Nous publions une traduction non-officielle et adaptée d’un article du média brésilien A Nova Democracia, publié le 7 mars 2025.
Selon le média brésilien « Acre 24 horas », six personnes ont été tuées dans la zone de Tiago Campin dos Santos, dans la municipalité de Nova Mutum Paraná, dans le Rondônia [état de l’ouest du Brésil]. Les noms ont été diffusés par la police, qui dit enquêter sur l’affaire. La police parle d’un « massacre » dû à un conflit foncier, mais les paysans locaux affirment qu’il s’agissait d’une action de « justice populaire décidée par l’assemblée populaire » pour lutter contre les vols constants et incessants que le groupe commettait dans la localité à l’encontre des masses paysannes.
Le rapport des médias d’Acre indique que « la police a signalé que la région est marquée par la présence de mouvements sociaux, tels que la Ligue des paysans pauvres (LCP) », et a souligné que « le procédé indique » que l’événement impliquait « l’action d’un groupe organisé ».
Une paysanne, résidente de la zone de Tiago Campin dos Santos, qui n’a pas souhaité être identifiée, a déclaré au rapport d’AND que l’Assemblée du Peuple, tenue le 2 mars, avait décidé de l’exécution des individus et que les masses s’étaient organisées pour mettre en œuvre la décision. Selon elle, les criminels ont été avertis à plusieurs reprises lors de diverses assemblées populaires, mais ils ont choisi de poursuivre leurs pratiques néfastes à l’encontre des masses. Un autre paysan, qui a préféré ne pas être identifié, a informé le rapport qu’il ne s’agissait pas d’un conflit foncier, mais plutôt d’un « nettoyage de la zone » effectué « par la justice populaire ».
Qu’est-ce que la zone Tiago Campin dos Santos ?
La communauté paysanne résiste à l’encerclement policier depuis 2021. À cette date, le gouvernement de Jair Bolsonaro [président réactionnaire du Brésil de 2019 à 2023] a désigné la LCP, qui opère dans la zone, comme l’ennemi numéro un de son gouvernement et a mobilisé une troupe de 3 000 hommes contre la localité. « LCP, préparez-vous, ce que vous faites ne restera pas impuni. Il n’y a pas de place ici pour les terroristes », a déclaré Bolsonaro en mai 2021 lors d’un événement politique dans le Rondônia.
À l’époque, le Rondônia était au centre d’un moment aigu de la lutte pour la terre entre la LCP et les grands propriétaires terriens locaux. Plus d’un millier de familles paysannes de deux camps du Rondônia luttaient depuis un an contre une méga-opération policière organisée à la suite de l’assassinat de deux policiers militaires agissant comme des hommes de main dans les environs de la zone Tiago Campin dos Santos, dans le nord du Rondônia. L’encerclement militaire contre les paysans de Tiago Campin dos Santos en 2021 a impliqué des policiers de différentes municipalités et même d’états voisins, des troupes du Bataillon des opérations spéciales (Bope), ainsi que de grands propriétaires et des hommes de main.
Face à la résistance des groupes d’autodéfense paysans, les immenses troupes policières et militaires n’ont même pas pu expulser un tiers des familles, malgré les vastes ressources investies par l’État. Le vieil État a ensuite été contraint de réintégrer les familles expulsées, marquant ainsi la victoire totale de la résistance paysanne.
