Brésil, le parti révisionniste) de l’État de São Paulo a nié, dans une déclaration publique, toute implication dans l’action. Tentant de se défendre contre les critiques de l’extrême droite, le parti a également condamné le tract piégé comme « une provocation grave et irresponsable » et a suggéré une collaboration avec la police : « nous prendrons les mesures juridiques appropriées pour établir les responsabilités ».
Malgré le faible potentiel explosif signalé par la police, la députée fédérale Jandira Feghali (PCdoB) a comparé le tract piégé aux actions de l’extrême droite, dans une conversation avec ICL Notícias. « Quand Bolsonaro a donné son interview à propos du 8 janvier [NDLT : tentative de coup d’État survenue en 2023 par des partisans de Bolsonaro], il a dit que c’était la gauche qui avait fait ça. Ils essaient de nous refiler toutes leurs absurdités », a-t-elle déclaré, suggérant qu’il s’agissait d’une provocation de l’extrême droite. Pour sa part, la chercheuse Michele Prado n’y voit pas une provocation de l’extrême droite et soutient qu’il s’agit d’actions peu explosives visant à « diffuser une idéologie ».