Les agents territoriaux de Paris ont entamé une nouvelle lutte contre la mairie. Une action d’occupation a été menée mardi 25 mai par plusieurs centaines de personnes, principalement des balayeurs et des égoutiers, dans la mairie de Paris.
La lutte s’axe contre la réforme qui touchera la fonction publique territoriale en 2022 et attaquera la qualité de vie au travail en augmentant les heures, réduisant les congés payés, les RTT… Ces métiers ouvriers, sans lequel les rues de la plus grande ville du pays seraient impraticables, mènent parfois à des « accidents du travail ». Celles et ceux qui les pratiquent connaissent bien les conditions de travail difficiles, les cadences infernales, la saleté. Julien, éboueur syndiqué, explique cela très simplement à Libération à propos des maigres « avantages » de la profession que la réforme va supprimer : « On le mérite car on vit moins longtemps que la quasi-totalité des Français. ». Pour rappel, en France, un ouvrier a en général 6 à 7 ans d’espérance de vie de moins qu’un cadre.
Ce mouvement nous rappelle celui des éboueurs, mené en novembre 2020, qui avait également occupé des bâtiments publics et que nous avions suivi de près. Ce ne sont pas seulement quelques métiers qui vont être touchés par cette infâme réforme, mais l’ensemble de la fonction publique territoriale. Elle rassemble de nombreux métiers et plusieurs dizaines de milliers de personnes à Paris, la majorité dans la catégorie C, la plus basse de la fonction publique. Une manifestation et un mouvement de grève avaient eu lieu jeudi contre cette réforme.
A force de mépriser la classe #ouvriere elle se rebelle et se bat pour Ses idéaux! #luttedesclasses. Ls agents de la #villedeparis occupent la #mairie sans limite ! #forceetcourage a nos camarades 2 première ligne! #onestla #miserableegoutier #servicepublic #saccageservicepublic pic.twitter.com/QiL1I6rHPr
— FLE-Egoutiers de Paris (@egoutiersparis) May 25, 2021
C’est une conscience de classe exemplaire qui est démontrée dans ce mouvement : de manière combative, contre les promesses au rabais des négociateurs de la mairie, la lutte se poursuit. Il n’y a aucun doute dans l’esprit de celles et ceux qui luttent : elle peut se durcir. C’est que, avec les J.O. de 2024 qui se profilent en région parisienne, les conditions de travail vont être encore dégradées et aggravées, avant et pendant l’événement. Il est évident qu’une fois les mesures « exceptionnelles » mises en place, comme les suspensions de congés, elles seront conservées par les directions de la mairie. C’est aussi contre cette perspective que lutte le mouvement actuel : une dégradation constante, par à-coups, de la situation, afin de transformer durablement ces professions.
Tout ceci se déroule en même temps que les grandes réformes de l’État bourgeois français, qui cherche à liquider sa large base de fonctionnaires, à réduire leurs « avantages », à recruter de plus en plus de contractuels, qui ne sont pas liés à vie à l’État, et qu’il est plus facile de virer, recruter etc. Ce que cette occupation nous prouve, c’est que la fonction publique territoriale, qui rassemble largement le plus de prolétaires de tous les services de la fonction publique, est à l’avant-garde du mouvement contre ces réformes.