L’actualité des dernières semaines a été marquée par une série d’actes et de déclarations racistes de la part de membres du gouvernement comme de l’extrême droite. Ces actes sont dirigés contre les musulmans, et plus particulièrement contre les femmes qui portent le voile.
On pourrait remonter il y a quelques mois jusqu’à la « convention de la droite » et les discours de Zemmour qui a depuis pu ouvrir sa propre émission sur CNews malgré ses multiples condamnations… Mais il suffit en réalité de regarder quelques jours en arrière.
D’abord, les sorties du ministre Blanquer et de Macron sur les « signes de radicalisation légers » invitant à la délation à l’Etat des musulmans jugés trop pratiquants. Ensuite, le gouvernement dit qu’il faut : « savoir repérer les petits gestes à l’école, au travail, […] les relâchements, les déviations, ces petits gestes qui signalent un éloignement d’avec les lois et valeurs de la République. ». Des signes tels que la barbe, à dénoncer uniquement si elle est « significative » comme le précise Pascal Praud (c’est-à-dire pas une barbe de blanc) ; déclarations peu après matérialisées par la publication par l’université de Cergy d’un formulaire entier à remplir pour dénoncer ses camarades. Enfin, marquant dans ce contexte, on a pu voir la scène d’humiliation publique infligée par un élu RN à une mère portant le voile au conseil régional de franche comté…
Après la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux et celle de 2010 sur l’interdiction de la dissimulation du visage, la nouvelle revendication des réactionnaires en tout genres est celle de l’interdiction du port du voile aux mères pendant les sorties scolaires, appuyé par un sondage IFOP censé prouver qu’une majorité des français y sont favorables. Les justifications sont diverses, en fonction du public on invoquera la laïcité, le respect des lois de la république, la défense de l’identité française, voire même le féminisme.
Cette dernière raison est d’autant plus importante qu’elle est invoquée par des gens se réclamant de la « gauche » voire même du communisme comme Lutte Ouvrière. Quoique l’on puisse penser du port du voile en tant que pratique religieuse, invoquer le féminisme serait ici ignorer totalement le problème, quand l’on parle de harcèlement dirigé contre une communauté, d’humiliations publiques orchestrées par des fascistes, d’obsession médiatique constante et de discriminations inscrites dans la loi, il n’est pas question de théologie ou de « critique de la religion » mais bien de racisme d’Etat.
La religion n’est qu’un prétexte à des persécution organisées contre des peuples, considérés comme « musulmans ». A l’époque de la colonisation en Algérie le terme « musulmans » désignait dans l’administration, les arabes et berbères algériens, qu’ils soient musulmans ou non, le tout opposés aux « européens ». Ce registre colonial est toujours présent et actif aujourd’hui, il est dans les rouages de l’Etat français impérialiste et de sa bourgeoisie. L’islamophobie, ce racisme dirigé contre les peuples et minorités nationales « musulmanes » (qu’elles le soient réellement ou non n’a aucune importance politique pour ces gens), est un axe de propagande fondamental du fascisme français actuel, et un terreau fertile pour son développement. Tous les partis bourgeois, même « de gauche » contribuent activement à la nourrir.
Le programme de Le Pen en 2002 par exemple demandait l’interdiction des signes dit « communautaires » à l’écoles, à savoir le voile et la kippa, pour protéger l’identité française. La nature raciste du projet était ici explicite et ouverte. Deux ans plus tard Chirac, que l’on ne regrettera décidément pas, élu en « barrage » à Le Pen, fait passer la même loi, sauf que cette fois, le prétexte a changé, plus question d’identité, mais de laïcité, c’est bien commode !
L’islamophobie prend une ampleur toujours plus grande en France, il ne doit plus être question aujourd’hui de disserter mais de la prendre pour ce qu’elle est, une persécution religieuse et un racisme d’Etat colonialiste. Nous devons nous positionner radicalement contre toutes les lois visant à discriminer les musulmans et pour leur abolition, en premier lieu, car comme le disait Lénine l’attisation des haines religieuses sert à détourner le prolétariat de la lutte des classes en le divisant, mais aussi en vertu du principe selon lequel un peuple qui veut la liberté ne peut pas en opprimer un autre, en vertu du fait que le racisme est un pilier de l’idéologie impérialiste et de la propagande fasciste et enfin et surtout parce qu’une attaque contre les peuples opprimés, contre les prolétaires musulmans (ou considérés comme tel), c’est une attaque contre le prolétariat tout entier.
Car les attaques racistes, ce seront toujours les prolétaires qui en souffriront les premiers : les travailleurs arabes fliqués au travail et suspectés de « radicalisation » en permanence, les mères de familles des quartiers populaires interdites d’accompagner leurs enfants et humiliés publiquement par des fascistes, les étudiants les plus précaires… tout cela au nom de la lutte contre le « terrorisme » pendant que de grands industriels français ayant commercé avec l’Etat Islamique ne sont toujours pas inquiétés de quoi que ce-soit.