Ce 2 avril 2020, le Général Braga Neto, officiellement ministre-chef de la Casa Civil (l’équivalent de notre premier ministre) est de fait le nouveau dirigeant du Brésil. C’est l’annonce du journal A Nova Democracia. Il devra diriger et centraliser personnellement la conduite du gouvernement « pour le moins tant que durera la crise ». Bolsonaro et son groupe ont dû l’accepter lors d’une négociation avec les militaires. Le site militaire « defesanet » explique que la nouvelle « mission informelle » du Général est le produit d’une accord au sommet, organisé par les ministres et les commandants militaires. Le site admet que pour beaucoup « la mission de Braga Neto n’est qu’une intervention d’une junte militaire coordonnant le gouvernement ». Bolsonaro pourra ne pas être d’accord et le manifester si il est opposé au décisions prises mais le Général Braga Neto pourra le corriger !
Braga Neto sera présenté comme le « Président Opérationnel » , tandis que chez les militaires la charge est appelée « chef de l’Etat-Major du Planalto » (l’équivalent de l’Elysée). Lors d’une vidéo, le Général en chef de l’armée de Terre, Edson Pujol s’est exprimé sur la situation du pays. Cette vidéo a été interprétée comme une position de lutte contre le coronavirus mais le site militaire propose une autre interprétation. Le Général annonce d’un coté : « la force sera utilisé si cela est nécessaire » et de l’autre « une main tendue à nos amis brésiliens », il explique que c’est « peut être la mission la plus importante de leur génération » et il place une tirade d’une chanson militaire explicite « nous luterons sans peur ». Pour les plus attentifs le message est claire et net, l’Armée brésilienne prend la situation du pays en main.
Depuis des mois le journal A Nova Democracia dénonce le gouvernement militaire secret formait après que la chape de plomb Bolsonaro/Mourao (vice-président et militaire) se soit abattue sur Brésil. Ils étaient déjà entrain de diriger toute la politique du gouvernement du moins dans les aspects fondamentaux. Les militaires viennent de concrétiser lors des négociations les victoires politiques qu’ils ont accumulé face à un Bolsonaro isolé dans les milieux politiques, militaires et face aux dégats dans l’opinion publique. Tout cela a été le travail de mois de coordination par l’Etat Major des Forces Armées, par la droite civile et par le monopole médiatique, exploitant le centre-droit. Cette conquête montre donc la possibilité de gouverner avec une politique de droite sans ménager Bolsonaro. Même si Bolsonaro ne s’est pas totalement soumis d’un point de vue politique, sa marge de manœuvre est très réduite. Plane sur lui le chantage de la prison pour son fils et les liens louches que les Bolsonaristes entretiennent avec les « milices » (paramilitaire).
Pour comprendre la situation nous devons saisir que le Brésil se trouve depuis plusieurs années dans une des plus grande crise de son histoire. Une crise économique, sociale et politique qui a mené à l’élection de Bolsonaro, qui a comme projet le rétablissement du régime militaire fasciste tandis que les Forces Armées, plus fines, veulent garder le maximum de « légalité ». La base de l’idéologie des Forces Armées brésiliennes est qu’ils ont toujours défendu la démocratie face , d’un côté, au fascisme qu’ils ont combattu pendant la seconde guerre mondiale et face aux communistes qu’ils ont combattu lors du coup d’état militaire de 1964. Bien qu’hypocrite, ça aide à comprendre le point de vue des militaires sur le populo-fasciste Bolsonaro qui, par sa politique radicale, à d’accéléré la décomposition du vieil état. De fait, les Forces Armées sont, aujourd’hui, au Brésil la seule institution stable, aillant encore du crédit, et qui n’est pas touchée officiellement par la corruption.
La Pandémie accélère comme partout le cours de l’Histoire.